
Question : ✈ Ayant
vu des photos de l’A400M, j’ai remarqué que ses hélices étaient
différentes de celles d’autres avions. En
connaissez-vous la raison ?
Réponse :
Il s’agit de pales d'hélices dites "en sabre”.
Elles sont plus résistantes et donnent une
surpuissance, avec un diamètre réduit. En effet,
réduire le diamètre de l'hélice permet
d'augmenter sa vitesse de rotation et sa forme
permet, également, un meilleur freinage au
moment de l’atterrissage, lorsque les hélices
passent au petit pas sol. Elles sont fabriquées
par Ratier-Figeac et les moteurs par un
consortium Rolls-Royce, MTU (Motoren Turbinen
Union) et Snecma (Safran).

Question :
✈
Quelle différence faites-vous entre les
farfadets et les feux de Saint Elme ?
Réponse :
Comme expliqué dans ma chronique du mois passé,
les farfadets sont des phénomènes de
fluorescence optique provoqués par des décharges
électriques au cours d'orages sous-jacents. Ils
ne sont pas visibles depuis la terre. Ils n’ont
d’ailleurs été découverts qu'il y a à peine
vingt ans, par des chercheurs Américains qui
filmaient le lancement d'une fusée. Depuis deux
ans, le satellite Formosat-2 en a enregistré
plusieurs dizaines de milliers. Il en résulte
que le taux global d'occurrence est estimé, par
les spécialistes, à plusieurs millions
d'événements par année.
Quant aux feux de Saint-Elme, ils sont
d’origine tout à fait différente de celle des
farfadets. En effet, “il s’agit d’une manifestation de
l'effet de couronne, qui se produit lorsque le
champ électrique à proximité d'un conducteur
est assez fort pour provoquer une décharge
dans l'air ambiant et ainsi stimuler les
molécules de l'air qui émettent alors une
lumière caractéristique”. Ils se
manifestent sur les mâts des navires et sur les
avions, lorsque, volant dans les nuages, ils se
rapprochent du cœur des cumulonimbus, ces
énormes nuages accompagnés d’éclairs (ma
chronique d’octobre 2011, traitait de leur
dangerosité). Les pilotes en sont généralement
avertis par la présence de “feux de saint Elme”
apparaissant sur leur pare-brise ou une sorte de
dague bleuâtre, plus ou moins longue, se formant
sur le nez de l’avion, ce qui signifie
l’imminence de l’éclair. Les passagers peuvent
en voir sur les ailes.
*Note webmestre
voir
aussi les Phénomènes étranges apparentés
à la foudre : farfadets, elfes et
jets bleus
& image

[✈Tarif des low-cost].
Question : Je reviens vers vous au sujet des
low-cost, en posant la question de savoir s’il
ne s’agit pas de tarifs inférieurs à leur prix
de revient ?
Réponse :
Dans cette hypothèse, il s’agirait donc de
“dumping”, pratique commerciale contraire à
l'esprit de concurrence et interdite par les
réglementations nationales ou internationales.
Mais, cela ne peut pas être le cas, étant donné
que les principales low-cost connues font des
bénéfices. Sauf, comme d’aucuns l’ont imaginé, à
savoir, existence d’une société mère qui,
souhaitant maintenir en vie une filiale pour
diverses raisons (politiques, de prestige, ...),
ferait régulièrement des apports financiers
permettant, par des jeux d’écriture, de déclarer
que sa filiale
est bénéficiaire. Mais ceci est une hypothèse
utopique non recevable.
Sans
connaissance des comptes d’exploitation des
low-cost, il n’est pas possible d’en faire une
analyse complète et rigoureuse, ni de
faire une comparaison avec une compagnie
régulière. Cependant, avec les principaux postes
de dépenses connus, même approximativement, tels
que les coûts carburant, salaires, taxes,... on
constate que les coûts des low-cost (fixes et
généraux) sont nettement inférieurs. C’est ainsi
que pour un avion d’environ 160 sièges, de 8.000
€ à l’heure de vol, on tombe à moins de 5.000 €,
chiffres volontairement arrondis. Pour une étape
moyenne de 1h50, cela donne un coût total
approximatif de 9.000 €. En tenant compte que la
presque totalité des sièges est occupée, le
transport d’un passager revient donc à environ
55 €.
