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: D'où
provient ce délais de 90 secondes pour
l'évacuation de tous les
passagers? 
de Franber TOURET, ex certificateur et acteur à
la réglementation aéronautique: “Le règlement
américain FAR 25 (Federal Air Regulation
25) ainsi
que le règlement européen
correspondant ont pour exigence commune dans le
cadre de la certification des avions civils qu'en
cas de crash "survivable" la totalité des
passagers puisse évacuer l'avion en moins de
90 secondes, dans les conditions critiques de
configuration de l'avion (par exemple attitude
défavorable de l'avion selon la rupture d'un
des atterrisseurs ou par exemple encore feu d'un
côté de l'avion) avec la moitié
des issues de secours disponibles. Les essais
effectués dans le cadre de la certification
doivent être réalisés avec des
personnes représentatives du passager
"Lambda", tant en ce qui concerne la palette des
âges, le sexe et la méconnaissance de
l'avion. C'est sur la base de ces essais qu'est
fixé le nombre maximal de passagers que
l'avion peut transporter".
: Le
diplôme des PNC est-il le même pour
toutes les compagnies
européennes? 
de Christophe Hardin -Organisme de formation PNC: “Le C.S.S “Certificat de
Sécurité Sauvetage” a
évolué voilà quelques
années pour s’intituler désormais le
C.F.S, “Certificat de Formation à la
Sécurité”. C’est, bien sûr,
toujours un diplôme d’État, mais qui,
maintenant, dans le cadre de l’évolution de
la réglementation européenne (EU.OPS) est harmonisé
avec les autres formations PNC en Europe pour
qu’elles soient, en principe, équivalentes.
À propos de l’évolution de la
réglementation européenne, le nombre
de PNC réglementaires à bord des
avions n’est plus imposé par le nombre de
passagers à bord, mais par le nombre de
sièges en cabine (EU.OPS sous partie O
1.990)”.
: À la suite de la
grève des stewards et hôtesses d’Air
France, un de nos ministres a réclamé
qu’Air France assure un service minimum dans le cas
d’une grève, ce qui serait de nature à
minimiser les perturbations subies par les passagers
que nous sommes. N’est-ce pas une bonne
suggestion? 
: Deux réponses peuvent
être apportées.
La première est celle qui s’appuie sur le
postulat que l’État n’a pas à s’immiscer
dans les affaires privées. Il ne peut donc
exiger la réalisation d’un service minimum
qu’à des sociétés dont
l’activité est vitale ou de service public. De
nos jours, les deux premières
sociétés auxquelles on pense sont la
SNCF et EDF qui -à tout le moins pour le
moment- sont encore en situation de monopole ou
quasi-monopole. Mais ce n’est plus le cas d’Air France
puisque:
-d’une
part après sa privatisation, l’État ne
détient que 15% de son capital ;
-et que, d’autre part, les lignes sur
lesquelles elle assurait un service public en
situation de monopole sont désormais en
concurrence avec plusieurs autres transporteurs.
Il en résulte que dans le cas d’une
grève, sans obligation d’un service minimum, ce
sont les passagers pénalisés,
eux-mêmes, qui peuvent sanctionner ladite
compagnie en s’adressant à la concurrence.
La seconde est celle qui s’appuie sur le principe que
l’État, garant du bon fonctionnement de toutes
les activités de la nation, doit intervenir
dès lors qu’une minorité (donc non
représentative)
pénalise l’ensemble du pays. En clair,
l’État ne peut pas “laisser-faire” et doit
réagir pour protéger les citoyens et les
entreprises pénalisées.
Ainsi, la première repose sur l’application des
règles du système
politico-économique en place.
La seconde repose sur les notions de logique et de
justice. Ne peuvent-elles pas coexister? La solution
ne passe-t-elle pas par une action sur le contenu de
droit de grève?
Certes, le droit de grève est un droit des
salariés prévu par la Constitution. Son
principe ne peut donc pas être contesté,
mais l’exercice de ce droit est cependant soumis
à certaines règles définissant
les critères et conditions devant être
réunis pour qu'une grève soit licite. Il
ne peut se faire que dans la “limite de l’abus”. C’est
ainsi que, par exemple:
-la
grève devient illicite lorsqu’elle
désorganise gravement l’appareil de production;
-toute entrave physique ou pression
psychologique sur des non-grévistes (les “piquets de
grève”) peut
caractériser une faute lourde des
salariés grévistes;
-l’occupation du lieu de travail est
illicite, car elle porte préjudice au droit de
propriété.
