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Un peu d'histoire... |
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Ainsi naquit LA POPOTE DES AILES, le vendredi 22 juillet 1921, à Paris | |||||||
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Maurice BOURDET GRANDEUR ET
SERVITUDE DE L’AVIATION 1933
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Gaston DECOOP
La Popote des Ailes ses pilotes, ses amis, son
histoire 1990 |
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de PHILIP 6 Les Présidents successifs de la Popote depuis 1933...premier président en titre Georges Détré... | |||||||
Roger Labric
Popote d'aviateurs, la Popote des
Ailes 1935 à
Chaville. |
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180 liens |
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1
Les Essais en Vol à Villacoublay
L’on peut dire qu’aux tout débuts de l’Aviation, tout se faisait par tâtonnement; les constructeurs, en général, essayaient les avions de leur conception; des pilotes particuliers rendirent également de grands services; des succès comme des échecs de tous, furent tirées les premières lois expérimentales de l’aérodynamique. Dès 1910, après la grande semaine de Reims, l’armée passa une grande commande d’avions, ce qui posa le problème de leur réception. Deux centres furent créés à Chalais-Meudon et à Vincennes; de leur collaboration avec l’institut aérotechnique de Saint-Cyr sortirent les premières méthodes scientifiques qui devaient donner des résultats d’essais en soufflerie et en vol. En 1911, l’administration des domaines achète les terrains de Villacoublay que l’armée occupe pour effectuer ses réceptions. Un décret du 25 novembre 1911 crée un brevet de pilote exigeant deux circuits fermés d’au moins 5 km, une montée à 50 m et un atterrissage moteur coupé. De plus, un règlement prévoit, pour la réception des avions destinés à l’armée, l’exécution de trois atterrissages, deux heures de vol à pleine charge, sous contrôle militaire. Les constructeurs sont amenés à faire appel à des pilotes d’essais qui assument la mise au point des avions et leur présentation aux acquéreurs. Le champ des essais en vol est alors surtout d’éviter la chute. Un peu plus tard, sont entreprises des recherches plus méthodiques et plus précises qui tendent à pouvoir comparer les résultats des vols avec ceux établis en soufflerie. De 1911 à 1914, le développement de l’aviation s’accélère; fin 1913, le record de vitesse est porté à plus de 200 km/h et celui d’altitude à 6.150 m. A la déclaration de guerre en 1914, Louis Breguet replie ses ateliers de Douai à Villacoublay, l’invasion du nord de la France par l’armée allemande étant à redouter; d’autres constructeurs, tels Nieuport, viendront s’y installer pour la réception de leurs avions, au cours de la guerre. Les pilotes d’essais, d’abord mobilisés, seront bientôt rendus à leur métier. En 1915, le ministère de la guerre, auquel était rattaché l’aviation militaire, crée à Villacoublay une section des essais en vol dépendant du Service Technique de l’Aéronautique. Son rôle sera de contrôler les performances (temps de montée, vitesse en paliers à diverses altitudes, plafond) des avions français à livrer à l’armée comme des avions allemands capturés. A l’armistice (1918), l’Aviation avait fait des progrès considérables quant aux performances, mais on ne savait pas encore mesurer les qualités de stabilité, de manoeuvrabilité et de maniabilité; selon l’expression consacrée «on pilotait avec les fesses»: le pilote sentait l’avion comme le cavalier le cheval. La section d’essais semble avoir été en sommeil de1918 à 1920. Elle se développera à partir de 1920 grâce au concours d’un