MAI 2008 Toutes les
de
Jean Belotti
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Pour
débuter, il convient d’indiquer que les principales économies déjà réalisées
sont dues aux ingénieurs qui, au fil des ans, ont su améliorer les
performances aérodynamiques des cellules et conçu des moteurs de plus en
plus puissants, tout en réduisant considérablement la consommation de
carburant, avec, de surcroît, une réduction du bruit. Cela
étant rappelé, voici les principaux domaines sur lesquels des actions ont déjà
été entreprises ou pourraient être envisagées. *
Réduction de la masse de base de l’avion. Pourquoi
? Parce que plus un avion est lourd, plus il consomme de carburant. C’est
ainsi que sur un vol long courrier, une réduction d’emport d’une tonne
permet d’économiser de 300 à Cette
réduction est possible au moment de la conception de l’avion (exemple
: par utilisation de matériaux composites moins lourds) et
au moment de la préparation du vol (exemple
: ajustement, au mieux, de la quantité d’eau potable embarquée en fonction
du nombre de passagers et de la distance à parcourir). *
Chargement de l’avion La
répartition des charges à bord de l’avion (centrage,
assiette), permet de
réduire la traînée aérodynamique, donc la consommation en vol. *
Choix de la route et de l’altitude Ce
choix appartient au Commandant de bord. Sur les court et moyen-courriers, les
routes figurent sur les cartes de navigation et pour une même destination,
c’est pratiquement toujours la même qui est retenue. Il en est de même des
altitudes qui sont a priori définies automatiquement lors de l’élaboration
du Plan de vol. Sur
long-courriers - exemple sur la voie royale à destination des Etats-Unis - il
est établi, chaque jour, un faisceau de routes parmi lesquelles le Commandant
de bord fera son choix. Pas forcément la plus courte en distance, mais la
plus courte en temps, après prise en compte des vents prévus sur le
parcours. Quant à l’altitude, sur la route choisie, il demandera la plus élevée,
car plus un avion vole haut, moins il consomme de carburant. Les
routes et altitudes les plus avantageuses sont demandées en priorité et pour
obtenir l’autorisation d’entrer sur une des routes océaniques
(où les avions se suivent à la queue leu leu en respectant des séparations
horizontales et verticales qui ont été réduites),
il est parfois nécessaire, soit de retarder le vol, ou d’accepter une
altitude inférieure sur la même route, soit d’opter pour une autre route. *
Réduction de l’utilisation du système intégré à l’avion fournissant
l’énergie électrique Ce
système (APU),
pendant les escales, fourni le courant électrique nécessaire au
fonctionnement des équipements de bord, à la climatisation. Gros
consommateur de carburant, il est, de plus en plus souvent, remplacé par le
branchement à un groupe auxiliaire de puissance au sol. *
Tractage jusqu’à une aire en bout de piste Il
y a plus de vingt ans, une société française mettait au point un tracteur
rapide permettant de déplacer les avions sur les aires de roulage et de
stationnement et j’avais participé à plusieurs essais. Les moteurs n’étaient
mis en marche qu’une fois l’avion arrivé à proximité de la piste
d’envol, la sécurité incendie étant à proximité. Or, force est de
constater que ce type de tractage n’a pas été réalisé. *
Roulage avec un ou deux réacteurs arrêtés Cette
procédure est appliquée par plusieurs compagnies. Elle permet de réduire la
consommation de carburant pendant le roulage. *
Durée du roulage Sur
la plupart des grands aéroports internationaux la distance entre le point de
stationnement et l’entrée sur la piste de décollage est telle que le
roulage peut durer plusieurs dizaines de minutes. S’ajoute le fait qu’aux
heures de pointe, les avions, alignés les uns derrières le autres, doivent
attendre, parfois pendant de longues minutes, l’autorisation de pénétrer
sur la piste et de décoller. À New-York JFK, par exemple, il n’est pas
rare d’attendre plus de trente minutes, pendant lesquelles un Boeing 747
consomme environ Il
m’est arrivé, ayant 35 avions devant moi, d’approcher l’entrée de
piste après une bonne heure de roulage et d’être obligé de revenir au
parking pour compléter la quantité de carburant, celle restant à bord étant
inférieure au minimum réglementaire. Certes,
il est prévu de demander à *
Vol Des
vitesses économiques (de montée, de
croisière) ont été
calculées depuis longtemps. *
Descente initiale Approchant
de la destination, la procédure classique se fait par une descente initiale
jusqu’à une certaine altitude (on
dit “niveau de vol”).