Alors, la question posée est de
savoir s’il ne serait pas légitime d’inclure
une nouvelle clause (comme le service minimum, entre autres...)
dès lors que les conséquences de la
grève pénalisent, non pas uniquement
l’entreprise concernée, mais l’ensemble des
activités du pays, en prenant, de
surcroît, pour le cas qui nous concerne, les
passagers en otages?
: Où en est la
généralisation des vols
effectués avec des moteurs alimentés
avec des huiles
végétales, décrits dans votre
chronique de mars 2010? 
: De nos jours il y a trois types
de bio-carburants : Le premier, issu du colza, a
été considéré comme ayant
été à l’origine de l’augmentation
des prix des denrées alimentaires, cequi n’est
pas le cas des deux autres, à savoir: les
déchets forestiers ou agricoles et les algues.
À ce sujet sachons qu’Air France/KLM oeuvre
pour la mise en place de politiques et de
réglementations globales centrées sur
l’utilisation de ces ressources actuellement
limitées par les secteurs ne pouvant encore
bénéficier d’aucune alternative aux
carburants liquides. L’objectif (rappelé par
Pierre Caussade, Directeur Environnement et
Développement Durable) est
de démontrer la faisabilité technique et
économique d'une chaîne complète
de production de kérosène
synthétique en France, depuis la collecte de la
biomasse jusqu'à la synthèse de
carburant. Cette unité pilote est en cours
d'implantation sur le site de Bure Saudron (près des
départements de la Haute Marne et de la
Meuse). Elle devrait produire,
dès 2014, 2.000 tonnes de
bio-kérosène. Ce faisant, Air France/KLM
agit en faveur du développement de
bio-carburants à faible empreinte carbone,
n'ayant pas d'impact environnementaux ou sociaux
négatifs. Le groupe participe ainsi à
l’atteinte de l'objectif fixé pour les
compagnies de l’IATA (Association Internationale des
Transporteurs Aériens):
l’usage par l'aviation de 7% de bio-carburants en
2020.
: Les
américains ayant envisagé
d’améliorer l’expérience des futurs
pilotes, quels en seront les effets directs sur la
sécurité des vols?
: Effectivement, on apprend que la
FAA (Agence
Fédérale de l’aviation Civile)
a proposé qu’un candidat copilote sur un avion
de ligne devrait avoir au moins 700 heures de vol,
alors qu’actuellement ce seuil peut être
réduit à 250 heures. Ce seuil de 700
heures est d’ailleurs inférieur à celui
de 1.500 heures, souhaité par le
Congrès, pour assurer une meilleure
sécurité de l’Aviation civile. Il
importe de savoir que le lien entre expérience
acquise et nombre d’heures de vol dépend non
seulement;
-du nombre
d’heures de vol effectuées pendant la formation
;
-du contenu de la formation (cours
théoriques, entraînement sur
simulateur, exercices en vol et maniabilité)
; mais également de la nature des vols
effectués après la formation initiale,
à savoir, entre-autres :
-de l’origine de l’expérience
acquise (armée
de l’air/ aéronavale ou aviation civile)
;
-de la fonction assumée (copilote et/ou
commandant de bord) ;
-du type d’avion (à
hélices ou jet, mono ou multimoteur,...)
;
-du type de réseau
fréquenté (vols
systématiques à vue ou
procédures de vols aux instruments)
;
-de la longueur du réseau (long ou court-courrier)
qui conditionne le nombre de vols (décollages et
atterrissages) et le nombre
d’approche aux instruments.
Il en résulte que les combinaisons
possibles de ces diverses situations, conduisent, pour
un même nombre d’heures de vol, à des
expériences, donc des compétences bien
différentes les unes des autres.
: Dans votre chronique
d’octobre vous avec cité l’existence d’un
“Boeing French Team”, composé d’un ensemble
d’industriels français, participant à
la production du B787. La participation de
sociétés françaises joue-t-elle
un rôle important dans la chaîne des
fournisseurs de l’avionneur
américain?
: Certainement, car dans le cadre
du programme 787 Dreamliner, Boeing a effectivement
fait appel aux meilleurs de l’aéronautique
mondiale, en intégrant dans la “Boeing French
Team” plusieurs entreprises françaises, dont
certaines de tout premier rang (Dassault
Systèmes -Deutsch -Labinal
-Latécoère -Liebherr Aerospace -Lisi
Aerospace -Messier-Bugatti -Messier-Dowty Michelin
-Radiall -Snecma -Souriau -Zodiac Aerospace et
Thales, le leader mondial de l’électronique
et des systèmes) , et ceci
grâce à leur capacité
d’innovation, leur niveau d’excellence et leur
savoir-faire technologique dans plusieurs domaines (les freins, la
connectique, l’électronique, les trains
d’atterrissage, les portes, la conception
d’ensemble assistée par ordinateur, ...).