En
conclusion, ce calcul grossier permet
cependant de conclure qu’en ajoutant
les recettes des prestations annexes (dont
certaines dépassent le prix du billet), les
low-cost peuvent effectivement réaliser des
profits. Il ne pouvait d’ailleurs pas en être
autrement ! D’ailleurs, Transavia France (filiale à bas coûts
d'Air France et de Transavia Hollande) en est un
exemple (voir la création d’une
nouvelle "Low cost" hybride, dans ma chronique
de mars 2007, figurant dans le Tome 2 “47
chroniques de 2003 à 2008". Édition VARIO). En
effet, Transavia a dégagé des bénéfices en 2012,
grâce à un chiffre d'affaires, dont
environ 20% proviennent desdites recettes
annexes.

[✈Limite à la réduction des coûts].
Question
: Vous avez commenté, de
nombreuses fois, la pratique des compagnies
consistant à réduire leurs coûts. Mais n’y
a-t-il pas d’autres postes sur lesquels il est
possible d’agir pour assurer leur pérennité ?
Réponse : Un
bref rappel. Le marché du transport aérien se
situe dans un régime de concurrence dite
“imparfaite”, plus précisément, d'“oligopole
restreint”, système dans lequel quelques
concurrents se font essentiellement une
concurrence par les coûts. Celui qui ne peut les
réduire suffisamment devient vulnérable et peut
disparaître du marché. Après la “deregulation”
Carter, une guerre tarifaire permanente -
fomentée par l'esprit de surenchère - s’était
déclenchée aussitôt, avec une tarification
discriminatoire, une hétérogénéité de la
structure des tarifs et des baisses telles
qu'elles conduisirent à d'importants déficits
d'exploitation. Il en résulta la disparition de
dizaines de compagnies à la suite d’OPA (Offre
publique d’achat) et OPE (Offre publique
d’échange). C'est exactement ce qui s'est
produit aux États-Unis, où 60% des 230
compagnies américaines furent absorbées par
d'autres compagnies, devenues plus puissantes.
Voilà la principale raison : réduire les
coûts ou disparaître.
Cela étant dit,
pour démontrer que ces réductions des coûts ne
sont pas, à elles seules, la panacée, il
suffit de rappeler les faits suivants :
1.-
Elles ne peuvent porter que sur la partie
ajustable du compte d'exploitation (généralement
inférieure à 50%).
2.- Une fois le
niveau de compressibilité atteint, elles
ne sont plus renouvelables.
3.-
Les faits montrent qu’elles conduisent souvent
à une dégradation du service, voire de la
sécurité, ce qui, malheureusement, ne peut
être constaté qu’à la suite d’un grave
incident ou d’un accident.
4.- Elles ont de nombreux effets
pervers sur le personnel, dont je vous fais
grâce, ici, les ayant
déjà commentés à plusieurs
reprises.
5.- Une fois les coupes sombres
effectuées, le manque de personnel
qualifié conduit l’entreprise à avoir
recours à la sous-traitance qui, soit est plus
coûteuse, soit n’ayant pas le même niveau de
qualification, conduit à une dégradation de la
prestation.
6.- S’étant séparée de ses personnels
les plus qualifiés, les plus expérimentés,
possédant le “savoir-faire”, les plus
dévoués à l’entreprise, il en résulte que lors
de la reprise du trafic, la compagnie est
contrainte à procéder à des embauches, dont le
niveau n’est pas celui espéré, d’où une moins
bonne efficience.
Alors, sur quoi agir pour améliorer la
productivité afin d’assurer la pérennité de
l’entreprise ?
En fait, l’offre de transport de
passagers n’est pas un même produit dit
“homogène”. Les produits offerts sont
différenciés (classes, dessertes, horaires,
service à bord, ...), ce qui conduit à une
situation dite d'“oligopole différencié”, dans
laquelle, une disparité entre les tarifs
pratiqués par les concurrents n'entraîne pas,
automatiquement, un déplacement de toute la
clientèle, vers le produit le moins cher.
Ce
sont donc sur les fréquences, les
horaires, la ponctualité, le confort, les
prestations, la qualité du service au sol et à
bord, la sécurité, et avantages divers qui,
étant perçus par les passagers, contribuent à
valoriser l'image de marque de l’entreprise. Les
compagnies en sont bien évidemment conscientes !
