Chronique de
juillet 2013

[1.- Devenir
steward ou hôtesse de l’air]
Question : Me destinant au
métier de steward, j’ai appris que je
devais posséder le certificat de
sécurité sauvetage ? Pouvez-vous
me dire comment procéder pour
l’acquérir ?
Réponse
: Le “Certificat de sécurité
sauvetage” (CSS), titre national, que vous
citez, a été remplacé (par
arrêté en date du 25 septembre 2007
et à compter du 16 juillet 2008) par un
nouveau titre, le “Certificat de formation
à la sécurité” (CFS),
conforme à la réglementation
opérationnelle européenne
(EU-OPS). Puis, le 8 avril 2013, a
été mis en place (règlement
n̊ 1178/2011 du 3 novembre 2011, modifié
par le règlement n̊ 290/2012 du 30 mars
2012) le “Certificat de membre d’équipage
de cabine européen”, dit "Cabin crew
attestation" (CCA), titre :
-
délivré pour une
durée illimitée, mais vous aurez
à satisfaire aux conditions
opérationnelles pour le maintenir en
état de validité ;
- valable
au sein des États membres de la
Communauté européenne, il vous
permettra d’être employé par une
compagnie aérienne ayant son siège
en Europe ;
- dont les
examens théoriques et pratiques
ont été organisés par la
DGAC (Direction générale de
l’aviation civile).
Puisque
vous n’êtes pas encore entré dans
la profession, vous pouvez vous faire
délivrer le CCA en suivant une
formation initiale, à votre
charge, auprès des compagnies
agréées par la DGAC (Air France,
Régional, Air Austral,...).
Pour
tous renseignements
complémentaires, vous devez vous adresser
à la DGAC (Direction de la
Sécurité de l’Aviation civile -
Pôle « Licences ». Direction
Personnels Navigants. 50, rue Henry Farman.75720
Paris Cedex 15).
Pour
information - car cela ne vous concerne pas
directement - il existe une procédure
de transformation des CSS et CFS en CCA,
lesquels restent valables jusqu’au 8 avril
2017.

[2.- Offres
d’emplois aux personnes handicapées]
Question : Les entreprises liées au
transport aérien embauchent-elles des
personnes en situation de handicap, dont
nombreuses sont à la recherche d’un
emploi ?
Réponse :
Non seulement elles le peuvent, mais elles le
doivent. En effet, les employeurs ont une
obligation d'emploi des personnes disposant du
statut de travailleur handicapé ou
assimilés (personnes victimes d'un
accident du travail avec une incapacité
permanente au moins égale à 10 %,
titulaires d'une pension d'invalidité,
pensionnés de guerre et assimilés,
titulaires de l'allocation adulte
handicapé, titulaire d'une carte
d'invalidité), dont le nombre doit
représenter au moins 6 % de l'effectif
salarié, dès lors que l’entreprise
comprend 20 salariés ou plus. Si tel
n'est pas le cas, l'employeur est contraint de
verser une contribution financière
à l'Agefiph (Association de gestion du
fonds pour l'insertion professionnelle des
personnes handicapées). Il en est de
même dans le secteur public : les
employeurs ne remplissant pas l'obligation
d'emploi sont contraints de verser une
contribution au FIPHFP (Fonds pour l'insertion
professionnelle des personnes handicapées
dans la fonction publique).
Ces
embauches permettent non seulement d’utiliser
les compétences de personnes, dont le
vécu, les expériences, les moments
difficiles, ont forgé le caractère
et développé la
personnalité, les capacités de
réflexion, l’attention portée aux
autres, etc…. toutes qualités profitables
à l’efficience de l’entreprise.
Certes,
certains métiers ne sont pas
accessibles, par exemple celui de navigant
dans une compagnie aérienne. En
revanche, je citerai l’exemple de la
Direction générale de l’aviation
civile (DGAC) qui s’est engagée dans une
politique volontariste d’intégration des
personnes en situation de handicap. C’est ainsi
qu’en janvier 2012, elle a renforcé ses
actions en faveur de l’intégration et du
maintien dans l’emploi de ces personnes, en
signant une convention avec le “Fonds pour
l’insertion des personnes handicapées
dans la fonction publique” (FIPHFP).