Ajoutons qu’actuellement, plus d’une centaine
d’entreprises françaises sont présentes
sur les programmes Boeing ce qui fait de la France un
fournisseur majeur et stratégique de Boeing.
Rappelons que cette relation de partenariat a
débuté avec CFM International,
co-entreprise créée en 1974 par General
Electric et Snecma (Groupe Safran). Fruit de
cette collaboration, le moteur à
réaction CFM56 équipe près de 12
000 appareils civils et militaires de Boeing dans le
monde.
Ce partenariat historique avec Safran s’étend
aujourd’hui à d’autres filiales du groupe
français.
C’est ainsi qu’en 2003, Boeing a salué le
savoir-faire français, Messier-Bugatti et
Radiall ayant été reconnus par le Groupe
comme “Fournisseur de l’Année”.
Finalement, la contribution économique de
Boeing en France est extrêmement importante en
termes de chiffre d’affaires pour l’industrie
française (4 milliards US$ annuel) et
d’emplois créés dans l’Hexagone (23.000).
Cette magnifique réussite de nos industriels
doit être mise en exergue et nous ne pouvons que
nous en féliciter.
: Le fait qu’Air France se
lance dans les vols “low-cost” ne va-t’il pas
conduire à une sur-offre?
: En 2003, j’écrivais
“Dès lors que les “low-cost” s’immisceront sur
les lignes des groupes en place, elles
déclencheront des réactions de riposte.
Les compagnies dites “régulières” -qui
avaient créé leurs propres filiales
“charter”- créeront leurs propres filiales
“low-cost”, en proposant, certes, des tarifs
légèrement plus élevés,
mais restant attractifs, car compensés par des
avantages qui n’existent pas chez les “low-cost”
actuelles”. Air France a effectivement
créé sa filiale low-cost “Transavia” et
vient de mettre sur pieds une structure “low cost”
permettant de se lancer dans la desserte
européenne en concurrençant Ryan Air,
Easy jet et d’autres. Pourtant, en Europe plusieurs
grandes compagnies ont renoncé (ce qui a
été le cas de BA avec G0, SAS avec
Snow, KLM avec Buzz, Iberia avec Click Air, DLH
avec Gemanwings et BMI,...).
Certes, ce processus d’attraction de la
clientèle par une baisse des tarifs -bien
analysé par les économistes et
confirmé par les faits -s'appuie sur l'offre
d'un même produit, dit "homogène".
En fait, les produits offerts sont
différenciés (classes, dessertes,
horaires, service à bord, ...),
ce qui conduit à une situation dite
d'“oligopole différencié”, dans
laquelle, une disparité entre les tarifs
pratiqués par les concurrents n'entraîne
pas automatiquement un déplacement de toute la
clientèle, vers le produit le moins cher.
Cela étant, j’ai démontré,
à plusieurs occasions, que cette situation dite
d’“oligopole restreint” conduisait automatiquement
à un équilibre instable. En effet, sauf
si l’arrivée d’un nouveau concurrent attire une
nouvelle clientèle, il en résulte que le
coefficient de remplissage de tous les
compétiteurs en sera réduit, ce qui
conduira certains à se retirer du
marché. De plus, la course à
l’abaissement des tarifs, indispensable à la
conquête de la clientèle des concurrents
conduit:
-à la disparition de ceux disposant de la moins
forte capacité financière, alors
condamnés à la faillite, ce qui a
déjà été constaté;
-à l'apparition de situations dominantes, par
absorption des concurrents en situation de
vulnérabilité, ce qui s'est produit aux
Etats-Unis, où 60% des 230 compagnies
américaines ont disparu ou ont
été absorbées par d'autres
compagnies, devenues plus puissantes.
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1.-
Chronique de décembre 2011
Cette
chronique répond aux questions
relatives aux sujets suivants :
-
Évacuation des passagers ;
- Diplôme
"sécurité" des PNC
(Personnel Navigant Commercial) ;
- "Service minimum" en cas de
grève ;
- Bio-carburants ;
- Expérience des pilotes ;
- "Boeing French Team" ;
- Marché des "low-cost".