C’est ainsi que le directeur général commercial
d’Air France à déclaré que la réduction des
coûts était une question de survie, "mais qu’il fallait
également améliorer le produit pour repositionner la compagnie parmi les
meilleures mondiales en termes de qualité de
services, de confort du siège, de services au
sol, de qualité des repas,... ".
Ici, je n’insisterai que sur deux
points : le personnel et les synergies.
1.-
Tout d’abord, il convient de reconnaître que
le bon fonctionnement d’une entreprise n’est
assuré que s’il existe une adhésion des
personnels à ses objectifs. Pour ce faire, ils
doivent être motivés et leurs efforts
récompensés à leur juste valeur chaque fois
qu’ils ont contribué à une meilleure efficience
du système en place. Dans les facteurs de
production (carburant, matière premières,
électricité,…) dès que l’un n’est plus
disponible, la production s’arrête
instantanément. Or, le personnel, lorsqu’il a
atteint les seuils réglementaires, peut encore
être sollicité, par exemple en effectuant des
heures supplémentaires. Cette possibilité de
dépasser ou de réduire le temps de travail
réglementaire donne à l’entreprise une
flexibilité indispensable à l’adaptation de sa
production à la demande. D’aucuns s’accordent
qu’il y a de nombreux efforts à faire dans ce
domaine, dans l’intérêt des deux parties,
employeurs et employés.
Passons du quantitatif au
qualificatif. Le comportement des personnels en
contact avec la clientèle est un critère auquel
les passagers sont très sensibles. Combien de
fois n’ai-je pas vu des passagers mécontents,
qui, après avoir été renseignés, rassurés,
assistés par un agent au sol ou à bord (hôtesse
ou steward), l’ont remercié pour toute
l’attention qui leur avait été accordée et
assuré de leur fidélité à la compagnie. Bien que
non quantifiable, l’existence de tels
comportements a un rôle important dans
l’efficience de la compagnie. Malheureusement,
il n’est pas pris en compte !
De plus, force est d’admettre que les
plans drastiques de compression des personnels
(insécurité de l’emploi, blocage des salaires,
suppression des primes,…), ne sont pas de nature
à encourager les personnels à donner le meilleur
d’eux-mêmes.
2.-
Un domaine également important non pris en
compte est celui des synergies. Il y a
quelques années, ayant, fait ce constat dans
plusieurs grandes entreprises où j’étais
intervenu en tant que consultant, j’avais décrit
les différentes synergies pouvant être
exploitées à l’intérieur de l’entreprise dans un
ouvrage ("La synergie dans l'entreprise". Hermès
- Lavoisier. 2006).

[✈Projet de Loi : information des
passagers Liste noire].
Question : Alors que des compagnies aériennes
sont interdites en Europe, il reste que la fin
du voyage peut se faire sur une compagnie
figurant sur la liste noire européenne !
Réponse : Exact. Cela se
produit dans certains pays, dont il est possible
de consulter la liste en entrant sur le
site : ("ec.europa.eu/transport/modes/air/safety/air-ban/index_fr.htm").
Or, bonne nouvelle. Après une attente
de deux ans, la proposition de loi de la députée
Odile Saugues (spécialisée dans le transport
aérien) a été votée par le Sénat. Elle vise à
renforcer l=information
des voyageurs lors de la commercialisation de
titres de transport sur les compagnies aériennes
figurant sur la liste noire de l=Union
européenne. Le texte oblige systématiquement
tout voyagiste à informer du nom de la compagnie
aérienne, et du fait quelle soit ou non
répertoriée sur la liste noire communautaire,
sous peine de sanction.

[✈IATA - Bénéfices 2012].
Question : Tenant compte
de la sensibilité du transport aérien aux
mouvements sociaux, conditions
météorologiques, coût du carburant, etc…,
est-ce que l’ensemble de la profession peut
réaliser des bénéfices, condition
indispensable pour que les compagnies puissent
financer leurs investissements et rémunérer
leurs actionnaires ?
Réponse :
La réponse est oui. En effet, malgré les
contraintes citées, l’Association internationale
du transport aérien (IATA) a effectivement
annoncé que les compagnies avaient dégagé, en
2012, un bénéfice net de presque 7 milliards
d’US$, montant nettement supérieur à celui prévu
initialement. Or, il convient de faire remarquer
que ce montant impressionnant ne représente que
1% du chiffre d’affaires, alors que pour couvrir
les coûts du capital, il devrait être, selon
l’IATA, de l’ordre de 7 à 8%. Quelques éléments
de réponses expliquent ces résultats :
1.-
Les compagnies ont profité du taux de
croissance du trafic aérien qui, bien
qu’étant sur une pente descendante (il était de
5,9% en 2011 et il est estimé à 5,3% en 2013), a
conduit à transporter plus de 3 milliards de
passagers dans l’année.