personnel navigant et technique de haute qualité, dont l’effort se portera sur l’amélioration de l’instrumentation (mensuration, pesée, mesure des températures en altitude, installation d’appareils enregistreurs à bord des avions). Un bureau de calculs bien étoffé tirera les conséquences des mesures effectuées. En1925, verront le jour une Commission d’Admissibilité des Prototypes et un Groupe des Avions Nouveaux (le G.A.N.) chargé des essais d’utilisation militaire. La section voit alors son rôle de contrôle s’accroître d’un rôle de mise au point. En 1933, la Section et le G.A.N. fusionnent pour former le Centre d’Essais en Vol (le C.E.V.). C’est alors que seront définies les caractéristiques de qualités de vol, stabilité longitudinale et transversales, par des méthodes précises et scientifiques, et assurée une mise au point des moteurs en vol (refroidissement, mesure de leurs performances en altitude pour les premiers moteurs à compresseurs). Le C.E.V., étant devenu le conseil des constructeurs, dont les équipes de mise au point au sol et en vol appliquaient ses méthodes avant de lui passer en main les prototypes. Les personnels des deux bords, civils et militaires, lièrent amitié au cours de ces années et se retrouvèrent chaque jour pour déjeuner au restaurant de Viroflay, alors devenu la «Popote des Ailes». De 1936 à 1938, arriva une nouvelle génération d’avions, celle qui devait faire la guerre, porteurs de nouveautés telles que habitacle fermé, train rentrant, hélices à pas variable, moteurs à compresseurs. Le Centre prit alors le titre de C.E.M.A. (Centre d’Essais du Matériel Aérien). Il se replia en 1939, à la déclaration de la seconde guerre mondiale, sur le terrain d’Orléans-Bricy. En 1940,après la foudroyante avance de l’armée allemande, la Luftwaffe prit possession du terrain. C’en était fini de Villacoublay, le C.E.V. devant se reformer à Brétigny sur Orge après la guerre. |
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2 Le
restaurant de la rue de Jouy, à Viroflay
Nous n’avons guère de renseignements sur cette maison quant à la période antérieure à 1920. Comment s’appelait-elle ? Qui en était propriétaire ? Nul ne peut le dire. Quelques témoignages nous révèlent seulement qu’elle existait: – Sur le Livre d’Or de la
Popote des Ailes (nous en parlerons), Lionel de Marmier
écrit, le 4 juin 1931: «J’ai battu mon dernier record.
J’ai revu, sans être déçu, ce que j’avais connu à vingt
ans, et cela quinze ans plus tard».
– Jean Martin, une très Vieille Tige, dit-il, relate sur le même livre : «Dire qu’en 1916, je suis venu déjà à la Popote des Ailes et qu’il a fallu attendre 1932 pour reprendre un contact charmant avec les meilleurs camarades!». – Nous savons aussi que, pendant la Grande Guerre, René Labouchère, pilote de l’Antoinette en 1909, ramena du front à Villacoublay, pour étude et essais, un avion allemand qui s’était posé intact dans nos lignes, et qu’à la fin du conflit il était chef du Centre d’Essais. Il fréquenta la Popote. – L’inspecteur général Etévé, capitaine à l’époque, m’écrivit, un jour, qu’il était passé, pendant cette même guerre, à l’établissement qui devait devenir bien plus tard la Popote des Ailes. – Louis Breguet, Edouard Nieuport aussi occupaient des hangars à Villacoublay. Les frères Morane avaient leur terrain de l’autre côté de la route de Choisy le Roi à Versailles. Ce haut lieu de l’Aviation fut donc alors au moins un embryon de terrain d’essais. Tous les gens qui s’y côtoyaient se connaissaient, bien sûr, il n’est pas défendu de supposer, d’après les témoignages précités, qu’ils se rencontraient à la Maison de Viroflay, ils la connaissaient en tous cas – Quel fut son rôle exact ?
