JUIN 2008 Toutes les
de
Jean Belotti
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Tout
d’abord, quelques informations et réflexions complémentaires à ma
chronique de mai qui présentait les principaux domaines sur lesquels des
actions d’économie de carburant avaient déjà été entreprises ou
pourraient être envisagées. -
Au sujet de l’approche finale sur un plan de descente plus important moteurs
réduits - donc, de surcroît, moins bruyants pour les riverains - un lecteur
m’informe qu’il y a actuellement plusieurs essais de ce type (CDA
“Continuous Descent Approach”),
notamment en Europe. (Exemple :
A330-300 SAS Newark-Arlanda le 8.12.07). -
Un pilote me rappelle la possibilité de réduire la réserve de route en
choisissant un aéroport, aussi près que possible de celui de destination,
qui sera considéré comme étant une “Escale Technique Facultative” (ETF).
Lors de la réalisation du vol, approchant de l’ETF, si la quantité de
carburant restant à bord est suffisante, le pilote continue sa route jusqu’à
destination finale, sinon il décide de s’y poser pour rependre le carburant
nécessaire. Bien sûr, cette décision est prise en fonction d’impératifs
réglementaires très précis. -
Un lecteur me signale également la pratique d’embarquer du carburant supplémentaire,
simplement pour éviter de faire un complément de plein à l’escale
suivante où son coût est supérieur à celui de l’escale de départ.
Sachant que sur un vol long-courrier, chaque tonne supplémentaire transportée
augmente la consommation d’environ 300 kilos, il y a donc, pour réduire la
facture carburant, acceptation d’en consommer inutilement tout en augmentant
les émissions de CO2,. -
Un lecteur (du
site www.tourmag.com)
suggère de revenir aux avions classiques à pistons ou turbopropulseurs qui
volent moins haut, moins vite, mais consomment beaucoup moins que les réacteurs.
Reverra-t-on le Constellation Super Liner 1649, une perfection mécanique,
dont les premiers exemplaires, aussitôt livrés aux compagnies aériennes ont
été mis sous cocon, frappés d’obsolescence par l’arrivée du Boeing 707
? Reverra-t-on des modèles du type du fameux Vickers-Viscount (turbo-propulseur),
fiable, économe et peu sophistiqué, donc moins cher ? Il
existe également de multiples micro-décisions concernant la diminution de la
masse des avions, mais retenons que l’ensemble de ces économies, même si
elles peuvent être considérées comme substantielles, ne résoudront pas la
crise actuelle. D’ailleurs les transporteurs exhortent les constructeurs (Boeing
et Airbus)
à accélérer la production de modèles “monocouloir” plus économes en
carburant (types
B737, A310 et A320)...,
mais comment pourraient-ils répondre favorablement à cette demande, étant déjà
en retard dans la livraison des principaux modèles en cours de fabrication ? Il
a même été demandé à Airbus d’ajouter 100 sièges de plus à son A380,
afin de mieux le rentabiliser sur les long-courriers. L’intention est
claire. On s’oriente bien vers la densification du nombre de sièges et
l’avion de 1000 places sera une bétaillère volante dans laquelle les
passagers seront entassés comme des sardines en boîtes. Adieu le confort ! ==>
Puis, quelques considérations générales sur les décisions politiques : *
Un lecteur m’apporte la réponse à l’interrogation terminant ma chronique
du mois passé en déplorant que le gouvernement ait décidé de ne pas
revenir sur les taxes appliquées au carburant qui représentent pourtant une
grande part de leur prix et constitue une importante source de revenus: “Le
gouvernement actuel dit qu'il ne baisse pas les taxes car la consommation avec