2.- Ma 2ième lettre
novembre
Elle peut également
être lue sur le très riche
site de la Postale de nuit,
créé par le Commandant Henri
Eisenbeis :
http://henri.eisenbeis.free.fr/belotti/2011/11-novembre/2e/Chronique-2e-nov-2011-greve-15_000-hotesses-et-stewards-jean-belotti.html
3.- Ouvrages
===> "La ligne
LATÉCOÈRE et
l’AÉROPOSTALE / les chevaliers du
ciel"
Ouvrage pouvant être
commandé sur : villalobos@orange.fr
ou
à l’adresse suivante : VILLALOBOS
Éditions 576 chemin de la Giraude 83210
Solliès -Ville. Ce livre vient de se voir
décerner un coup de coeur de
l'Aérobibliothèque, sur le site :http://www.aerostories.org/%7Eaerobiblio/article3463.html.
Il est présenté sous la
forme d'un Portfolio, dans lequel on trouve un
cahier de 8 pages ainsi qu'un coffret de 20
planches photographiques (au format 30 cm x 40
cm) pour célébrer les grandes
heures de l'aviation, ses hommes, ses espaces
à conquérir et ses machines.
Cela étant, n’ayant pas lu tous
les ouvrages consacrés à cette
époque et n’ayant donc pas la
compétence de donner un avis
fondé, je ne donnerai, ici, que le
souhait d’un lecteur :
"Pour
une fois, essayons de faire fi des
ravageuses querelles qui sévissent
autour de l’histoire des Lignes
Latécoère et de
l’Aéropostale ; prenons-nous à
rêver qu’un jour prochain seront
mutuellement reconnus les rôles
essentiels de tous les artisans, grands ou
petits, qui œuvrèrent à cette
grandiose idée, qui y risquant ou y
perdant leur fortune, qui y risquant ou y
perdant la vie". Notes du
webmaster: L'Aéropostale
& LIGNE
AERIENNE FRANCE-ARGENTINE AUX MARTYRS DE
L’AIR
===>
"Cent vingt années d’innovations en
aéronautique" de Jean
CARPENTIER. Editions Hermann 736 pages.
Ouvrage
très bien documenté - faisant appel
à des compétences accumulées au
cours d’une brillante carrière (ancien
directeur à la Délégation
Générale pour l’Armement et
président de l’ONERA - Office National
d’Études et de Recherches Aérospatiales)
- pour raconter la grande aventure de
l’aéronautique, depuis 120 ans.
Extrêmement instructif, ce livre montre comment
le rêve des hommes a pu engendrer des
innovations qui ont conduit à
l’aéronautique moderne et qui se sont
réalisées grâce à
l’imagination, la rigueur, l’enthousiasme des hommes,
la rigueur scientifique, l’imagination
créatrice et l’aptitude à l’esprit
d’équipe, qualités nécessaires
pour réaliser des produits qui sont des
systèmes d’une complexité croissante. Ne
pas hésiter.
===> Ouvrages
de Comaéro (Comité
pour l'histoire aéronautique).
http://www.chear.defense.gouv.fr
.
Précieuses publications pour l’historien
entrant dans le domaine, ces documents riches en
indications techniques et chronologiques sont
désormais disponibles gratuitement. Il suffit
de cliquer sur série d’ouvrages thématiques, ce qui ouvre une
page comportant tous les titres des ouvrages
disponibles sur Internet. La version ".pdf" de chaque
ouvrage est accessible en cliquant sur son titre (ou,
dans le cas des ouvrages en deux volumes, sur "vol 1"
ou "vol 2").
4.- "Les
débuts de l'aviation, l'année 1911"
Conférence
sur l'histoire de
l'aéronautique, d'après Jacques MORTANE
(1883-1939). Présentation par Daniel FLAHAUT
(Ancien président national de l'Association
Nationale des Sous-Officiers de Réserve de
l'Armée de l'Air et président adjoint de
la section de Paris) et Jean-Michel BORDE
(Président Ile de France de l'ANORAA).
Rendez-vous le 15 décembre à partir de
18h30. Salle d'examens de la Cité de l'Air et
Base Aérienne 117, au 5 bis avenue de la Porte
de Sèvres. Paris 15ème. Métro
Balard. Inscription obligatoire au 06 60 71 36 91 ou
par mail à : acfd@acfd.fr
Bonnes
fêtes de fin d’année.
Bien
cordialement.
Jean Belotti
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