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: En
quoi cet événement est-il
semblable au scénario du crash Rio
Paris?
: En ce sens que cet avion, comme celui de l’AF
447, après une forte augmentation de son
assiette, est passé en moins d’une minute
de 35.000 à 38.000 pieds.
: Pourquoi,
cette fois, l’avion n’a-t-il pas
décroché?
: Simplement parce que la diminution de
l'intensité des turbulences a
été accompagnée d'une
réduction de l'assiette de l'avion, avec
retour à des paramètres de vols
normaux, l’avion étant à 3 noeuds de
la vitesse décrochage. Alors que sur les
anciens avions classiques, l’avion
décrochait dès qu’il passait sous
une certaine vitesse minimum, on notera, ici, que
l’avion est resté dans son domaine de vol,
bien qu’ayant évolué à une
vitesse inférieure de 70 noeuds à
celle minimale d'évolution
recommandée.
: Par quoi est
limité le domaine de vol que vous citez?
: Le domaine de vol aux altitudes de
croisière des avions de ligne est
très étroit. Les limites sont
indiquées sur le tableau de bord et tout
dépassement déclenche une alarme
sonore. Pour éviter le dépassement
de la vitesse maximum autorisée, deux
solutions: réduire la poussée des
réacteurs ou tirer sur le manche pour
réduire la vitesse.
Pour éviter de passer en dessous de la
vitesse de décrochage, deux solutions:
augmenter la poussée des réacteurs
ou pousser le manche pour augmenter la vitesse.
Les changements d’altitude sont exceptionnels, car
d’autres avions peuvent se trouver dans les voies
aériennes plus hautes et plus basses. Ils
ne sont effectués que dans le cas où
les actions sur la poussée des
réacteurs seraient insuffisantes pour
maintenir l’avion dans son domaine de vol. Tous
les pilotes, au cours de leur carrière,
ont, lors de la traversée de fortes
turbulences, été amené,
à augmenter puis réduire les gaz,
plusieurs fois de suite, en fonction de
l’évolution des gradients, et cela
quelquefois pendant plusieurs minutes, tout en
conservant leur altitude.
: Pour les non
initiés, pourquoi parle-t-on, de vitesse
en noeuds et en Mach?
: L’anémomètre (ou badin)
est un manomètre qui donne la vitesse d'un
aéronef par rapport à l'air. Pour ce
faire, il détermine la “pression dynamique”
(qui est égale à la
différence entre la pression totale et la
pression statique) ce qui donne la
vitesse indiquée (IAS : "Indicated
Air Speed") ou, plus
précisément, la vitesse vraie (TAS
: “True Airsped”, après quelques
corrections). La connaissance de cette
vitesse est indispensable pour conserver
l'aéronef dans son domaine de
vol, c’est-à-dire entre une vitesse
minimale, en dessous de laquelle l’avion ne vole
plus et une vitesse maximale à ne pas
dépasser.
Il est essentiel de retenir que cette pression
dynamique est fonction de la vitesse de l'avion
par rapport à l'air ambiant. Or,
étant donné qu’en prenant de
l’altitude, la pression atmosphérique
diminue -donc la densité de l’air
également- il en résulte que vitesse
propre de l’avion est supérieure à
la vitesse indiquée lue par le pilote.
Le machmètre, quant à lui, est
l'instrument qui mesure la vitesse du son. Son
unité de mesure est le Mach. Mach 1
équivaut à la vitesse du son.
Dépasser Mach 1 (c'est-à-dire
franchir le “mur du son”) peut engendrer
des phénomènes vibratoires et
aérodynamiques dangereux pour l'appareil.
Il importe donc que le pilote sache
précisément quand aura lieu ce
franchissement. Or, la vitesse du son n’est pas
constante. Elle varie en fonction de la
température, donc de l’altitude : soit
1.224 km/h à 15°C ; 1.270 km/h à
40°C ; 1.190 km/h à 0°C ; seulement
1.060 km/h à -56°C, température
qui règne aux altitudes de vol des avions
de ligne actuels, vers les 11.000 mètres.