Il
est précisé que deux voies
d’accès à la fonction publique
sont actuellement ouvertes :
- le concours
de droit commun, avec les aménagements
particuliers en fonction de la nature du
handicap ;
- le recrutement
par contrat donnant vocation à
titularisation.
Après
examen du dossier de candidature et entretien
de sélection favorable il est possible
d’être recruté sous contrat, puis
titularisé, à l’issue d’une
scolarité réussie.
En
2013, la DGAC recrute trois TSEEAC
(Techniciens supérieurs des études
et de l'exploitation de l'aviation civile) et un
IESSA (Ingénieur électronicien des
systèmes de la sécurité
aérienne), par cette voie contractuelle.
Le
dossier de candidature doit notamment
comporter plusieurs pièces (justificatif
de l’éligibilité à cette
voie de recrutement (reconnaissance de la
qualité de travailleur
handicapé) : carte
d’invalidité ; lettre de motivation
précisant le poste
recherché ; CV précisant les
parcours d’étude et professionnel ;
photocopie du diplôme ou de toute
pièce attestant du niveau
d’études, BAC, scientifique ou
technologique de préférence ou
d'un diplôme équivalent). Il doit
être adressé à : sg-coorespondante-handicap-bf@aviation-civile.gouv.fr.
Recommandation :
Pour maximiser les chances de réussite
à ce concours, Sup'Admission (6,
rue Lakanal 31000 Toulouse - http://www.ipec-cours-prives.com/contact/),
assure :
- la
préparation TSEEAC annuelle, à
temps complet ;
- les stages de
préparation TSEEAC, pendant
les vacances scolaires.
La
formation initiale, qui dure 2 ans, se fait
à l’ENAC (École
nationale de l’aviation civile) à
Toulouse. Les stagiaires
bénéficient d'une formation
rémunérée, à l'issue
de laquelle un emploi est assuré au sein
de la fonction publique d'État.

[3.-
Nouveaux incidents sur les B787]
Question : Que pensez-vous des
incidents survenus, fin mai, aux B787 de
deux compagnies japonaises ?
Réponse :
Le premier incident concerne un problème
de dégivrage sur un des moteurs. Le
commandant de bord, tenant compte des conditions
météorologiques sur la route a
pris la sage décision de se reposer au
terrain de départ.
Le
second incident concerne un problème de
brunissement d’un tableau électrique, qui
serait probablement dû à une
surchauffe provoquée par des vibrations,
en raison d'un “boulon mal serré” !
Notons,
également, une avarie sur un capteur de
température et pression d’un moteur sur
un autre B787, ce qui a contraint à
l’annulation du vol.
Faut-il
s’en inquiéter ? Tout d’abord,
constat est fait que ces problèmes
n'ont aucun rapport avec celui de la
surchauffe de batteries électriques, qui
avait conduit à la suspension de
l’agrément de vol, en janvier. Puis,
comme indiqué dans ma chronique de juin,
comme sur tous les avions neufs - d’autant plus
qu’ils comprennent de très nombreuses
innovations, comme c’est le cas du B787 - divers
dysfonctionnements continueront à
être constatés au fil des mois,
pendant une période qui s’étale en
général sur une année
d’exploitation, sans que pour autant l’appareil
soit considéré comme étant
dangereux.

[4.-
Grève des contrôleurs
aériens]
Question : Quel est votre
sentiment au sujet de la grève des
contrôleurs aériens, du 11 au 13
juin, qui a fortement pénalisé
les passagers et les compagnies ?
Réponse :
Dès lors qu’il est question de Asécurité@,
la question mérite effectivement une
réponse qui, pour être
compréhensible, doit débuter par
les prodromes de ce mouvement de grève.
Ils se trouvent dans les caractéristiques
du contexte actuel, qui ne peut être que
brièvement résumé.