Puis, les avions sont mis en attente et, au fur et à mesure des
atterrissages, sont autorisés à descendre à un niveau inférieur jusqu’à
celui de début d’approche finale. Ces vols en paliers successifs, à
vitesse réduite, sont gros consommateurs de carburant. Une procédure plus économe
consisterait à maintenir les avions en altitude (où
ils consomment beaucoup moins de carburant)
et à ne les autoriser à débuter leur descente que lorsqu’ils sont numéro
un à l’atterrissage. *
Raccourcissement des trajectoires d’approche À
Roissy-CDG, les trajectoires d’approche ont été raccourcies. Cela étant,
par très beau temps et trafic normal, il serait possible d’autoriser les
avions à se présenter au travers de piste (on
dit “vent arrière”)
pour, après un dernier virage, se poser à vue, par très bonne visibilité,
au lieu de les envoyer se placer dans l’axe de piste, comme pour une
approche par mauvaise visibilité. Quant
à l’approche finale - à tout le moins par très bonne visibilité - elle
pourrait se faire sur un plan de descente plus important moteurs réduits,
donc, de surcroît, moins bruyants pour les riverains. * La
quantité de carburant à bord d’un avion est fixée par le Commandant, après
avoir tenu compte de différents paramètres (charge
marchande à embarquer, longueur de la piste, température, longueur du
trajet, conditions météorologiques, etc..).
L’altitude de vol, la vitesse de croisière, la route choisie, sont tous des
éléments qui vont intervenir sur la durée du vol et sur la consommation de
carburant. Quelle
quantité embarquer ? En simplifiant, le pilote a deux choix : soit il accepte
de n’embarquer que la quantité minimum réglementaire, soit il exige une
marge supplémentaire. Puis, il effectue le vol. Une fois l’avion posé il
est aisé, a posteriori, de faire certains constats : -
Dans le cas ou le pilote n’a embarqué que la quantité minimum, si tout le
vol s’est déroulé conformément aux prévisions, sa décision a été la
bonne. En revanche, si le vent rencontré a été plus fort que prévu, si les
conditions météorologiques se sont dégradées, si le trafic aérien a été
ralenti, le pilote - n’ayant pas de réserve suffisante - devra aller se
poser sur un autre aéroport que celui de destination finale, afin de
reprendre du carburant. Indépendamment des coûts induits, il en résulte une
perturbation dans le déroulement des vols et un désagrément certain pour
les passagers. -
Dans le cas où le pilote s’est ménagé une réserve de carburant, si tout
le vol s’est déroulé conformément aux prévisions, il a donc transporté
une quantité de carburant supplémentaire inutilement d’où, pour un Boeing
747 et sur un vol de huit heures, une consommation supplémentaire d’environ
400 kilos par tonne supplémentaire. En revanche, si la situation s’est dégradée,
le pilote - ayant une réserve suffisante - pourra continuer sa route jusqu’à
l’aéroport de destination finale, évitant ainsi les inconvénients
d’aller se poser sur un autre aéroport et les désagréments subis par les
passagers. Retenons que, dans ce cas, la consommation supplémentaire de 300
kilos coûte moins cher que le coût d’un dégagement sur un autre aéroport. Finalement,
il y a quatre cas possibles. J’ai peu de carburant, ce qui peut s’avérer
une bonne ou une mauvaise solution. J’ai beaucoup de carburant ce qui, également,
peut s’avérer être une bonne ou une mauvaise solution. Pour
la petite histoire, c’est à partir de cette conclusion que dans le cadre de
mes études universitaires, j’avais été amené - profitant de mes passages
aux Etats-Unis - à contacter plusieurs cabinets d’études et des compagnies
aériennes, afin de recueillir des informations concernant les méthodes
utilisées outre-Atlantique pour réduire les consommations de carburant des
avions. À
cette même époque, les chefs pilotes furent informés qu’Air France avait
signé un contrat avec un cabinet américain, afin de rechercher quels étaient
les moyens de réaliser des économies de carburant. Je fis aussitôt une
intervention en portant à la connaissance d’Air France que ce consultant -
auquel j’avais rendu visite - ne possédait seulement que quelques
informations portant sur le découpage du vol en séquences, découpage que
nous avions déjà à Air France. En
fait, ce cabinet, venait surtout pour savoir où en était Air France dans ce
domaine et, par la même occasion, profiter d’un juteux contrat. Mon
intervention porta ses fruits. Le contrat ne se réalisa pas. Le
modèle que j’avais élaboré (utilisant
des mathématiques et des statistiques probabilistes),
avait été publié dans une revue aéronautique à diffusion internationale.