Alors, pourquoi deux instruments? Un exemple
très simple permet d’en comprendre
l’utilité. Supposons un avion qui vole
à une vitesse constante de 480 noeuds dans
de l'air à -20 °C, avec une indication
de Mach de 0.78. Dès lors que la
température diminue -soit par ce que
l’avion pénètre dans une masse d’air
plus froide, soit que l’avion prenne de
l’altitude- et tombe, par xemple,
à moins 55°C, l'avion va donc, tout en
restant à 480 noeuds, se retrouver à
M 0.85. Si le Mach à ne pas dépasser
sur ce type d’avion (MMO -Maximum Mach
Operating) est, par exemple, de M 0.82,
l’avion sera donc en dehors des limites de son
domaine de vol, avec tous les risques que cela
comporte. Il est donc nécessaire, lorsque
l'on approche des limites du Mach à ne pas
dépasser, de se référer au
machmètre et non plus uniquement au badin.
: Lorsque la
vitesse d’un avion devient trop faible, on peut
comprendre qu’il ne puisse plus voler et
décrocher à basse vitesse, mais
comment peut-il décrocher à haute
vitesse?
: En fait, il ne s’agit pas de décrochage,
mais d’un phénomène de
compressibilité. À partir d’une
vitesse à ne pas dépasser,
l'écoulement de l’air devient supersonique
sur l'extrados. Sans plus de détails,
disons que les gouvernes perdent leur
efficacité, d'où cette sensation
d'inversion des commandes ressenties par les
pilotes de chasse de la guerre 39/45. “On chevauche alors
un cheval fougueux” nous dit un ancien
pilote militaire de cette époque. Il peut
en résulter des
détériorations de la structure de
l’avion.
: On ne dit pas
quel a été le fait
déclencheur de cet incident qui aurait pu
également se terminer par un drame?
: D’après les informations citées,
le facteur pivot ne serait donc pas une panne des
sondes, mais d’un fort gradient de vent (+22
noeuds de vent effectif en 5 secondes),
avec une vitesse atteignant Mach 0.88 (Le
Mach maximum autorisé étant de
0.86), suivi du déclenchement de
l'alarme de survitesse. Dans le cas où cela
serait confirmé, la preuve serait
administrée que la précipitation et
une mauvaise conseillère, puisque toutes
les accusations portées sur le
fonctionnement des sondes à l’origine de
l’accident deviendraient alors non fondées.
: Cet incident
sur Paris/Caracas, pourrait-il remettre en cause
les premières conclusions du BEA qui
faisait ressortir une responsabilité de
l’équipage?
: Le BEA n’ayant pas vocation pour utiliser le
qualificatif de “responsabilité”, il a,
conformément à sa mission,
décrit les faits et les comportements de
l’équipage. En revanche, ce sont les
experts judiciaires qui, après prise en
compte de tous les événements du
dossier -dont l’existence de cet incident survenu
avant le vol AF447- présenteront les
responsabilités techniques
éventuelles qui seront prises en cours par
la justice pour dire le droit.
: Ce nouvel
épisode va relancer encore une fois le
débat entre Airbus et Air France sur les
responsabilités, qu’en pensez-vous?
: À la suite de tout accident, tout
élément nouveau est
systématiquement pris en compte, non
seulement par les institutions,
sociétés et associations
concernées, mais également par les
médias.
Cela étant dit, force est de
reconnaître qu’il est tout à fait
anormal qu’un avion, parce qu’il vient de subir un
fort gradient de vent, dépasse la vitesse
maximum autorisée et, son pilote
automatique s’étant débrayé,
prenne un taux de montée 5.000
pieds/minutes, passant de 35.000 à 38.000
pieds en moins d’une minute!
Pour le moment impossible de conclure. Les parties
concernées présenteront leurs
commentaires et laissons les enquêteurs et
experts diligenter leurs travaux, dans le calme et
la sérénité.
“11
septembre 2011,10 ans après”
: Qu’est-ce qui
a changé dans le transport aérien
en 10 ans?
: La mémoire collective étant
volatile, il est effectivement utile de revenir
dix ans en arrière, avec une profonde
émotion, pour rappeler ce qui s’est
passé ce 11 septembre 2001.
