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2ième
CHRONIQUE OCTOBRE version pdf pour imprimer Contact |
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2ième Lettre octobre 2011 | ||||||
Cette chronique est
consacrée à un ouvrage ayant
reproduit l’ensemble de la transcription de
l’enregistreur des paroles échangées dans
le cockpit (CVR) lors du vol Rio/Paris, AF 447; à
la mise en cause de l’indépendance du BEA; aux
processus de modification des avions; au récent
pré-rapport des experts judiciaires; |
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puis répond aux questions des lecteurs au sujet: des pertes de bagages; de la nouvelle taxe CO2 à supporter par les passagers; de la rémunération du Président d'Air Fance |
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- le
fait d’annoncer que l’auteur avait été
chef de patrouille acrobatique habitué des
meetings aériens n’est pas une condition
suffisante pour se permettre de donner un avis
fondé sur le comportement de pilotes du
transport aérien civil;
- le fait de passer outre une réglementation internationale et européenne, dont il ne pouvait ignorer l’existence, constitue une violation manifeste du secret de l’instruction qui porte gravement atteinte à la mémoire des navigants et des passagers victimes de l’accident; - l’objectif n’est pas d’apporter des éléments supplémentaires en vue de la manifestation de la vérité, mais de faire une bonne opération de marketing. Étant
donné qu’il ne m’appartient pas de commenter
le comportement d’une personne, quelle que soit sa
fonction, voici simplement des faits: - Les
conditions d’utilisation des transcriptions du CVR
sont précisées dans le document de
référence (Annexe 13 de l’OACI
- Enquête - Chapitre 5 - pages 8 à
12. Responsabilité de l'ouverture et de la
conduite de l'enquête,§
5.1 à 5.17).
En ce qui concerne la divulgation des
éléments, il est énoncé:
"L'Etat qui mène
l'enquête ne communiquera aucun des
éléments pris en compte -dont les
enregistrements des conversations dans le poste de
pilotage et transcription de ces enregistrements-
à d'autres fins que l'enquête sur
l'accident ou l'incident”.
En effet, la justice américaine a
estimé que la protection de la vie
privée avait une valeur juridique
supérieure au droit à l'information.
- Une Directive (No 94/56 du Conseil de l'Union Européenne du 21/11/94) - réalisée à la suite de la prise en compte de quatre différentes études - a établi les principes fondamentaux régissant les enquêtes sur les accidents et les incidents dans l'aviation civile. Son article premier définit son objectif qui est "...d'améliorer la sécurité aérienne en facilitant la réalisation diligente d'enquêtes techniques, dont l'objectif exclusif est la prévention de futurs accidents ou incidents". Sans faire une analyse détaillée de cette Directive, il est bon de savoir qu'elle contient 13 articles énonçant les six principes fondamentaux dont: “L’interdiction d'utiliser l'enquête technique à des fins autres que celles de la prévention des accidents”. Ainsi, les propos
personnels des pilotes sans rapport avec le
déroulement du vol ne sont donc pas
exploités par les experts et ne figurent pas
dans leurs rapports. - que
des transcriptions partielles, de surcroît
erronées, n’avaient aucun lien avec
l’accident, les paroles ayant été
prononcées plus d’une heure avant sa
survenance;
- que les données enregistrées sont couvertes par le secret professionnel; - qu’elles avaient été divulguées auprès des médias, à des fins autres que l’enquête de sécurité; - que des interprétations et spéculations qui en résulteront ne manqueront pas de troubler le public en alimentant une polémique stérile. Il reste que si la transcription
complète - non expurgée des propos
n’ayant rien à voir avec le
déroulement du vol - a pu être
exploitée, c’est qu’il y a eu une fuite,
dont, à ce jour, on ne connaît pas
l’origine !
- Le
concept d'indépendance est synonyme de celui
de souveraineté. Or, on est ou on n'est pas
souverain. Il n'y a pas de situation
intermédiaire. Il suffit, pour s'en
convaincre, de se référer à la
définition du dictionnaire: "Caractère du pouvoir d'un Etat
qui n'est soumis au contrôle d'aucun autre
Etat". Les Etats qui
composent la Communauté Européenne
ont, certes, selon le principe de la
subsidiarité, encore "quelques
grains à moudre",
mais ils ont, en fait, perdu leur
souveraineté. D'ailleurs, cela a amené
plusieurs observateurs à poser la question de
savoir si, dans les prochaines années, le
nombre de députés français ne
serait pas excessif, pour traiter des seules
questions subsidiaires, laissées à
leur appréciation.