Je ne vois personne aujourd’hui qui puisse éclairer nos
lanternes
– Par contre, arrivé chez Breguet début juillet 1921, je puis personnellement parler avec certitude de ce qui se passa à partir de cette date. |
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Avant de clore ce chapitre, quelques
lignes s’imposent quant à la personnalité de Ramondou: |
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4 LA POPOTE DES
AILES 1927! C’est le rachat de l’Hôtel Moderne rue de Jouy à Viroflay par Henriette Puyade et son époux. Les débuts sont loin d’être brillants. Antérieurement, Mme Puyade tenait un restaurant à Boulogne-Billancourt, où déjeunaient les ingénieurs des usines d’aviation et des fabriques d’équipements (Farman, Air-Equipement, etc.), dont Malfanti, dit Fanfan, représentant la société Air-Equipement auprès des constructeurs et des utilisateurs, ancien pilote de ligne estropié à la suite d’un accident aérien. Un jour, descendant de Villacoublay, il s’arrêta à l’Hôtel Moderne pour prendre un pot. Oh! Surprise! il y trouva Mme Puyade. «Tiens dit-il, que fais-tu ici? Eh bien répondit-elle, nous avons repris ce restaurant, mais la Maison est tombée et nous avons bien du mal à relancer l’affaire». Fanfan battit le rappel auprès de ses relations à Villacoublay, tandis que Mme Puyade, parallèlement, avait sollicité l’aide de Mme Ramondou qui, très aimablement, s’était mise à sa disposition quelques mois durant. Petit à petit, la clientèle de Villacoublay redescendit à l’heure du déjeuner; la bonne cuisine et les attentions de l’hôtesse aidant, la maison refit surface. Un premier banquet se situe en 1928 ; il avait pour objet de fêter le tour du monde que Costes et Le Brix venaient de réaliser à bord du Breguet Nungesser et Coli entre le 10 octobre 1927 et le 14 avril 1928. Il comptait 46 couverts et fit grand bruit à l’époque. La famille Ramondou était présente. Il devait être suivi de bien d’autres agapes, au cours desquelles le record de 46 couverts fut largement battu ; l’ère des grands raids et des records mondiaux devait, en effet, nous fournir bien des occasions de réjouissances. Dans le langage courant, l’Hôtel Moderne était devenu «le Bistrot», tandis que Mme Puyade était baptisée «Mémère». En1929, Le lieutenant Dantan, du C.E.M.A. (Centre d’Essais du Matériel Aérien), proposa pour le Bistrot le nom patronymique de «Popote des Ailes». Ce titre, moins prosaïque, eut le don de plaire et réunit l’unanimité dans l’enthousiasme. Mémère, qui nous comblait de ses attentions et veillait avec un soin jaloux à notre confort alimentaire, n’avait rien à refuser à ceux qu’elle appelait «ses Petits», et qu’elle traitait comme ses propres enfants, l’enseigne fut bientôt mise à jour… et cela s’arrosa. En 1930, à l’instigation de Gustave Lemoine, dit «Tatave», pilote d’essai aux Avions Potez et recordman du monde d’altitude avec 13.161 m, Mémère ouvrit un Livre d’Or. La première signature fut celle de Dieudonné Costes, le futur vainqueur de l’Atlantique Nord dans le sens Paris-New York, suivie de celle de Codos. En équipage ils venaient de battre le record de distance (partis de Paris, ils s’étaient arrêtés à Rayak, en Syrie). Que de dédicaces ! Que de signatures illustres d’aviateurs du monde entier, de ministres, de sénateurs, de députés, d’artistes célèbres, ont remplis les feuillets suivants! Que de disparus aussi! Vint la Seconde Guerre Mondiale avec l’armistice. Après celui-ci Maurice Claisse écrit: «Aujourd’hui 1er août, tout seul, je rouvre la Popote. Vivent les Ailes Françaises». Le jeudi 12 septembre, première réunion: 11 signatures. Puis c’est la mise en sommeil longue!... longue! Mémère s’éclipsa et se retira à Michery (Yonne), son village natal. Quatre ans plus tard, le 1er août 1944, Mémère colle la photo de Maurice Claisse et inscrit dessous: «Colonel Claisse, des F.F.L., retour d’Angleterre». Le 12 septembre 1944, on lit ces lignes suivies de nombreuses signatures: «La première vraie Popote après la Libération: le souvenir des Disparus si chers, le plaisir de retrouver les gueules amies et la joie de voir la Mémère rester notre Mémère et nous accueillir». En 1955, Mémère, fatiguée, met la Popote en gérance; elle la vend en 1957. Elle