2.-
Aux États-Unis, elles ont également
profité des plans de restructuration associés à
la suppression de nombreux postes, mais aussi,
et surtout, d’un mouvement de consolidation
prévisible (fusion aux États-Unis, depuis
2008 : Delta-Northwest, United-Continental,
Southwest-Air Tran). Il en est résulté la
possibilité de baisser les coûts unitaires et
d'optimiser les capacités, conduisant à une
augmentation de la recette unitaire.
3.-
Les voyageurs d'affaires, dont l’apport est
important pour les compagnies, ont été présents,
avec un taux, certes réduit, mais quand même de
3 à 4%.
4.-
Alors que les compagnies asiatiques et du Golfe
enregistrent également des bénéfices, il reste
qu’en Europe, seules les low-cost s’en sortent.
En effet, l'Association des compagnies
européennes (AEA) qui ne regroupe que les
compagnies traditionnelles, a déclaré qu’elles
vont collectivement enregistrer une perte
d'exploitation. Quand à l’Afrique, elle
enregistre la plus mauvaise performance.
5.-
En ce qui concerne le transport de marchandises,
il est descendu à 2% en 2012, recul qui
provient, selon l’IATA, de la croissance des
pays émergents, dont une grande partie des biens
importés et exportés peuvent se contenter du
transport maritime, moins cher. Pour autant, il
existe de très nombreux produits dont les
caractéristiques (fragilité, produit périssable,
urgence, …) font que le transport aérien reste
la solution la mieux appropriée (mon
ouvrage : "Le Transport international de
marchandises". Vuibert - 4ième
édition - 2012).

[✈Limitation des vols cause neige].
Question : À la fin de la première semaine de
février, à la suite des chutes de neige
annoncée, le ministre a, une nouvelle fois,
fixé un pourcentage de vols à effectuer. "bis repetitas" ! Or, il s’est « planté »,
puisqu’il a levé ses restrictions dès le
lendemain. Il est quand même surprenant que
les arguments présentés dans votre chronique
ne soient pas pris en compte ?
Réponse :
Notez cependant que, cette fois, les médias
n’ont pas cité le ministre, mais la DGAC !
Météo-France ayant lancé le niveau 3 du plan
neige ou verglas, la DGAC a effectivement
demandé, le samedi 9 février, une réduction des
vols de 20% à Orly et de 30% à Roissy. Or, la
situation météorologique s’étant moins aggravée
que prévu, les interdictions de vol ont été
levées et celles de Roissy ramenées à 20 % du
programme.
Certes,
cette rapide réaction démontre que la DGAC a
suivi de très près l’évolution de la
situation et on ne peut que s’en féliciter. Il
reste que, pris à la lettre, les quotas
arbitraires fixés par l’Administration de
tutelle auraient pu conduire à la suppression de
vols qui auraient très bien pu être réalisés en
toute sécurité. Cela étant dit, les responsables
des aéroports d’Orly et de Roissy sont, eux
aussi, tenus au courant, en temps réel, de
l’évolution de la situation et la logique la
plus élémentaire est d’admettre que la décision
de fixer le nombre de vols pouvant être réalisés
en toute sécurité leur appartient.
Quant à la prise en compte de mes
arguments - n’étant qu’un simple chroniqueur ne
représentant aucune institution, organisme,
entreprise ou association - je n’ai pas le
sentiment qu’ils soient lus à ce niveau de
responsabilité. Le seraient-ils, qu’ils seraient
écartés, ne s’intégrant pas dans la politique de
la maison, dont celle d’ouvrir - probablement à
juste raison - le parapluie du “principe de
précaution” (voir ma chronique “étude du danger”
de novembre 2001 - dans Tome 1 - 34 chroniques
aéronautiques - 1999 à 2003. Editions VARIO).

[✈Fusion AA et US AW].
Question : La fusion d’American Airlines avec US
Airways va constituer la plus grosse compagnie
mondiale de transport aérien, manifestation de
l’hégémonie américaine. Quel est le danger
pour nous européen et comment en est-on arrivé
là ?