les hausses est beaucoup moins importante qu'avant et que l'Etat - donc les
contribuables que nous sommes- perdent de l'argent !! Le manque à gagner,
dixit le ministre, a été de 350 M€ pour l'année dernière”. Certes,
la demande à la pompe ayant diminuée, il en est résulté une recette inférieure,
donc, de toute évidence, un pourcentage moindre de taxes dans les caisses de
l’Etat. Or, ce n’est pas de cela dont il s’agit, mais de savoir
pourquoi, sur la quantité vendue, l’Etat n’a pas diminué son pourcentage
de prélèvement ? Notons que dans cette démarche, la position du
gouvernement a brutalement changée puisqu’il est question de suspendre une
part de *
Au niveau de l’Europe, à la demande des 27, *
Bruxelles, également, a accepté des aides d'urgence aux pêcheurs (proposition
notamment de relever les plafonds d'aides publiques autorisées dans le
secteur, de 30.000 € sur trois ans actuellement par entreprise de pêche, à
100.000 €). *
Il en est de même de “Total” qui - après avoir déclaré que tous ses bénéfices
étaient investis dans la recherche et l’exploitation de nouveaux gisements
- a, elle aussi, fait un geste. Conséquences
de la flambée du brut Elles
sont de plus en plus graves. Une
nouvelle fois Air France a annoncé une surtaxe appliquée aux vols
long-courriers (+
4 €, soit au total 48 €)
et moyens courriers (surcoût
: 8 €).
Certes, il est annoncé qu’elle sera supprimée dès lors que le prix du
carburant sera revenu à un niveau acceptable. Cela étant, les faits montrent
l’existence de certains phénomènes (“cliquet”),
dans le temps et dans l’espace, qui décrivent les liens existants entre
demande et tarifs (effets
de substitution et de revenus ; effets de seuils ; effets dus au temps
(vitesse de changement de prix, délais de réaction, irréversibilité) ;
effets quantiques ; effets d’interdépendance des variables. Voir :
“L’économie du transport aérien”. Pages 313 à 333). À
ce sujet, la question suivante est revenue plusieurs fois : “Etant donné
qu’Air France avait pris la précaution de se couvrir sur le prix du
carburant sur une période d’environ six mois, pourquoi n’a-t-elle pas
attendu l’expiration dudit délai de cette couverture avant d’appliquer
une nouvelle surtaxe ?” Alors
que l’IATA (Association
Internationale des Transporteurs Aériens - 240 compagnies aériennes et 94%
du trafic international régulier)
prévoyait un bénéfice de 4,5 milliards de dollars en 2008, elle annonce (en
tenant compte du baril à 107 US$)
une perte de 2,3 milliards qui s’élèvera à 6,1 milliards avec un baril à
139 US$. L’estimation de l’ATA (Association
américaine du transport aérien)
est encore plus importante, puisque rien que pour les compagnies américaines
la perte de cette année atteindrait de 7 à 13 milliards de dollars. Cette
situation est dramatique à plusieurs titres. Notons
tout d’abord la réduction des flottes. Après American Airlines, US Airways,
Continental et United notamment, deux autres compagnies américaines,
Northwest et Virgin (compagnie
low-cost),
ont annoncé des réductions du nombre de leurs vols, si bien que déjà 100
dessertes intérieures ont été supprimées aux Etats-Unis, selon l’ATA.
Mais - comme cela s’est produit à plusieurs reprises - cette réduction de
l’offre sera automatiquement accompagnée de drastiques mesures concernant
les personnels (réduction
du nombre d’heures de travail, licenciements, mise à la retraite anticipée). De
plus, il convient de ne pas oublier l’impact sur les commandes passées aux
principaux avionneurs (Boeing
et Airbus)
? Comment concevoir qu’avec une partie de la flotte inexploitée il ne
puisse pas y avoir des désistements dans les commandes de nouveaux appareils
?