Des avions civils furent confisqués par des
pirates, pour déclencher une action
criminelle d'envergure, jamais atteinte
auparavant. Par son ampleur, sa violence, par le
choix des objectifs, cette terrible attaque
terroriste fût une tragédie
épouvantable, inimaginable, hallucinante,
inconcevable. Même les plus imaginatifs
scénaristes d’Hollywood n'auraient pu
concevoir un tel scénario d’apocalypse ! Il
est donc évident que faire le point des
effets d’un tel drame sur le monde du transport
aérien nécessiterait une analyse de
tous les événements survenus depuis,
en vue d’une synthèse et d’une conclusion
finale. Y ayant déjà consacré
plusieurs chroniques, au fil des ans, cette
démarche sort du cadre de votre interview
et je ne peux donc donner que quelques brefs
éléments de réponses à
des questions précises.
: Alors
commençons par le comportement des
passagers. Comment a-t-il évolué?
: Il n’y a pas eu d’évolution, mais
simplement le constat que d’une façon
générale, ils ont toujours
été résignés et
continuent à subir les différents
contrôles effectués au moment de
l’embarquement sans trop rechigner, même si
certains considèrent qu’ils ne sont pas
d’une grande efficacité, voire inutiles.
Pour d’autres, l’existence de ces contrôles
est de nature à les rassurer, ne serait-ce
que par la présence de nombreux militaires,
gendarmes, policiers, gardiens en uniformes qui
ont, certes, un pouvoir dissuasif, mais uniquement
pour prévenir tout attentat à
l’intérieur de l’aéroport,... mais
pas pendant le vol ! Cela étant dit, il
convient de retenir que les contrôles des
passagers effectués au moment de
l’embarquement ont pour objectif premier
d’éviter un drame en vol, mais pas
uniquement de rassurer les passagers.
: Et celui des
compagnies aériennes?
: Les mesures qui ont été
imposées les pénalisent lourdement :
obligations de demander aux passagers de se
présenter à l’embarquement au moins
deux heures avant l’embarquement; perturbations
dans le respect des horaires, dues aux retards
à l’embarquement ; etc...
Les retards endémiques sont encore
aggravés par de plus en plus de
perturbations dans le respect des horaires, avec
tous les effets pervers y afférents :
mécontentement de la clientèle ;
“hurry-up syndrome” ; coûts
supplémentaires ; etc... Cette baisse de la
qualité du service, de la
régularité et de la
ponctualité des vols, étant de plus
en plus mal supportée.
: De nos jours,
l’accès aux zones où sont
stationnés les avions est-il suffisamment
contrôlé?
:
Les dispositions prises pour interdire
l’entrée d’un intrus dans les zones
occupées par les avions sont et resteront
toujours insuffisantes. Impossibilité de
contrôler la longueur du pourtour d’un
aérodrome et les centaines de cheminements
qui existent à l’intérieur et
à l’extérieur des bâtiments
dispersés dans l’aéroport, ainsi que
les milliers d’employés qui y travaillent,
de jour comme de nuit. Une barrière
électrifiée tout le long du
périmètre de l’aérodrome, des
radars tous les 50 mètres, des chiens
d’alerte n’y suffiraient certes pas. De
surcroît, comment faire pour être
certain que dans les milliers de personnes
employées sur l’aéroport ou le
fréquentant, il n’y ait pas, dans les
livreurs, dans les simples visiteurs, dans les
personnes qui accompagnent les passagers, un
terroriste?
Effectivement, plusieurs fois, des journalistes ou
même des enquêteurs -officiellement
accrédités par les autorités-
ont montré qu’il était facile de
pénétrer dans les zones
réservées et interdites au public.
C’est ainsi que les systèmes de
sécurité des aéroports
américains ont été mis
à l’épreuve. En quelques mois, sur
plus de 150 tentatives, les inspecteurs ayant
réussi à passer au travers des
filets de sécurité six fois sur dix,
la presse, aussitôt, qualifia les
aéroports de “passoires”.