Le
ciel européen est un espace
aérien de 1,7 million de km5,
composé d'environ 370 secteurs de
contrôle et 400 zones,
gérées par la Défense. Au
total, plus de 5 millions de vols ont lieu tous
les ans et ce nombre devrait atteindre 7
millions en 2016. Les vols sont actuellement
gérés par 14 centres de
contrôle en route et environ 240
aéroports, dont 3 aéroports
majeurs (Paris-CDG, Amsterdam et
Francfort), par près de 18.000 civils et
militaires.
En
1999, la Commission européenne a
proposé de faire évoluer
l'organisation de l'espace aérien
européen, afin de construire un
véritable Aciel
unique européen@
(en anglais : SES pour ASingle
European Sky@).
Objectifs :
Réformer le contrôle du trafic
aérien européen, en vue de
satisfaire les besoins futurs de capacité ;
fluidifier le trafic par la création de
trajectoires plus directes pour les 27.000
vols quotidiens en Europe, entraînant
une réduction de 10% des consommations
de carburant ; assurer une meilleure
sécurité ; réduire
le nombre de centres de régulation du
trafic d=où
une réduction des coûts de
fonctionnement pour les compagnies
aériennes,…
Comment ?
Le découpage des secteurs et la
définition des routes seraient
indépendants des frontières
nationales. La gestion de l=espace
aérien serait collective,
conformément à des mesures
techniques et opérationnelles communes,
mais aussi par une gestion collective de
l'espace aérien.
L=idée
a fait son chemin, puisque deux paquets
législatifs ont été
adoptés :
1.-
En 2004 :
- le
programme de recherche et de
développement SESAR (Single
European Sky Air Traffic Management Research),
dont l=objectif
est de développer un système
européen de gestion du trafic
aérien et des standards
techniques ;
-le concept
de Ablocs
fonctionnels d=espace
aérien@
(FAB), dont l=objectif
est de s=affranchir,
du point de vue du contrôle
aérien, tant civil que militaire, des
frontières entre États.
2.-
En 2009 :
- le Ciel
unique européen, avec la mise en
place d=un
cadre réglementaire pour la
réalisation de cette réforme. En
fait, sous prétexte d'une harmonisation
des systèmes de contrôle
européens, les orientations de la
Commission européenne ont rapidement
pris des allures de libéralisation de
ce secteur ;
- les
compétences de l=Agence
européenne de la sécurité
aérienne (AESA) ont été
étendues aux domaines de la navigation
aérienne et des aéroports.
* Puis, en
décembre 2010, les autorités
civiles et militaires de plusieurs
États (France, d'Allemagne,
de Suisse, de Belgique, des Pays-Bas et du
Luxembourg) ont signé un traité
qui prévoit la mise en place entre ces
six pays d'un FAB, décrit plus haut.
Enfin,
en 2011, d=autres
États (Autriche,
Bosnie-Herzégovine, Croatie,
République tchèque,
Hongrie, Slovaquie et Slovénie), ont
signé un accord visant à
créer le bloc d=espace
aérien fonctionnel d'Europe centrale.
On
ne peut que se féliciter de ces
efforts pour améliorer l=ensemble
d=un
système vaste et complexe concernant
les États européens. Or, des
retards dus à plusieurs
difficultés ont conduit les ministres
des transports de l'Union européenne
à annoncer leur volonté
d'accélérer sa mise en place du
ciel unique européen.
Alors
pourquoi la grève, quelques jours
avant la publication des futurs
règlements européens
concernant la navigation
européenne ? Principales raisons
avancées par les syndicats
représentatifs :
-
"Ces règlements sont une
attaque directe contre le caractère
de service public de ce secteur
d'activité, en visant notamment
à externaliser et à mettre en
concurrence des pans entiers de la gestion
de la navigation aérienne" ;
-
"Un
impact négatif sur la
sécurité et une
dégradation des conditions de travail
des agents seront la probable
conséquence de ces externalisations" ;
-
"Certains
des services que Bruxelles
veut soumettre aux lois du
marché font partie intégrante
de la chaîne de sécurité
de la navigation aérienne" ;
-
"C=est une attaque
directe contre le caractère de
service public de ce secteur
d'activité, qui vise notamment
à externaliser et à mettre en
concurrence des pans entiers de la gestion
de la navigation aérienne
français, et une atteinte à la
souveraineté nationale, totalement
injustifiée" ;
-
"Un
impact négatif sur la
sécurité et une
dégradation des conditions de travail
des agents seront la probable
conséquence de ces externalisations" ;
*
Ces arguments justifient-ils cette
grève ? Le fait que ce mouvement a
également été
déclenché par les syndicats de
dix pays de l'Union européenne,
démontre que les raisons
invoquées ont été
estimées fondées,
précisément par ceux qui
connaissent parfaitement les
spécificités et
responsabilités du métier.