- Il en est de même de la notion d'indépendance: "Qui ne dépend d'aucune autorité; libre; autonome". Or, dans notre monde de complexité croissante, aux multiples liens relationnels existant entre tous les intervenants, il ne peut y avoir "indépendance" au sens strict du terme. Cette
précision étant donnée: - on
admettra que la suggestion qui a été
faite de créer un organisme de la
sécurité européen qui serait
qualifié d'indépendant poserait,
immédiatement et en priorité, la
question de son financement. Ainsi, d'une
façon ou d'une autre, cet organisme
dépendrait donc, de
facto, de l'Institution
assurant son financement.
- de plus, se poserait également la question du choix de ses responsables et de ses enquêteurs. En effet, tous les pressentis seraient, de toute évidence, issus de divers organismes (Administration, Compagnie, Constructeur, Motoriste, etc ...) au sein desquels ils ont pu développer leur spécialisation. Ils auraient donc tous eu, dans le passé, un lien de dépendance hiérarchique avec un organisme ou un autre. En conclusion, l'insistance qui est mise sur la notion d'indépendance pour faire peser une suspicion sur les rapports du BEA et sur les travaux de ses enquêteurs n'est qu'un leurre et j’ai, au cours des nombreuses causeries - faites devant diverses associations et organismes ou émissions télévisées - eu l’occasion de le démontrer. Aujourd’hui, afin de justifier, une nouvelle fois, combien il est vain d'essayer de faire croire qu'il existe un lien de cause à effet entre dépendance et honnêteté des personnes et organismes concernés, voici une explication, une raison et un témoignage: 1.- L'Explication Les experts judiciaires et les
enquêteurs du BEA, doivent -pour une œuvre
commune- prendre en compte des centaines de
données, voire des milliers. Initialement,
ces données sont éparses. Il faut
donc, d'abord, les trouver, les analyser, puis les
regrouper. Face à ces milliers de
données, se trouvent dans la même
situation que la personne qui vient d'ouvrir une
boîte de mille morceaux en vrac d'un puzzle
à reconstituer. Avec
persévérance, patience, les morceaux
seront identifiés et assemblés,
jusqu'à ce que l'image prenne, partiellement,
forme. Des parties du puzzle seront plus difficiles que d'autres
à reconstituer. Mais, en fin de compte,
même si quelques pièces manquent, le
tableau final apparaîtra dans sa
globalité. 2.- La raison ➀- Dans les expertises modernes, le nombre
d'experts, intervenant dans une affaire, est tel,
que tout acte de malveillance devrait avoir
reçu l'approbation de plusieurs
confrères, étant, alors,
nécessairement "mis dans le coup". De plus il
existe des centaines de scellés de justice,
photos, films, pris pas la Gendarmerie du Transport
Aérien, tous éléments de preuve
qui ne peuvent être occultés.
➁ - Pour obtenir la participation à de telles actions, des instructions, exécutables instantanément, devraient alors être données, simultanément, à plusieurs organismes (Administration de tutelle, Constructeurs, Gendarmerie, Laboratoires, Justice,...), afin que la cohérence soit conservée entre tous les éléments de preuve. ➂ - De telles dispositions obligeraient de très nombreuses personnes impliquées dans l'opération, au respect du "secret". Or, dans le contexte de l'organisation de
l'aéronautique civile française, une
telle opération est inimaginable, même
en supposant qu'elle puisse être
motivée par un souci de "protéger" des
intérêts économiques ou
politiques. 3.- Le Témoignage Ayant, pendant plus de vingt ans, diligenté des travaux avec des enquêteurs du BEA, des ingénieurs et techniciens des constructeurs, motoristes et équipementiers, j'ai pu constater leur haut niveau de conscience professionnelle, leur honnêteté intellectuelle, la rapidité avec laquelle ils ont, tous, accepté de coopérer à la recherche de la manifestation de la vérité. Il en résulte que l'hypothèse d'une participation "volontaire" ou "commandée" de ces personnes à des opérations collectives inavouables est donc à écarter, sans aucune restriction.