Réponse :
Ayant longuement décrit le processus ayant
conduit à de telles consolidations, je n’en
dirai, ici, que quelques mots. La révolution
industrielle du XIXème siècle
a vu la création de milliers d’entreprises.
Depuis cette époque, au fil des ans, un
phénomène de concentration s’est développé un
peu partout dans le monde. C’est alors que dans
le cadre de ce qui a été dénommé la
“globalisation” s’est développée, entre
compagnies, une coopération (commerciale,
assistance en escale,…) qui a débouché sur des
alliances, prises de participations, créations
de filiales, fusions. Cette “globalisation” peut
être considérée comme les prémices d’une
coopération, qui allait être encore plus
poussée. Comme, par exemple, l’émergence des
alliances globales, constituant, en fait, des
hyper-groupes (SkyTeam, OneWorld, Star Alliance,
l’Alliance, Wings, Qualiflyer Group) renforçant
leur domination des marchés. Il en résulta la
disparition de très nombreuses compagnies, des
plus grosses (TWA, PanAm aux États-Unis,
Swissair, Sabena en Europe) aux centaines de
plus petites.
Venons-en
à votre question. Après la fusion
d’AMR (maison mère d’AA) avec US Airways, il ne
reste, désormais, de l’oligarchie de quelques
“majors”, que trois groupes : AMR, Delta
(qui, en 2008 avait fusionné avec Northwest) et
United (qui, en 2010 s’était rapprochée de
Continental). Confrontés aux low-cost (entre
autres, Southwest, JetBlue, …), ils ne
manqueront pas de développer leur activité
internationale. Il est vrai que, d’après l’IATA,
le couple American-US Airways possède déjà 5%
des capacités mondiales en SKO (Sièges
kilomètres offerts), devant United (4,8%), Delta
(4,6%), Emirates (3,4%), Lufthansa (2,8%, mais
sans Swiss, et Austrian), Southwest (2,6%, sans
Air Tran), et Air France (2,3% sans KLM) au même
niveau que British Airways.
On
notera que la fusion ayant abouti à la
constitution de cette “big one” a été obtenu
avec l’accord des pilotes, leur syndicat ATA (Allied
Pilots Association d'American Airlines) ayant
signé un protocole d'accord salarial.
Il
reste que de nombreux problèmes devront être
abordés, comme par exemple celui de la
diversité des flottes : American dispose
d’une flotte “Boeing” homogène, alors que celle
d'US Airways comprend une proportion importante
d'avions de construction étrangère. Par
ailleurs, dans ces mastodontes (près de 7.000
vols quotidiens, 350 destinations avec 1.500
avions et 100.000 employés), il existe également
des dé-économies d’échelle, dont il est rarement
fait état.
Pour
nous, en Europe, la nouvelle “big one” sera un
concurrent non négligeable, mais pas plus que
les compagnies asiatiques et celles du golfe
qui sont de plus en plus performantes et
présentes.
Pour
terminer, je vais rappeler ce paradoxe :
Alors que les États-Unis - pour
laisser s’instaurer une saine concurrence - ont
été les premiers à voter, il y a plus d’un
siècle, une loi anti-trust (“le Shermann act”),
ce sont eux qui, avec la “deregulation” ont
permis l’émergence de méga-compagnies,
constituant des quasi-monopoles prêts à dominer
le marché international.

[✈Low-cost long courrier].
Question : Les compagnies low-cost ayant le vent
en poupe, cela n’est-il pas propice à la venue
sur le marché de low-cost long-courrier ?
Réponse :
Elles existent déjà ! Et cela, bien que le
modèle low-cost court et moyen courrier, ne soit
pas directement transposable aux vols
long-courriers (non retour quotidien à la base,
d’où des frais d’hébergement des équipages ;
travail de nuit des navigants et des personnels
au sol, donc coûts plus élevés, frais de
stationnement plus élevés, quasi impossibilité
d’adopter les mêmes espacements minimum entre
les sièges, impossibilité de supprimer le repas
chaud, sauf à le faire payer ! ...).
Certaines ont été créées ex nihilo.
D'autres sont des compagnies de diverses tailles
qui se sont reconverties. D’autres sont des
filiales de grandes compagnies - dont la
dénomination de la Commission européenne est
maintenant : “Full Service Network Carriers”
(FSNC) - qui ne sont ni “Charters”,
ni low-cost “Low-Cost
Carriers (LCC)”, ni régionales “Regional Carriers
(Regionals)”.