De
plus, la Direction
générale de l'aviation civile a
considéré que la proposition
prévoyant une séparation
complète entre les autorités
nationales de surveillance et leurs
régulateurs, les organisations de
contrôle de la circulation
aérienne, se traduirait en France par
l'éclatement des fonctions qu’elle
assure actuellement (régulation,
surveillance et prestations de service de
navigation aérienne). C=est
alors, et ceci est très important
à noter, que le ministre
français des transports - opposé
à ce projet - à
déclaré que cela "est de nature
à remettre en cause ce qui fait notre
particularisme et notre efficacité",
tout et en dénonçant "un excès
de réglementation européenne
dans le secteur aérien, alors que le
premier paquet législatif de 2004
pour le ciel unique européen n'a pas
encore porté tous ses fruits".
Cela
confirme que même
l’autorité de tutelle française
reconnaît le peu de réalisme des
décisions de Bruxelles, dont certaines,
actuellement en préparation, concernant
la durée de vol font déjà
l’objet de sévères critiques.
Finalement,
certes, il est normal de
déplorer le préjudice subi par les
compagnies et leurs sous-traitants ; les
importants désagréments
imposés aux passagers et,
également, le retard dans les avantages
attendus d’un ciel unique européen. Mais,
force est de reconnaître que c=est
grâce à cette action commune des
contrôleurs aériens
européens que les législateurs de
Bruxelles vont être obligés de
revoir leur copie !
Bien
sûr, pour convaincre, il conviendrait de
savoir, d’une façon plus
précise, dans quelle mesure
l’externalisation des tâches aurait pu
avoir un impact négatif sur la
sécurité des vols ?
Cela
étant, en admettant que le
facteur déclenchant a bien
été le critère
sécurité - et non pas celui d’un
réflexe corporatif, évidemment
critiquable, car s’opposant à
l’intérêt général -
la conclusion ne serait-elle pas de dire que
cette réaction des contrôleurs
européens a été un passage
obligatoire pour assurer la
sécurité de demain ?

[5-
Le Salon du Bourget]
Question : Je ne crois pas beaucoup, ni aux
énormes commandes qui auraient
été passées pendant le
déroulement du salon, ni au slogan de
“bataille de Titan”, “duel entre Boeing et
Airbus”. Êtes-vous de mon
avis ?
Réponse :
Tout d’abord, il convient de préciser que
les plus de 130 milliards US$ annoncés ne
représentent pas que des commandes
fermes, mais également des options qui,
pour être effectives, devront être
confirmées. Or, la fragilité du
transport aérien - plusieurs fois
commentée - peut conduire à des
reports, voire des désistements. En
effet, comment être certain de la nature
de l’évolution de tous les
éléments à prendre en
compte : taux de croissance du trafic
aérien ; nature de la concurrence
sur les réseaux qui seront
exploités ; évolution du
coût du carburant ;
phénomènes non prévisibles
(pandémies, éruptions volcaniques,
mouvements de grèves, conflits entre
États,…).