1.- “SB
ALERT”. Affectant la sécurité, il
demande une modification rapide sur un constituant.
Dans ce cas, il est suivi (ou
précédé):
- d'une AD (“Airworthiness Directive”) pour les autorités FAR/JAR (américaines et européennes); - ou d'une CN (“Consigne de Navigabilité”) pour les autorités françaises. Retenir que l'application des AD/CN est
impérative, avec soit une date butée
d'application, soit la répétition
d'une tâche à intervalle
déterminé en heures et/ou en cycles. 2.- “SB
Recommanded”. Affectant les conditions
opérationnelles, les exploitants ne sont pas
tenus de l'appliquer, mais étant donné
que ce type de SB a souvent pour origine des
demandes des exploitants eux-mêmes, ils sont
donc quasiment toujours appliqués.
3.- “SB”. S’agissant généralement d’améliorations de fiabilité, il ne concerne que des modifications minimes n'affectant en rien, ni la sécurité, ni les conditions opérationnelles. 4.- “SB Evaluation”. Les évaluations de nouveaux matériels devant être approuvées par les autorités, il précise le ou les matricules des aéronefs sur lesquels s'effectueront les évaluations et la durée de l’évaluation.
Pour être
complet, il existe également d'autres
documents avionneurs ou fabricants, tels que les SIL
(“Service Information Letter”) qui ne sont pas soumis à
l'approbation des autorités et qui
préviennent les exploitants de possibles
problèmes et comment y remédier, ainsi
que des changements de références de
pièces détachées dites
“Standard” (toute pièce qui fait
l'objet d'une norme internationalement reconnue). - soient
explicitement décrites dans l'IPL (“Illustrated
Parts List”) du NHA
(“Next Higher Assembly”) sur lequel elles sont montées;
et cela, de NHA en NHA, depuis la plus
petite rondelle jusqu'à l'avion
lui-même.- soient explicitement décrites comme interchangeables dans un SB;
De plus, dans ce type de pré-rapport, les experts judiciaires ne citant que les faits recueillis, il n’y a donc pas lieu de leur attribuer le qualificatif de “prudent”; d’affirmer que “des passages laissent planer une certaine ambiguïté”; “qu’ils ne tranchent pas sur la question....” . En effet, ce n’est que dans leur rapport final que figureront les causes retenues de l’accident; l’analyse du comportement de l’équipage en référence aux règles de l’art; la présentation des facteurs contributifs (en amont de l’accident et dans l’environnement) et la localisation des responsabilités éventuelles, tous éléments qui permettront à la justice de dire le droit. Découlant de votre question, une autre se pose au sujet de l’utilité de ces pré-rapports: Les juges en charge du dossier sont en contact permanent avec les experts et ils sont donc régulièrement tenus au courant de l’avancement des travaux, ne serait-ce que par des notes internes. Ils n’ont donc pas besoin d’un pré-rapport. Alors, pourquoi
ces demandes faites aux experts de rédiger
des pré-rapports? Elles ne peuvent
résulter que de la pression des
représentants des Parties civiles et des
médias. Malheureusement, au lieu de ne
prendre en compte que l’état d’avancement des
travaux - tel que généralement bien
précisé en début desdits
documents d’étape - ils font
systématiquement l’objet de critiques, non
fondées, auxquelles les experts ne peuvent
répondre, étant tenus au secret de
l’instruction et à l’obligation de
réserve. - que
cette synthèse de l'existant
réunissait les faits les plus importants du
dossier d'instruction;
- qu’elle était globale, en ce sens qu'elle ne concernait que les pièces cotées qui nous avaient été communiquées; - qu’elle était condensée, en ce sens qu'elle ne présentait qu'un résumé des points traités; - qu’elle serait suivie des conclusions des travaux que nous allions diligenter. Eh bien, malgré ces précautions, pendant toutes les années de la procédure, nous avons été accusés par certains défenseurs d’avoir changé d’avis ! Finalement, à la place de ces rapports qui sont obligatoirement remis aux représentants des Parties civiles et qui se retrouvent dans les mains des médias, l’expérience montre que des contacts réguliers entre magistrats et Parties civiles sont beaucoup plus efficaces pour l’aboutissement de la démarche commune, celle de la manifestation de la vérité. Questions
des
lecteurs:
- de la
disproportion entre l’augmentation de salaire de son
DG (46%) et celle des employés qui n’a
été que de 1,6%, alors qu’eux
également, tout le long de la chaîne
hiérarchique, n’ont pas
démérité;
- du fait qu’en 2009/2010, alors qu’Air France déjà fortement concurrencée par les “low-cost” avait vu la cote de son action en bourse s’effondrer; avait pris une série de dispositions pour réduire ses coûts; avait été mis en examen à la suite du crash du Rio/Paris; avait rétrogradé dans le classement sécuritaire des compagnies aériennes, puisse accorder à son DG une rémunération atteignant déjà les 900.000 euros au total (dont part fixe 750.000 € et part variable 150.000 €) ! — *** --- |
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2ième
Lettre de octobre 2011 ![]() |
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À L’ATTENTION uniquement de
ceux qui ne
sont pas (ou
plus) intéressés
par mes
messages: Je vous remercie à l’avance
de bien vouloir
répondre en
tapant FIN dans
la fenêtre "objet",
ce qui permettra
aussitôt de
supprimer votre
adresse
courriel.