Aiguillonnés
par la crise actuelle et la nécessité de renforcer surface financière et
position sur le marché, les regroupements, constatés depuis des années et
longuement commentés, se poursuivent : -
La compagnie China Southern Airlines annonce qu'elle va créer une
joint-venture (contrôlée
à 75% )
avec Air Bleu, filiale d'Air France-KLM, pour opérer dans le transport de
fret en Chine. -
Continental et United ont engagé un vaste programme de coopération
commerciale avec création de filiales communes. Continental quittera
“Skyteam” (alliance
dont fait partie Air France/KLM et Delta)
pour “Star Alliance” (dont
fait partie Lufthansa).
J’ai
déjà, à plusieurs reprises, apporté des éléments de réponse concernant
l’avenir du transport aérien, mais les questions restent nombreuses. 1.-
“Ryanair n’augmentera pas - contrairement aux autres compagnies- ses
surcharges carburant, et y gagnera donc des clients, puisqu’elle sera la
moins chère de toutes : c’est en ce sens qu’elle affirme que la hausse du
pétrole est pour elle une “opportunité ?”. Tout
d’abord, il s'agit de savoir quelle sera l'élasticité-prix de la demande.
En clair, dans l'hypothèse où les “low-costs” n'appliqueraient pas la
surcharge carburant, quelle sera l'importance de l'augmentation de la demande
? Pour y répondre, il convient d'analyser la composition de la clientèle
“low-costs” et rechercher quelle sera la réaction de celle des autres
compagnies. De toute façon, le glissement éventuel vers des “low-costs”
ne concerne que certaines lignes qui, en fait, ne représentent qu'une faible
part des réseaux aériens mondiaux. Mais la question principale qui se pose
est de savoir, alors que la dépense supplémentaire en carburant va dépasser
(ou
dépasse déjà)
le montant encaissé du prix du billet, comment les “low-costs”
pourraient-elles survivre sans appliquer de surcharge ? 2.-
“Et quelles compagnies, selon vous, pourraient mieux résister ou à
l’inverse péricliter plus que d’autres ?”. Comme
les faits le montrent depuis des années, celles qui péricliteront seront les
plus faibles, celles qui ont une moindre surface financière, un réseau moins
étendu ou moins performant, celles qui ne seront pas intégrées dans des
groupes de plus en plus puissants, celles qui - malgré l'augmentation du prix
du billet due aux diverses taxes qui n'en finissent pas d'augmenter et des
surcharges carburants - continueront à dégager des bénéfices (certes
moindres),
malgré la baisse de leur coefficient de remplissage. 3.-
“Où va-t-on ?”. Les
optimistes déclarent que l’offre est politiquement très largement contrôlée
par l’OPEP et que le cours du pétrole, servant depuis des mois de
couverture au risque de change sur la baisse du dollar à l'ensemble des
intervenants financiers de la planète (et
pas seulement aux "spéculateurs" !),
dès que le dollar remontera de 10%, le cours du pétrole retombera à environ
60-65 dollars, ce qui, en dollars constants, n'est pas beaucoup plus que celui
d'avant la crise de 1973. Quant
aux pessimistes, ils déclarent que les risques de guerre (qui
existent actuellement)
conduiraient à une baisse de la production de brut de 3%, ce qui amènerait
le coût du baril à 150 dollars et déclencherait une vraie panique mondiale
: -
En effet, on se souvient qu’en 1973, le prix avait été multiplié par 10
à la suite de la guerre du Kippour ; qu’en 1979, il avait été multiplié
par 5 à la suite de la chute du Shah d’Iran. -
Tout dernièrement, Shell a annoncé l’arrêt de la production de son champ
pétrolifère nigérien offshore de Bonga (190.000
barils/jour),
à la suite d’une attaque du mouvement d’émancipation du delta du Niger. 4.-
“Quelle conjecture pour les 10 ans à venir ?” J’ai
décliné l’invitation qui m’a été faite de donner mon avis sur ce que
sera le transport aérien dans des dix prochaines années, pour la simple et
bonne raison que cet avenir est fait de nombreuses inconnues majeures qui sont
hors de la bulle du transport aérien et des autres transports en général.