s’était retirée à Michery. L’affaire continua à tourner jusqu’en 1964 , date à laquelle elle fut à nouveau mise en vente; puis elle passa entre les mains d’une série de propriétaires, subissant plus ou moins d’aventures, dont la plus grave fut sa fermeture en 1983. Le 2 octobre 1969 avait eu lieu le repas du quarantenaire de la Popote des Ailes (nous rappelons que c’est en 1929 qu’elle avait reçu ce nom de baptême). M. et Mme Puyade étaient invités, et Micheline Sandrel avait fait un enregistrement remarquable qui fit l’objet d’une émission télévisée. En 1985, la Popote rouvrit ses portes. La tradition s’y poursuit : les anciens, auxquels se sont joints de moins anciens assurent la relève, s’y retrouvent le premier jeudi de chaque mois ; chansons et belles histoires s’y entendent à nouveau, dans cette même salle qui nous fut réservée jadis ; les murs sont à nouveau revêtus des photos dont chacune avait été dédicacée à Mémère (photos qui avaient un jour disparu, puis furent récupérées non sans mal) Le 15 juin 1985, une plaque commémorative, apposée sur le mur de façade, a été dévoilée en présence de M. Wagner, sénateur maire de Vélizy-Villacoublay, de M. Martin maire de Viroflay et du colonel commandant la Base Aérienne de Villacoublay représentant le général commandant la 2ème Région Aérienne. Elle rappellera au passant ce haut lieu de l’Aviation que fut Villacoublay, comme celui de ceux qui y préparèrent l’Aviation d’aujourd’hui. Depuis sa réouverture et par suite de la vente et de la transformation en appartements du restaurant de la rue de Jouy, les membres de la Popote des Ailes se retrouvent traditionnellement, à 12 h 30, chaque premier jeudi du mois, à la Chaumière, 3 avenue de Versailles à Viroflay. Depuis cinq ans qu’elle existe, la «Popote des Ailes» n’est pas seulement devenue le restaurant de l’aviation; elle a créé un milieu. Ses hôtes ordinaires viennent d’un peu tous les aérodromes. Il y en a de Villacoublay, d’Orly, du Bourget, de Buc, de Toussus le Noble. Vous y rencontrerez des pilotes d’essai, des pilotes de ligne, des pilotes militaires, même des pilotes qui, depuis longtemps, ne volent plus. Vous y trouvez des moniteurs, des ingénieurs, des metteurs au point, des fonctionnaires, des industriels. Et tout ce monde se connaît, se tutoie, se chamaille sans cesse, obéit, chaque jour, à un devoir dont il se fait une joie. Le cadre? Imaginez, au bout d’un jardin sans prétention, une grande salle aux murs tapissés de photos, de dessins, de caricatures, vrai palmarès d’appareils, de pilotes, de mécanos; tous les visages et toutes les écritures, les serments d’amitié, les traditionnelles plaisanteries. Au plafond, une hélice qui semble immobiliser un moteur invisible. Et quand on vous sert, regardez bien votre assiette ; elle porte un monoplan, comme une invitation au voyage. Mais je ne vous aurais rien dit de la «Popote des Ailes» sans évoquer son atmosphère. Le cafard n’y est pas seulement inconnu, comme la mauvaise chère. On y mène grand tapage; on ne s’y embarrasse pas de formules; on y clame sans vergogne ce qu’on se contente, ailleurs, de murmurer. Le philosophe n’y verrait, sans doute, que des âmes à nu; pour moi, c’est toute l’aviation qui s’y révèle, sa cordialité, sa franchise, sa foi en elle-même, son acharnement à déborder son cadre, à forcer le réseau des traditions qui l’enserrent, la réduisent à n’être souvent que ce qu’elle est. On n’y est pas méchant; on n’y est pas toujours juste. Mais on y aime passionnément son métier, avec ses dangers, ses travers, ses incertitudes. L’homme de l’air continue d’y vivre, en toute liberté, comme là-haut. Maintenant, Mme Puyade, patronne improvisée maman, me montre le livre d’or de la maison. Elle en effleure les pages. Je ne sais qu’un bibliophile de vieille souche pour avoir tant de respect, tant de piété. En ces dédicaces, ces parafes, ces paradoxes, ces caricatures, voire en ces quatrains, c’est un chapitre de l’histoire de nos ailes que je lis. Voici Costes, dont je vous dirais bien l’inscription si elle était en latin. Doret, Détroyat, Pelletier-Doisy, Réginensi, Haegelen, Codos, Bellonte, Bathiat, Malfanti, Lemoine, recordman actuel de l’altitude, Fickinger, dit fifi, l’enfant