Mais
plusieurs de ces premières tentatives ont
échoué. De mémoire, Air Madrid en 2007
(après deux ans d'exploitation) ; Oasis
Hong Kong Airlines, en 2008 (après 3 ans
d'exploitation), la canadienne Zoom Airlines, en
2008 (après 6 ans d'exploitation), également
Viva Macau, se sont vues retirer leur licence
d’exploitation. En 2008, la compagnie Oasis qui
assurait la liaison Hong-Kong / Londres à très
petit prix, a fait faillite, après seulement 18
mois d’exploitation.
En
revanche, l’Asie est porteuse de projets
low-cost long courrier, que je désignerai
désormais par LCLC. La compagnie
japonaise ANA avait prévu, par exemple, de
lancer, dès 2012, une filiale Peach Aviation. En
février 2011, le premier avion de filiale à bas
coût d’Air Asia - nommée AirAsiaX - s’est posé
sur l’aéroport d’Orly, inaugurant la ligne
Paris-Kuala Lumpur. Mais en mars 2011, la ligne
a été supprimée, le transporteur ayant préféré
se concentrer sur ses marchés principaux situés
en Asie. Singapore Airlines avait aussitôt
réagi, en annonçant la création d’une LCLC.
En
Australie, la low-cost JetStar Airways,
filiale de Qantas, a dévoilé son projet
de LCLC vers l'Europe au départ de
Singapour. La low-cost Scoot, quant à elle, a
inauguré un premier vol
entre Singapour et Sydney.
Aux
États-Unis, Southwest - créatrice du concept
low-cost - a annoncé préparer des vols
vers l’Europe…. La concurrence viendra
de partout…
En
Europe, est envisagée, en 2012, la création
d’une LCLC suisse, FlyA.
La
low-cost Norwegian avait prévu de desservir
New-York et Bangkok, grâce à l’arrivée de
huit Boeing 787 Dreamliner. Or, les problèmes
rencontrés par cet appareil, vont
automatiquement retarder ce projet.
En
France, il y a Transavia, dont j’ai déjà
parlé.
Il
convient également de citer XL Airways.
Après le lancement des lignes Antilles et
Réunion qui a tenu ses objectifs, les nouveaux
actionnaires de la compagnie (fonds
d’investissement participatif BeachSide) croient
au modèle LCLC sur lequel son directeur général,
Laurent Mangin, a basé sa stratégie. En ayant
planifié un agrandissement de la flotte (un A330
par an jusqu’à une dizaine d’appareils), il
envisage, avec l’arrivée d’un nouveau A330-300
mono-classe, densifié à 408 sièges, de
desservir, l’hiver la République dominicaine et
l’été New York. Nul doute qu’avec, à sa tête, un
homme dont l’expérience du monde de l’aviation
est bien connue, la compagnie va pendre une
place de plus en plus importante sur les vols
transatlantiques des LCLC.
On
voit que le modèle LCLC attire de plus
en plus d’investisseurs. La question qui se pose
est de savoir, par exemple, en Europe, sur la
trentaine de compagnies
low-cost, considérées comme solides,
combien seront prêtes à se lancer dans le
long-courrier ? La première à laquelle on
pense est Ryanair qui, d’ailleurs, a déjà évoqué
son projet de relier huit villes européennes à
huit villes américaines.
Finalement,
le concept LCLC est-il viable ? Il
le sera dès lors qu’il commencera à attirer une
nouvelle clientèle moins exigeante (étudiants,
jeunes couples en parfaite santé acceptant de
voyager dans des conditions moins
confortables,…) ; que seront appliquées
toutes les autres recettes complémentaires des
low-cost actuelles, ainsi que toutes celles qui
pourront être retirées des nombreux produits
annexes imaginables sur long courrier (prix du
repas, grille de taxation des bagages en
fonction de certains critères, location d’ipad,
réservation du siège, accès à Internet, …).
Il
reste que si l’on tient compte des
améliorations de productivité déjà obtenues
par les FSNC, il en résultera des
tarifs sensiblement identiques, à quelques
dizaines d’euros près. À ce moment là, il est
fort probable que ce sera l’image de marque de
la compagnie qui sera prédominante par rapport
au prix du billet.