Seule une approche systémique (Voir
la justification dans “L’économie du transport aérien”. Pages 1 à 8)
est susceptible de prendre en compte les multiples variables et interdépendances
qui existent entre elles, afin d’élaborer différents modèles
probabilistes. Or,
à ce jour, les défis majeurs à relever sont tellement nombreux et complexes
qu’il est bien risqué de faire des pronostics. Le monde de demain dépendra,
entre-autres, de ce qui aura été réalisé quant au défi alimentaire
mondial ; l’écologie ; l'investissement dans les énergies renouvelables ;
le développement du nucléaire ; l’évolution du coût des carburants ; la
moralisation des flux financiers, etc... Certes,
on peut rêver d’un monde meilleur où régnera la paix, où il n’y aura
de combats que sur les stades, où tous les êtres de notre planète mangeront
à leur faim, etc... Mais, de nos jours, si l’on prend en compte des
difficultés dans lesquelles se trouvent les chômeurs, les retraités, les
familles à salaires modérés face à l’augmentation du carburant auto et
du fuel et du gaz pour le chauffage, l’inflation supérieure à la hausse
des salaires, force est de constater que tous les ingrédients justifiant une
explosion sociale sont en place. De
toute façon, nous vivons une mutation vers d’autres formes d’équilibres
et de comportements qui modifiera profondément le statut de chacun
d’entre-nous, sachant que ce sont les plus faibles qui seront, comme
d’habitude, les plus pénalisés. 5.-
“Alors la faute à qui ?” Il
ressort des informations recueillies que la flambée des prix de l'or noir
serait attribuée : à la forte demande en provenance des “BRIC” (Brésil,
Russie, Inde et Chine)
et également et surtout à celle des pays producteurs eux-mêmes, où le pétrole
est subventionné ; à un afflux de liquidités d'investisseurs à la
recherche d'une protection contre l'inflation et la dépréciation du dollar ;
aux spéculateurs qui cherchent à voir jusqu'où ils pourront faire monter le
marché ; aux tensions entre Israël et l’Iran ,... Les faits étant là, on
souhaiterait savoir quelle est la part de responsabilité des producteurs, des
raffineurs, des Etats ? Or, les bras nous en tombent lorsqu’on apprend que
les principales autorités politiques semblent découvrir l’existence du
problème : “Les ministres des finances du G8 ont demandé au FMI
d’enquêter sur les causes de la flambée du pétrole” ! De qui se
moque-ton ? La
cause essentielle de la flambée du pétrole étant une augmentation de la
demande, constat est fait que la baisse de la demande due à l’augmentation
du prix est insuffisamment importante face à l’augmentation de la demande
des “BRIC”. Alors, dans quelle mesure est-il possible d’augmenter la
production ? Avec une production actuelle de 85 millions de barils/jour et une
augmentation annuelle de 2% des besoins énergétiques, il faudrait, dans une
trentaine d’années, en produire 165 millions de barils/jour. Or, les puits
actuels ont des rendements décroissants. Quant aux nouveaux gisements, ils ne
devraient permettre de n’atteindre qu’une centaine de millions de
barils/jour ! D’où l’impérieuse nécessité de rechercher et développer
d’autres sources d’énergies (nucléaire,
bio-carburants, électricité , hydrogène,...).
Pour les voitures : des moteurs hybrides (essence-diesel
et électricité)
ou des “flex-fuel” (essence-éthanol)
; des moteurs électriques ; une propulsion à l’hydrogène (avec
une pile à combustible ou à l’air comprimé)
; ... Une
lueur d’espoir ! Celle du sommet mondial du pétrole (22
juin 2008, à Jeddah)
au cours duquel, on le sait déjà, les grands producteurs mondiaux feront
preuve de bonne volonté dans la résolution de la crise actuelle. --- *** ---
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Dernière mise à jour/ last updating: 22 juin 2008 |
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