terrible de Villacoublay, Carniaux,Barbot,Paulhan, Maryse Hilsz, qui dessine un cœur; Lena Bernstein, qui, disciple de Foujita ou d’Hokusai, fait de la miniature japonaise… Rien de plus ingénu, sans doute,que cette tradition du livre d’or par l’image ordinaire qu’elle nous offre de ses signatures ; mais aussi rien de plus émouvant, quand les noms qu’on y voit tracés n’ont déjà plus que la couleur du souvenir. Le Brix, Bucquet, Villechanoux, Lalouette, Paillard, Baptiste, ont appuyé leur plume sur ces pages. Voudrais-je me les représenter que ces quelques traits à l’encre noire me parleraient déjà d’eux. Mais je n’ai qu’à regarder Mme Puyade, je n’ai qu’à l’entendre me dire de chacun: «Mon pauvre petit!», et je sais pourquoi elle les aime, par quels signes plus simples que leur gloire ils vivent encore dans son cœur. GRANDEUR ET SERVITUDE DE L’AVIATION par Maurice BOURDET - 1933 |
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Quand on lui apprit qu’elle allait
recevoir cette distinction, elle crut tout d’abord à une
plaisanterie, grande fut son émotion quand elle réalisa. Adieux à Mme PUYADE
NOTRE «Mémère» de la Popote des Ailes Oh ! l’amour d’une Mère, amour que nul n’oublie, Pain merveilleux qu’un Dieu partage et multiplie, Table toujours servie au paternel foyer Chacun en a sa part et tous l’on tout entier Victor Hugo, Mémère, eût-il pu te connaître,. Qu’il n’eût jamais écrit autre quatrain pour toi. Du fond de notre cœur rien ne peut disparaître De l’amour que, pour nous, tu nourris avec foi. Oui, tu fus notre Mère, seconde Maman, Qui partagea toujours et nos joies et nos peines, Nos succès, nos revers : beaux souvenirs d’antan ! Nous étions tous à toi, sans préférence aucune ; Ta bonté légendaire avait conquis nos cœurs. Tu sus, en bien des cas, soulager l’infortune, Etre le réconfort de tes aviateurs. Tu nous consacras trente années de ta vie, Où chaque jour, pour nous ta table fut servie. De chacun d’entre nous tu servais le régime Et tu n’en tolérais écart, même minime. Tu connus les grands de l’Aviation (De France, d’Amérique, d’Albion et d’ailleurs, Des Essais, de la Ligne, des raids la légion, Ministres, Députés, Généraux des meilleurs) Dont ton beau Livre d’Or est le vivant témoin, Le lire, le relire fut ton ardent besoin ; Il fut ton compagnon jusqu’à ton souffle ultime, Ton bréviaire, ta joie et ton amour sublime. Tu rejoins aujourd’hui tous nos grands disparus, De t’accueillir, Mémère, ont les sent tout émus, Quant à nous, survivants d’une époque héroïque, Nous gardons en nos cœurs ton souvenir pieux, En attendant qu’un jour, ô vision magnifique ! Tes fils, autour de toi, soient unis dans les cieux. G. DECOOP |
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6 Les Présidents successifs de la Popote
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A la popote, chaque jour, à midi, la
bonne patronne compte avec angoisse ceux qui entrent. A Chaville, à table avec les pilotes d'essais |
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LA POPOTE DES AILES Roger Labric source
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La Popote des Ailes Boum! Voilà Nectar! La crème de Baptiste La belote, "sport préféré" Jours de gala Souvenirs tristes Le livre d'or |
le texte de "L'Aéro" du 20 septembre 1935 |
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Ci-dessous, le
texte |
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Popotes d' aviateurs Journal "L'Aéro" du 20 septembre 1935 A Chaville, à table avec les pilotes d'essais Par Roger Labric (Rédacteur en chef de l'Aéro et Aviateur de 14-18) |