De
plus, ce n’est pas après avoir
admiré les évolutions d’un type
d’avion pendant le salon - qui se
résument d’ailleurs, pour les avions de
ligne, à de simples décollages et
atterrissages - que les acheteurs potentiels
portent leur choix. Ils ont déjà
pris connaissance de ses
spécificités (taille, nombre des
sièges, confort, rayon d'action, masse,
consommation de carburant, coût au SKO
(siège kilomètre offert),
facilité ou non de la revente,…) et
engagé des négociations - souvent
depuis plusieurs mois - qui seront
finalisées par des contrats de plusieurs
centaines de pages. De nombreux avantages
accordés aux acheteurs potentiels restent
d’ailleurs confidentiels (rabais, mise à
disposition gracieuse de techniciens, de
pièces de rechange, offre de
crédits avantageux, reprise d’anciennes
versions,…).
On
apprend que les commandes s’inscrivent dans un
plan de flotte qui nécessitera plus de
35.000 nouveaux appareils dans les
vingt prochaines années, à la fin
desquelles le nombre annuel de passagers
doublera, passant de 3 à 6 milliards. En
attendant, opposer Boeing à Airbus n’a
aucun intérêt et il est plus
sérieux de porter attention à ce
que sont ces deux plus gros constructeurs
mondiaux. Les deux ont une longue
expérience et une organisation
industrielle efficiente, confirmées par
les faits. Les deux intègrent, bien
sûr, le progrès technique, tout en
ayant une conception différente en ce qui
concerne, par exemple, les postes de pilotage.
Il
est également non probant, par des
titres qui interpellent, d’opposer une
production américaine à une
production européenne. Il serait
préférable d’utiliser le terme
de partage. En effet, les deux constructeurs
aéronautiques ont pour clients
potentiels les mêmes compagnies
aériennes. Certes, ils sont concurrents
dans une situation dite de duopole, qui a
conduit à un certain équilibre.
Cela se comprend lorsqu’on sait que chaque fois
qu'un avion est vendu, c'est l’ensemble des
industries aéronautiques
américaines et européennes qui en
profitent, car des sous-traitants travaillent
pour les deux groupes.
- Tel est le
cas du Boeing 737 équipé du
moteur CFM-56,
co-développé par General
Electric et Safran (société
française) et dessiné par Dassault
Systèmes. En France, pour le Boeing 787,
une quinzaine de sous traitants (Dassault
Systèmes, Labinal,
Latécoère, Messier-Dowty,
Messier-Bugatti, Michelin, Radial, Safran,
Thalès,…) constituent le “Boeing French
Team”, qui, avec des contrats sur d'autres
programmes de Boeing, travaille désormais
avec une centaine d'entreprises
françaises, à l’origine de 25.000
emplois.
- Des avions
européens contiennent, eux-aussi, des
sous-ensembles fabriqués par des
sous-traitants américains, tel que,
par exemple, le choix de Spirit
Aérosystems pour la fourniture de
certains éléments du fuselage de
l’A350XWB d’Airbus. Dès 1969, la
motorisation du biréacteur “A300B” avait
déjà été
attribuée à General Electric, en
coopération avec Snecma pour mettre au
point le futur moteur CFM 56.
Finalement,
force est de constater une mondialisation de
l'industrie aéronautique qui
s’intensifiera avec l’émergence des
constructeurs asiatiques (Chine et
Japon), avec lesquels les transferts du “savoir
faire technologique” ont déjà
été engagés, depuis
plusieurs années. David Ricardo
(économiste classique du XIXème
siècle), avait déjà
démontré les avantages de la
spécialisation des États.
Cela
étant, force est de reconnaître
et de se féliciter du succès de
ce salon aéronautique du
Bourget, des 17 au 23 juin 2013,
extrêmement riche en nouveautés,
dont certaines font rêver (avions de ligne
propulsés par
l’électricité, ou
hybrides,…).

[6.- Sièges XL pour passagers en
état d’obésité]
Question : Vous avez écrit que les
compagnies pourraient appliquer des tarifs en
fonction du poids des passagers. Mais a-t-on
tenu compte de l’inconfort des sièges
touristes, non seulement pour ces passagers,
mais également pour ceux qui occupent
un siège à leur
côté ?