Finalement, il est évident qu’il est
toujours possible de trouver une faille à
tous les systèmes de protection
imaginables. Nous avons tous en mémoire le
film relatant la “bataille de l’eau lourde”
où une poignée de volontaires
arrivent à s’infiltrer dans l’usine et font
exploser des installations secrètes,
extrêmement surveillées et
réputées inviolables ; le film “Les
canons de Navarone”, où un commando de
quelques hommes réussit à faire
exploser les énormes canons qui barraient,
en mer Egée, le passage à le flotte
britannique.
: Au fil des
ans, l’amélioration en moyens de
contrôle mis en oeuvre dans les
aéroports, n’a-t-elle pas
contribué à une meilleure
efficacité dans la détection des
kamikazes?
: Force est de reconnaître que malgré
l’installation de systèmes de
détection de plus en plus performants, des
produits ou articles interdits ne sont pas
détectés. Récemment, un
passager a passé des filtres sans
être inquiété, alors qu’il
avait dans sa valise une arme à feu
démontée en plusieurs morceaux. En
revanche, nombreux sont les passagers qui
considèrent comme étant des brimades
inutiles le fait qu’on leur confisque une pince
à ongle, une simple lime à ongle...,
par crainte qu’elle ne serve à transpercer
la gorge d’une personne prise en otage!
Rappelons que les pirates “kamikazes” qui avaient
pris possession des avions du 11 septembre 2001
étaient montés à bord,
après avoir passé tout à fait
normalement les filtres à l’embarquement,
sans bombe, ni arme, ni couteau.
Quant aux systèmes infaillibles sur le plan
de la reconnaissance de l’identité
réelle des passagers, ils ne le sont pas
sur le plan des intentions desdits passagers. En
effet, un passager ayant été,
à plusieurs reprises, correctement
identifié par le système des
empreintes de l’iris peut très bien,
après s’être converti à
l’Islam, se trouver embrigader dans un groupement
de terroristes... comme l’ont été
les jeunes français découverts parmi
les prisonniers en Afghanistan. De plus, pour que
la vérification de l’identité des
passagers soit efficace, elle doit être la
même sur tous les aéroports, ce qui
est loin d’être le cas actuellement.
: Une fois en
vol, quels sont les moyens à la
disposition des pilotes pour pallier toute
tentative d’attentat?
: Des consignes confidentielles sont
données aux équipages quant au
comportement à adopter face à de
telles situations. Je ne vous en dirai donc pas
plus aujourd’hui. Sauf, cependant, quelques mots
sur une procédure qui est maintenant connue
de tout le monde.
Une des façons de faire savoir aux
contrôleurs de la navigation aérienne
que le Commandant de bord était sous la
menace d’un pirate de l’air consistait à
afficher un certain code sur un appareil
dénommé le “transpondeur”. Ainsi, le
chiffre caractéristique apparaissant sur
l’écran radar du contrôleur, celui-ci
pouvait aussitôt aviser les autorités
concernées tout en prenant les dispositions
nécessaires pour libérer la route
suivie par l’avion aux mains des pirates. Oui,
mais voilà! Il s’est trouvé un
journaliste en mal de copie ou à la
recherche du sensationnel qui, non seulement, a
expliqué comment fonctionnait le
système, mais a indiqué le
numéro du code affiché par les
pilotes. Il en est résulté que tous
les pirates de l’air, dès qu’ils
pénétraient dans le poste de
pilotage, vérifiaient que l’équipage
n’affiche pas ledit code sur leur “transpondeur”,
dont ils connaissaient d’ailleurs l’emplacement
exact.
En conclusion, bien que les pouvoirs
déjà attribués au Commandant
de bord aient été étendus
dans le cas d’actes d’intervention illicite, il
n’en reste pas moins vrai qu’il est impuissant
devant l’obstination et le fanatisme de
“kamikazes”.
: Il avait
cependant été envisagé
d’armer les pilotes et d’embarquer des policiers
en civil armés?