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Comme il redescendait d'un bond à huit mille, avec un avion de chasse argenté, Marcel Doret, tout en quittant son harnachement de bord et ses cuirs, proposa: - On déjeune ensemble? Le vaste aérodrome d'essais était devenu désert et silencieux. C'était l'heure de midi et le calme des champs nous environnait soudain. Seuls des papillons voletaient sur la piste. Quelques avions de série sortant de l'usine restaient alignés devant les hangars, mais avec l'hélice au repos; c'était le travail de l'après-midi, essais et réceptions. Je questionnai Doret: - Tu dois revenir ici tantôt? Le chef pilote me désigna un hangar plein d'avions neufs: - Nous avons du pain sur la planche! Le pauvre Le Brix, s'occupant à l'époque de préparer le raid vers Tokio et qui venait d'arriver, accepta lui aussi l'invitation et nous descendîmes, tous trois, sur Chaville, vers la Popote des Ailes. La Popote des Ailes Imaginez un de ces petits restaurants de banlieue, avec un bout de jardin, qui conduit à une grande salle pour noces et banquet. Rien ne manque dehors: la balançoire, les boules, le jeu de tonneau ; ni dedans où le piano descend d'un demi-ton tous les six mois. On y accède, en venant de Villacoublay, par une petite route qui traverse les bois de Chaville, dégringolant du plateau en une bonne descente, avec deux lacets simili-montagne! La Popote des Ailes offre sa devanture de bistro peu avant d'arriver au pont du chemin de fer de la ligne des Invalides-Versailles et, selon le nombre de voitures alignées dans la rue de Jouy, on peut juger du nombre de convives. C'est Mme Ramondou, les pilotes l'appellent encore Maman Ramondou (elle est la femme du réputé mécanicien-metteur au point des avions de Costes), qui créa la Popote des Ailes. Maman Ramondou sut créer l'atmosphère entre pilotes civils et militaires; elle sut aussi leur faire de bons plats et pas chers! On mange à Chaville pour 12 francs, vin compris, et Mme Pouyade qui, depuis plusieurs années a succédé à Maman Ramondou, a su maintenir la tradition et les prix. Boum! Voilà Nectar! Nous étions à table depuis un bon quart d'heure et le déjeuner se poursuivait joyeux, comme tous les déjeuners de la Popote de Chaville. Le grand maître des cérémonies, le colonel Canonne avait demandé le "bénédicité", et, tandis qu'on faisait passer les plats, je regardais les photos pendues au mur. Thierry, Fronval, Léna Bernstein, tant d'autres, disparus. Soudain, une voix annonça: - Boum! Voilà Nectar! Et ma foi, le seigneur Pouyade entrant à l'instant même, ses flacons de blanc et de rouge pendus à chaque bras, ses "fines bouteilles", comme dit Fickinger, avaient bien tout de "l'envoyé spécial" de chez Nicolas. Autour de la grande table, ce jour-là, que de visages sympathiques! Tous les pilotes d'essais: Maryse Bastié, Haegelen, Delmotte, Lemoine, Périot, Lepreux, Fickinger, Desjobert, Baptiste, Malfanti, etc, des militaires de la technique: Canonne, Le Brix, de Fonds-Lamothe, Moutonnier, Discours, etc. Que de "discutages de coups", que d'histoires gaies! Le temps passe avec une rapidité foudroyante à la Popote des Ailes, où la bonne humeur de tous n'égale que leur bon appétit. Comme disait Marcel Doret en piochant dans les hors-d'oeuvre: "Ca creuse, deux grimpettes dans la matinée." La crème de Baptiste Un jour de gala - c'était un vendredi, et l'on fêtait quelques croix de la Légion d'honneur bien placées chez les pilotes d'essais - Mme Pouyade, à cette occasion, avait mis les petits plats dans les grands. Il y avait des "invités", quelques confrères de la presse parisienne et aéronautique, dont Maurice Bourdet, Houard, Peyronnet de Torrès et autres. L'ambiance y était plus que jamais. Vers la fin du repas, un coup de téléphone fit bondir le jeune Baptiste à l'appareil. Il y avait une mission siamoise sur le terrain et il fallait que Baptiste fasse une présentation d'appareils. Au même instant, on servait une crème délicieuse dont le jeune pilote était très friand. Résigné, mais le devoir passant avant tout, il lorgna de côté, vers la serveuse et, pliant sa serviette, il lui fit cette importante recommandation: - Angèle, ma jolie, je monte au terrain, je n'en ai pas pour longtemps, mais surtout mettez ma crème de côté! Puis il redescendit une heure plus tard, le visage boursouflé par le froid des hautes altitudes, ayant volé sur trois appareils différents. On avait desservi la table et c'est le phonographe maintenant qui avait la parole. Baptiste, sans plus penser au dur métier des ailes, redevenu seulement un grand enfant gourmand, appela la serveuse: - Angèle, ma crème! La belote, "sport préféré" Après le repas, lorsque le temps est mauvais, que les vols sont impossibles là-haut sur le plateau, on se distrait comme on peut à la Popote des Ailes. Il y a le billard russe et surtout