Réponse :
Payant un prix supérieur adapté
à leur poids, il est logique d’estimer
que leur siège soit, lui aussi,
adapté à leur poids. C’est
d’ailleurs ce que vient de décider Samoa
Air, cette petite compagnie des îles
Samoa, dans le pacifique, qui a
été la première à
établir des billets tarifiés en
fonction du poids. En effet, elle vient de
lancer une classe “XL”, avec des sièges
plus confortables et des rangées plus
larges destinés aux passagers pesant plus
de 130 kilos. Il est vrai que (étude de
l'OMS - Organisation mondiale de la Santé
- datant de 2009) le taux
d'obésité des Samoa
américaines est l'un des plus
élevés au monde, avec 75% de la
population adulte, en état
d'obésité. Etant donné que
ce taux n’est que de 34% pour les
États-Unis et encore plus faible en
Europe, est-ce que les compagnies de ces
États sont prêtes à montrer
qu’elles sont préoccupées par
cette question ? La probabilité est
faible, car installer quelques sièges
plus larges, c’est en diminuer le nombre, donc
diminuer la recette. Mais pourquoi pas ? Et
il ne serait pas surprenant qu’une
décision dans ce sens soit prise par une
compagnie qui souhaiterait redorer son image de
marque, à une époque où les
passagers sont certes très sensibles au
prix de billet, mais aussi, et de plus en plus,
à la qualité du service.
Par
ailleurs, étant donné
l’importance croissante accordée
actuellement à la réduction de
masse des avions, donc à la
réduction de la consommation de
carburant, il ne serait également pas
surprenant que soit déclenchée une
tarification en fonction du poids, selon des
modalités décrites dans ma
chronique du mois passé.

[7.-Biocarburants]
Question : Quel
crédit apporter à l’annonce
selon laquelle les avions voleront avec du
sucre ou des épluchures de pommes de
terre, sans nous dire quels seront les
coûts de la collecte de ces
épluchures, ni quelles seront les
quantités qui seront
récupérées ?
Réponse :
Dans ma chronique de mars 2011, j’indiquais que,
de nos jours, des recherches portaient sur le
développement de biocarburants, dits de
“seconde génération”, à
base d'algue, de cameline ou de jatropha,
pouvant être mélangés
à du kérosène ordinaire.
Quant à l’application dans le transport
aérien, on savait que des biocarburants,
mélangés à du
kérosène, avaient
déjà été
utilisés, à titre d'essai, par
deux compagnies, Air Japan et Air New Zealand.
Lufthansa avait également annoncé
que, dès avril, sur une ligne
régulière et quatre fois par jour,
entre Francfort et Hambourg, un Airbus A321
volerait avec un réacteur alimenté
pour 50% par du carburant biosynthétique,
à base d'huiles végétales.
Tout en prenant en compte la réduction
d’émission de CO2, le frein
majeur reste que son coût est,
actuellement, de trois à cinq fois plus
cher que le kérosène classique !
Quoi
de neuf aujourd’hui ? On a appris
qu’à l’occasion du Salon du Bourget, un
A321, volant avec du biocarburant, s’y
était posé, avec un
mélange ne comportant que 10% de
biocarburant, fabriqué à partir
du jus de canne à sucre. Pour les
curieux, sachez que le sucre est
transformé en molécules de base
(le farnésène), laquelle, une fois
hydrogénée, devient du
farnésane qui peut être directement
incorporé dans les carburants des avions.
Ce sont Total et la start-up américaine
Amyris (dans laquelle le groupe pétrolier
détient environ 20% du capital) qui en
sont les producteurs, dans une usine
implantée au Brésil.
Les
experts nous disent que pour être
rentable les biocarburants devraient couvrir
entre 20 à 30% des besoins de la
flotte mondiale, dans 30 ou 40 ans,
avec des coûts se rapprochant de celui du
kérosène. Bien que très
lointaine, on ne peut que s’associer à
cette prévision d’importante
réduction d’émission de CO2.
Il reste à espérer qu’après
la certification de ce biocarburant (attendue en
2014), la production industrielle qui en
résultera ne conduira pas à une
accélération de la
déforestation de la forêt
amazonienne, pour y cultiver de vastes champs de
canne à sucre !
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