En
conclusion, les LCLC - après des
regroupements qui ne manqueront pas de se
produire - avec leurs spécificités, occuperont
un créneau en dessous des vols des FSNC,
auxquels une large clientèle demeurera fidèle.
Il reste à espérer que la réduction des coûts ne
touchera pas ceux de la formation et de la
maintenance et que l’augmentation de
productivité des équipages par allongement des
durées de vol admissibles, n’aura aucun impact
sur la sécurité aérienne.

[✈Low-cost : zéro accident].
Question :
Les low-cost, comme par exemple Ryanair et
EasyJet, avec zéro accident, font donc mieux
que les autres et pourquoi ?
Réponse : Effectivement,
ce bon résultat a même été reconnu par le
président d’Air France qui a déclaré : “Le succès des
compagnies à bas coûts en Europe ne s'est pas
fait au détriment de la sécurité”.
Bien
qu’ayant déjà longuement abordé ce vaste sujet
dans mes écrits, venons-en à la
question.
Le
médecin s’intéresse aux maux de son patient en
lui prescrivant des médicaments. Transposé
dans le transport aérien c’est l’ensemble de
la communauté aéronautique qui
s’intéresse aux accidents aériens afin d’éviter
leur renouvellement. Ainsi, force est de
constater que, généralement, le commun des
mortels s’intéresse plus à ce qui ne va pas qu’à
ce qui va !
Cela
étant dit, puisque, à l’inverse, la
question porte sur ce qui va, voici
quand même quelques éléments de réponse.
Si
vous demandez à un médecin pourquoi son
patient est en bonne santé, il vous répondra
que c’est parce qu’il a bénéficié d’un
patrimoine héréditaire favorable et parce
qu’il a une bonne hygiène de vie.
Transposé au transport aérien, on dira que si
une compagnie n’a pas eu d’accident s’est parce
qu’elle a de bons avions, de bons équipages et
qu’elle respecte les normes, règles, textes,
etc..., régissant la profession. Cette
conclusion s’applique donc aux deux compagnies
qui sont citées et on pourrait s’arrêter là.
Mais,
dès lors que l’on fait une comparaison avec
“les autres”, il convient de dire de qui il
s’agit ? Forcément, des compagnies dites
traditionnelles. Or, depuis quelques années,
presque toutes les compagnies ayant eu
des accidents sont celles qui, figurant sur la
liste noire, sont interdites en Europe. Quant
aux autres compagnies faisant partie des pays
industrialisés, elles ont enregistré des scores
tout à fait encourageants, puisque se
rapprochant du zéro accident. C’est ce qui
ressort de l’analyse des récentes statistiques
annuelles. Finalement, il n’y a pas que les
low-cost qui n’ont enregistré aucun accident,
mais la presque totalité des compagnies
traditionnelles mondiales. Ceci explique que,
pour fournir une information plus complète au
grand public la question suivante permettrait
d’apporter une réponse plus globale : “Les compagnies
traditionnelles et les low-cost des pays
industrialisés se rapprochant du zéro, se pose
la question de savoir pourquoi ?”.
Restons donc dans la recherche du
“Pourquoi”, en indiquant qu’il serait possible
d’affiner l’analyse, dans les deux cas suivants
:
1.- Tout d’abord, en s’intéressant au
nombre d’incidents. Certes, un accident peut
très bien survenir sans qu’il y ait eu
d’incidents antérieurs. Cela étant, il est
cependant instructif de connaître la tendance :
aggravation ou réduction. En effet l'éventuel
constat d'une augmentation des incidents
révélerait une situation potentielle
d'aggravation du risque. Malheureusement, la
traçabilité des incidents n’est pas encore
complète et, de toute façon, ils ne figurent pas
dans les statistiques annuelles présentées par
différents organismes. Leur prise en compte
permettrait pourtant à l’enquêteur de conclure
que “la
compagnie concernée n’a pas eu d’accident, car
aucun incident antérieur n’a été relevé...”, ou “... car le
nombre d’incidents relevés est en constante
régression”.
2.- Puis, en s’intéressant aux
pré-incidents, c’est-à-dire à ce qui se passe
avant les incidents. C’est à ce niveau que se
situent les premières prémices, les premiers
prodromes des incidents et accidents. Il s’agit
de situations dangereuses desquelles les
équipages se sont sortis, avant que ne survienne
l’incident ou l’accident. Malheureusement, ici
aussi, l'information en “feed-back” des
équipages concernant ces cas de “pré-incidents”
étant quasiment inexistante, il ne peut donc y
avoir de “suivi” de leur évolution.