la "belote". C'est le sport préféré des pilotes, lorsque le vent hurle dans la cheminée ou lorsque la pluie tambourine sans répit sur les carreaux. Il y a le dernier mille parole d'honneur. Je ne parle pas des artistes de la Popote, car il y a les choeurs et les individuels. La direction des choeurs fut confiée de tout temps au jovial Canonne; quant aux jolies chansons, on les réclame, les jours de liesse, tout spécialement à Fickinger et à Lepreux, duettistes par excellence. Jours de gala La Popote des Ailes a connu des jours de gala. Toute l'aviation s'y donnait rendez-vous, et la mauvaise humeur et le mal au foie devaient être laissés au vestiaire en entrant. Ne croyez pas cependant que ces réunions cordiales et fraternelles tournent à l'orgie de Babylone. Les pilotes aiment la gaieté, mais sans plus. Chacune de ces petites fêtes organisées à la Popote de Chaville a laissé l'empreinte d'une réunion charmante au cours de laquelle les aviateurs d'essais resserraient davantage les liens d'étroite camaraderie qui n'ont jamais cessé de les unir. On aimerait seulement que dans toutes les spécialités de l'aviation il y ait autant de franchise joyeuse et de bonne humeur. Souvenirs tristes C'était en 1933. Nous finissions de déjeuner, hâtivement même, car M. Cot, alors ministre de l'Air, avait manifesté le désir d'assister à plusieurs démonstrations d'avions nouveaux, de différents types, sur l'aérodrome de Villacoublay. La plupart des pilotes nous avaient devancés au terrain et nous arrivâmes là-haut juste pour voir décoller Baptiste, l'habile réceptionnaire des avions Bernard, sur un appareil de tourisme. Animé du bel esprit de la corporation, il s'acharna à obtenir le meilleur rendement de sa machine et après un piqué plein gaz suivi d'une courte ressource qui devait précéder un palier exécuté tout juste devant les personnalités présentes, nous vîmes avec horreur son aile gauche se replier et son avion percuter à plein moteur sur le toit d'un des hangars qui longe la petite route qui va des hangars Nieuport vers le séminaire. Ne revenons pas sur les circonstances de ce coup dur mais souvenons-nous que le même jour, c'est-à-dire vingt minutes après exactement, le jeune Paulhan, effectuant une manoeuvre à peu près identique, mais avec un avion de chasse, sentait tout à coup ses ailes osciller dangereusement, puis ses ailerons se briser en l'air, rendant pour lui toute manoeuvre impossible. C'était la chute terrible, inévitable. Nous étions là sur le terrain, tout imprégnés de l'horreur du premier accident et chacun d'entre nous, figé d'angoisse, ferma les yeux. Heureusement, René Paulhan, manoeuvrant une fois de plus comme un "as", risqua une chandelle héroïque et se dégagea en parachute. La catastrophe était évitée. En repartant de Villacoublay, j'ai pensé ce jour-là, plus que tous les autres jours, aux risques formidables que courent les pilotes d'essais! Et je revois encore le bon Baptiste et le calme petit Paulhan aux prises, une heure peut-être avant tant d'angoisse, avec leur contre-filet madère! Si l'on rit souvent de si bon coeur en bas, à Chaville, on pleure parfois, là-haut, sur le plateau où s'ébrouent les grands oiseaux mécaniques. Le livre d'or Je suis retourné ces jours-ci à la Popote des Ailes et Maman Pouyade m'a montré son livre d'or. C'est un document précieux auquel elle tient comme à la prunelle de ses yeux. Comme je la comprends! Que de signatures héroïques, que de phrases simples, charmantes, spontanées jaillissent sur ces pages qui ravivent tous les souvenirs de l'épopée grandiose des pilotes d'essais! Aujourd'hui les "civils" restent les seuls à la Popote des Ailes, les militaires ont émigré sur l'aérodrome de Villacoublay où, près de la Technique, ils ont leur popote à eux. Ca a fait un grand vide, car tous ces hommes, sans distinction de fonction, de grade ou d'uniforme avaient, pour vivre chaque jour la même vie et courir les mêmes risques, appris à s'aimer fraternellement, comme en escadrille. On ne se quitte pas comme ça après quinze années passées autour de la même table! |
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***Président :
Raymond de PHILIP. Association de fait. Loi de 1901
Amicale fondée en 1929.