: Les pilotes de ligne ont fermement montré
qu’ils ne voulaient pas jouer les shérifs
faisant régner l’ordre, pistolet à
la ceinture (n’en ayant, d’ailleurs, ni la
formation, ni l’entraînement, ni
l’expérience). Ils ont également
refusé d’accepter que la cabine des
passagers se transforme, comme dans les
films, en champ de tir, entre des pirates et des
policiers en civil. Leur réaction a fait
suite à l’initiative de transporter -sur
injonction américaine -des agents GIGN
armés, à bord de certains vols
sensibles desservant les Etats-Unis. Je pense que
nous, qui sommes des passagers, devons nous
féliciter de la position des pilotes,
déjà longuement exposée dans
mes écrits: risques liés à
l’utilisation d’armes à feu ; coûts
salariaux des agents ; perte de sièges
à la vente ; problèmes de
qualification ; mission et rattachement
hiérarchique au Commandant de bord des
éventuels agents armés... sans
compter que cette décision traduirait, en
fait, l’incapacité de multiples
contrôles au sol de détecter l’intrus
!
: Et le
verrouillage de la porte du cockpit?
: Le renforcement du verrouillage de la porte
d’accès au cockpit, de façon
à interdire l’intrusion d’un pirate voulant
prendre en main la direction du vol est une mesure
qui ne peut interdire l’accès au cockpit
qu’à un passager curieux, mais pas à
un kamikaze. En effet, il lui suffit d’un simple
bout de ficelle pour commencer à
étrangler une hôtesse, afin de la
convaincre d'appeler calmement le Commandant de
bord pour qu’il ouvre la porte du cockpit afin
qu’elle
puisse entrer avec des boissons
rafraîchissantes!
: Une fois
proche de l’aéroport, dès lors
qu’un avion sous contrôle des pirates ne
répond plus aux consignes des tours de
contrôle, est-ce que le dernier pare-feu
n’est pas celui du recours aux avions de chasse
de l’armée de l’air?
: Les bases aériennes militaires -aussi
bien aux Etats-Unis qu’en France- sont
prêtes à intervenir, mais pas dans
les deux minutes, comme déclaré. De
plus, un avion qui ne répond plus est un
appareil potentiellement en danger, soit par panne
radio totale, soit par détournement
terroriste. Après plusieurs appels des
contrôleurs aériens, ces derniers
donneront l’alerte. Or, l’avion de chasse
décollera sans savoir initialement si c’est
pour assister l’avion de ligne, le
forcer à atterrir ou, au pire, pour
l’abattre... Il faut un minimum de temps pour
analyser vraiment la situation réelle et
prendre la décision a priori
appropriée. Enfin, lorsque l’avion de ligne
détourné est en zone terminale,
c’est-à-dire à proximité de
l’aérodrome, cet espace de temps est alors
suffisant pour que le pirate engage sa
plongée vers la cible choisie, avant
même l’arrivée du “chasseur”. Autres
interrogations essentielles : À partir de
quel moment le pilote de l’avion militaire peut-il
appuyer sur la gâchette de ses missiles
air/air? Qui lui donnera l’ordre de “descendre" un
avion de ligne rempli de passagers? Le pilote d’un
avion est-il suicidaire parce qu’il n’a pas
répondu à un appel radio, parce
qu’il est sorti involontairement de sa route sans
s’en rendre compte ?
: Alors, il n’y
a donc aucune parade infaillible?
: Toutes celles mises en oeuvre contribuent
à décourager des actes individuels
d’amateurs, mais pas de bandes organisées.
Ce constat a conduit à ce que d’aucuns se
demandent si, à part un souci de rassurer
la population:
-le déploiement de milliers de policiers et
militaires avec de gilets pare-balles et armes
à feu;
-les contrôles physiques et
d’identité ;
sont susceptibles de prévenir efficacement
un attentat de ce type ?
Il convient d’ajouter les énormes
coûts d’investissement et de fonctionnement
(renforcement de l’inspection filtrage des
passagers ; contrôle de l’accès des
personnels en zone réservée ;
contrôle des bagages de soute ; autres
dispositions obligatoires imposées
à l’ensemble des acteurs du transport
aérien telles que renouvellement des
“badges”, la formation des personnels
concernés par les mesures de
sûreté, etc...) qui,
à l’origine de surcoûts, ont
aussitôt conduit à la création
d’une taxe spéciale facturée aux
passagers.