En
revanche, on peut s’intéresser au
fonctionnement général de l’entreprise qui
révélera ou non l’existence de facteurs
contributifs à la survenance d’un accident. Il
s’agit de causes diverses situées en amont du
vol et qui englobent tout le système
organisationnel du processus logistique, qui
conduit à la réalisation des opérations
aériennes. Rappelons que l’accident peut
être dû à :
- des
causes endogènes, celles qui dépendant de
l’entreprise. Exemples : dysfonctionnements,
anomalies, impasses dans la maintenance
(préventive et corrective), niveaux de formation
et de qualification insuffisants, ...
- des causes exogènes,
celles indépendantes de l’entreprise. Exemples :
défaillance ou insuffisance des infrastructures,
risque aviaire, ...
Les
enquêtes ayant relevé quelle était la cause
initiale (panne d’un moteur, feu à bord,
décrochage de l’avion, ...) - qualifiée
d’“élément pivot” - la recherche porte sur
lesdits facteurs contributifs et c’est la
justice qui appréciera l’importance du lien de
causalité avec la survenance de l’accident.
Finalement, on voit que répondre au
“Pourquoi”, oblige à tenir compte de très
nombreux facteurs, ce qui permettrait la réponse
suivante : “
La compagnie n’a pas eu d’accident parce
qu’elle a de bons avions, de bons équipages et
qu’elle respecte les normes, règles, textes
régissant la profession ; parce qu’aucun
incident ou pré-incident antérieur n’a été
relevé ; parce que, dans les causes
endogènes, aucun fait potentiel contributif à
la survenance d’un accident n’a été relevé”.
Il reste que, même avec une telle
rassurante conclusion, il serait impossible
d’écarter l’hypothèse selon laquelle, dès le
lendemain de ladite déclaration, un accident
survienne.
Pour terminer, trois commentaires :
1.- Il a été annoncé que les
bons résultats des low-cost citées seraient dus
à l’existence d’une jeune flotte d’avions.
Or, il n’y a pas de lien entre l’âge d’une
flotte et la survenance d’un accident, dès lors
que les programmes spéciaux de surveillance et
d'inspection des avions ayant dépassé un certain
nombre d'heures de vol, ont été respectés. Dès
1990, j’ai démontré qu'aucun accident n'avait
été imputé à la vieillesse d'un avion bien
entretenu (mon article “Le vieillissement
des avions”. Revue "Transports" N̊ 344 - nov-déc
1990), ce qui a été confirmé, en 1998, par Tom
Cole de Boeing (“The
physical life of an airplane isn't limited if
it's properly maintened”).
De
plus, il est facile de prendre le contre-pied
d’une vieille flotte, en montrant que,
précisément, c’est au cours de leurs
premières années d'existence que les avions
présentent des “maladies de jeunesse”, surtout
lorsqu'il s'agit de nouveaux types d'avions,
dont les systèmes ne sont pas toujours
complètement “débogués”.
2.-
Il a été déclaré que des pilotes
desdites compagnies ayant subi des pressions
pour embarquer moins de carburant avaient été
obligés de se poser en urgence, avant la panne
sèche ! Les textes prévoient pour chaque vol une
quantité minimale à embarquer. Cette quantité
permet, par beau temps, de se poser avec des
réserves non consommées. Même si le commandant
de bord a grandement majoré cette quantité, il
peut, dans certaines situations (dégradation de
la situation météorologique, piste inutilisable
ou encombré, etc...), être obligé de se poser en
urgence sur un deuxième terrain de dégagement,
le premier ayant été, lui aussi, inutilisable.
Il est inimaginable qu’un pilote accepte
d’embarquer moins de carburant que la quantité
minimale réglementaire, qu’un chef pilote, un
directeur des opérations aériennes, voire le
patron de la compagnie, lui en donne l’ordre ou
fasse des pressions dans ce sens.
3.-
Dès que l’on parle d’accidents aériens, il
convient de savoir quelles responsabilités ont
été retenues par la justice et, également et
surtout, tenir compte de la tendance et
non pas d’accident datant d’une décennie qui
colle, comme une sangsue, à l’image de marque
d’une compagnie, de surcroît lorsque celle-ci
n’a aucune responsabilité dans la survenance de
l’élément pivot, décrit plus haut.
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