1.- Deuxième Chronique d’octobre 2011 Cette chronique : - reproduit les réponses exploitées pour l’interview du 14 octobre de TourMag (http://www.tourmag.com), consacrée : à un ouvrage ayant reproduit l’ensemble de la transcription de l’enregistreur des paroles échangées dans le cockpit (CVR) lors du vol Rio/Paris, AF 447 ; à la mise en cause de l’indépendance du BEA ; aux processus de modification des avions ; au récent pré-rapport des experts judiciaires. - puis répond aux questions des lecteurs au sujet : des pertes de bagages ; de la nouvelle taxe CO2 à supporter par les passagers ; de la rémunération du Président d’Air France. 2.- Ouvrage ==> L’ALAT en Algérie 1984-1962 de Pierre DUFOUR Alors que l’Aviation Légère de l’Armée de Terre n’est pas la branche la mieux connue de l’aéronautique militaire française, l’auteur en retrace l’histoire par une succession de récits et une abondante et variée illustration. LAVAUZELLE. BP 8 - 87350 PANAZOL. 3.- Devenir pilote Le
site http://www. - permet de découvrir toutes les facettes du métier de pilote et ses spécificités chez Air France ; - présente le recrutement "Pilotes cadets", formation sur mesure pour les jeunes passionnés ; - décrit, pour les pilotes professionnels, les conditions et modalités pour rejoindre les équipages d’Air France. 4.- Le Commandant Jacques LALUT nous a quitté Il y a les héros connus. Il y a aussi les héros inconnus et ceux qui ont été des figures ayant marqué leur temps. À Tananarive, il y avait notre "Mermoz de l’Océan Indien", le Commandant ROTH qui nous a quitté, alors qu’il était centenaire et, bien sûr, Jacques LALUT, avec qui je suis resté en contact jusqu’à ce qu’il ne puisse plus répondre. Passionné et dévoué à nos ailes, Jacques avait également un talent certain de conteur et d’écrivain que tous ceux qui ont lu ses ouvrages ont pu apprécier. Deux de ses poèmes figurent dans la prochaine réédition de mon ouvrage "Des histoires dans l’air". Aucune ligne ne lui ayant été consacrée dans les revues aéronautiques et bien que Jacques soit, de nos jours, un inconnu pour la quasi-totalité de mes lecteurs, le devoir de mémoire m’impose ces quelques lignes, afin que son fils Jean-Pierre sache que son souvenir est resté profondément ancré dans le cœur et les pensées de tous ceux qui ont eu la chance de côtoyer le grand bonhomme qu’il fut. Bien cordialement Jean
Belotti — *** --- |
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Je remercie très
sincèrement mes amis et
fidèles lecteurs ayant
été intéressés
par mon CD (présenté dans le
fichier joint) ce qui, pour moi,
indépendamment de l’aspect musical,
est une marque de remerciement et
d’encouragement pour la rédaction
bénévole de chroniques depuis
plus de dix ans et pour les réponses
personnelles faites gracieusement aux
questions posées par des centaines de
lecteurs. |
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Chronique adaptée WEB par Henri Eisenbeis
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