À l’interrogation de savoir combien
d’attentats ont été
évités par suite de l’interception
de pirates lors de ces contrôles, force est
de constater que seuls quelques rares passagers
présumés douteux ont
été inquiétés... puis
relaxés. Ce qui amène la question
suivante: si tous les moyens mis en oeuvre (financiers,
personnels, équipements) avaient
été affectés -par exemple-
à la sécurité routière
(prévention, amélioration du
réseau routier, signalisation, sanctions,
...) des centaines de milliers de vies
n’auraient-elles pas été
sauvées dans le monde, pendant ces dix
années ?
: Un 11
septembre bis serait-il encore possible
aujourd’hui?
: Il n’est pas possible répondre parce que
le risque de cette éventualité n’est
pas mesurable, ni qualifiable en terme de
probabilités. Tout ce que l’on peut dire
est que la mise en place d’une organisation d’un
tel attentat de cette importance est toujours
possible car, dans une telle
éventualité, ce ne sont pas les
contrôles actuels qui seraient susceptibles
de barrer la route aux terroristes. Je ne
décrirai pas ici les diverses façons
de mettre en danger un avion, dont plusieurs sont
probablement déjà connues des
terroristes.
En fait, la sensibilité du transport
aérien à ce type d’intervention a
perdu de son intérêt pour les
terroristes. Ils semblent donc avoir
abandonné la cible de l’aérien,
suffisamment satisfaits, en plus de leur attentat,
d’avoir déclenché une psychose qui,
s’étant propagée au sein des
populations, a affaibli et stressé tous les
pays. Donc, pour eux, mission doublement
accomplie.
Ces récentes années, les faits
montrent que la nouvelle stratégie a
été de déclencher des
catastrophes d’envergure dans des lieux publics,
étant donné que tout le monde peut
être atteint, n’importe quand, n’importe
où, et cela sans une organisation lourde
complexe et coûteuse, tout en ayant un
impact nettement plus important que celui de la
perte d’un avion et de ses passagers.
: On dit que ces
actes illicites concernent la
sûreté. Mais, n’ont-ils pas,
également, un impact sur la
sécurité des vols?
: Bien sûr! Il est évident que ces
interventions illicites ont un impact certain sur
la sécurité des vols, pour de
nombreuses raisons. L’équipage assurant la
conduite de l’avion est en état de stress
et de fatigue, travaillant souvent sous la menace
armée de "pirates de l’air". Devant quitter
les routes aériennes officielles, il peut
être conduit à se poser sur des
aérodromes non appropriés à
la taille de l’avion, etc...
: Une
conclusion?
: La solution, pour éviter le
renouvellement d’un tel drame ne se trouve pas
dans la confiscation des pinces à ongles ou
le “profiling” (identification au
faciès du passager), mais
à un niveau beaucoup plus
élevé, celui des Etats.
Félicitons-nous des résultats
déjà obtenus:
-Les “mandats
d’arrêts”, désormais devenus
européens, ont été un premier pas
dans la voie d’une coopération internationale.
-Avec la traque contre le groupe islamique Abu
Sayyaf (réputé lié aux
réseaux Al Qaida de Ben Laden), la
guerre totale déclenchée par les
américains contre le terrorisme (dans tous les
pays qui sont actuellement dans le collimateur:
Proche-Orient, Algérie, Somalie, Afghanistan,
Pakistan, Yémen, Indonésie,
Philippines,... ) a porté ses fruits. Plusieurs
terroristes ont été
éliminés et des centaines de fanatiques
suspects ont déjà été
arrêtés.
-L’assistance aux pays “sensibles” du Moyen-Orient
et d’ailleurs, en vue d’assurer la
pérennité d’un ordre
démocratique, a enregistré
d’intéressants résultats qui ont
été les prodromes aux révolutions
actuelles de plusieurs peuples de pays où le
terrorisme était implanté.
Aujourd’hui, 11 septembre
2011, à l’aube de ce troisième
millénaire, alors que nos pensées
vont aux milliers de victimes et à leurs
familles, il reste à oeuvrer pour que la
paix règne sur la terre, afin que
disparaissent à jamais les attentats
terroristes.
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