Etant donné la précision des développements et donc la longueur du texte,
celui-ci avait fait l’objet de deux articles et dans deux versions (français
et anglais). Air
France m’ayant demandé de faire une étude, je repris le contenu de mon
travail universitaire en le complétant par des exemples concrets. Chef pilote
d’un secteur de vol, j’avais fait établir des fiches à remplir par les
équipages. Le résultat fit rapidement apparaître qu’ils avaient
rapidement assimilé la méthode et que les gains qui en résulteraient étaient
très élevés. Mon rapport fut déposé, mais ayant terminé ma carrière à
cette époque, je n’ai pas su quelle suite lui avait été donnée. -–
*** --- Retenons
que la mise en œuvre de plusieurs de ces mesures - et d’autres non citées
- permet d’économiser d’importantes quantités de carburant. C’est
ainsi, par exemple, qu’Air France à obtenu des résultats appréciables et
en hausse constante depuis 4 ans (2001-2002
: 6.000 tonnes . 2002-2003 : 18.500. 2003-2004 : 22.900. 2004-2005 :31.500). On
notera que cette réduction de la consommation de carburant conduit également
à une réduction des émissions de CO2, principal gaz à effet de
serre, directement proportionnel à la consommation de kérosène. (À
chaque tonne de carburant consommée, 3,15 tonnes de CO2 sont émises
dans l’atmosphère, nous disent les spécialistes). Alors
qu’un avion utilisant de l’huile végétale avait déjà volé il y a une
quinzaine d’années, Boeing et Rolls-Royce (motoriste)
ont annoncé avoir bien avancé sur le fonctionnement d’un réacteur
d’avion avec un carburant élaboré à partir de végétaux, bien que
confrontés à une difficulté. L’actuel carburant (“Jet-A”
sensiblement identique à celui alimentant les moteurs Diesel) ne
peut pas être remplacé par le biodiesel (“diester”)
des stations service. D’où un “Bio-Jet”, biocarburant dit de deuxième
génération (Greener, cleaner,
quieter, smarter c’est-à-dire plus vert, plus propre, plus calme et plus
sympa) dont on ne
sait pas grand chose... sauf qu’il ne serait pas question de procéder à de
nouvelles vagues de déforestation ! Quant
à Airbus, un A380 (équipé de réacteurs
Trent 900) a réalisé,
avec succès, un tout premier vol (de
trois heures)
utilisant - sur un réacteur - un carburant liquide dérivé du gaz (GTL)
mélangé au carburant standard, dans le cadre d’un programme de vols
d’essais pour évaluer l’impact environnemental des carburants alternatifs
sur le marché du transport aérien. La
question posée est de savoir si ces carburants de substitution seront viables
et en quantité suffisante ? Il n’y a plus qu’à espérer le développement
d’une coopération internationale dans la recherche, afin que toutes les
options de carburants alternatifs soient explorées. J’ai lu qu’il était
à nouveau question du procédé “Makhonine” (dans
les oubliettes depuis des décennies),
consistant par liquéfaction du charbon, à obtenir un carburant liquide, à
mis chemin entre l'essence et le gasoil. De
nos jours, alors qu’à elle seule, l’aviation civile des Etats-Unis a
consommé 5,7 milliards de litres de Jet-A en 2005, soit environ 4.570.000
tonnes (Rapport 2006 de
Ma
chronique d’avril se terminait en indiquant qu’avec un pétrole à 115 US$
le baril, il fallait s’attendre, à brève échéance, à une taxe supplémentaire
sur les billets d’avion pour compenser cette augmentation... ce qui a été
fait dans les jours suivants. Un
mois plus tard, au moment où je rédige cette chronique, le baril a atteint
126 US$. Il a doublé en un an ; augmenté de près de 30% depuis le début de
l’année ; augmenté de plus de 10% en un mois ! Alors que l’ensemble des
taxes représente déjà environ 40% du prix du billet (prix
qui ne veut, en fait, plus dire grand chose !),
faudra-t-il s’attendre à une nouvelle surcharge ? Mais
une autre question fondamentale se pose : Puisque la hausse paraît être
essentiellement due à une demande supérieure à l’offre, comment obtenir
que les pays fournisseurs augmentent leur production ? Sinon,
jusqu’où le prix du baril va-t-il monter ? L’impact d’une telle hausse
sur l’avenir des équilibres mondiaux est tel qu’il peut être considéré
comme étant un énorme tsunami économique et social, que les grands décideurs
de ce monde semblent impuissants à endiguer ! On
comprend qu’avec un tel coût de carburant, des efforts soient engagés pour
en réduire la consommation. Malheureusement, je ne pense pas que les résultats
déjà enregistrés et ceux potentiellement envisageables soient suffisants
pour compenser la constante hausse du carburant qui pénalise lourdement non
seulement le transport aérien, mais toutes les activités de nos
civilisations industrialisées, dites “avancées” ! Il en résulte que,
quelles que soient les réformes engagées par tous les pays touchés, elles
ne permettront pas de corriger les déséquilibres qui sont en train de
s’aggraver. Quant aux effets pervers qui touchent déjà tous les pans de
l’économie et dont l’ampleur est grandissante, ils justifient l’inquiétude
grandissante qui se manifeste un peu partout. Pour terminer, déplorons que le gouvernement ait décidé de ne pas revenir sur les taxes appliquées au carburant qui représentent pourtant une grande part de leur prix et constitue une importante source de revenus. --- *** ---
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CHRONIQUES JEAN BELOTTI
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et l'Aéropostale
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![]() *Première Liaison Paris-Saigon (1927) *Traversée de l'Atlantique Sud (1929) |
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Dernière mise à jour/ last updating: 13 mai 2008 |
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