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RÉPONSES
AUX
QUESTIONS
DES
LECTEURS
 :
Le
samedi
10
avril
2010,
l'appareil, qui transportait le
président de la Pologne Lech Kaczynski et
plusieurs hauts responsables, s’est écrasé à
Smolenks, à 400 kilomètres à l’ouest de
Moscou,
peu avant la piste, après une quatrième tentative
d’atterrissage. Est-ce normal de tenter quatre
fois de suite de se poser ?
:
Cette décision ne peut normalement s’expliquer que
dans le cas où la quantité de carburant
à bord serait insuffisante pour rejoindre le plus proche
aérodrome, ayant des conditions
météorologiques meilleures. En effet, dans une telle
situation, pour éviter d’avoir à se poser
dans la nature, à court de carburant, la seule solution est de
tenter d’atterrir, coûte que coûte,
quitte
à continuer à descendre en dessous des
“minimas”.
Les “minimas” sont des hauteurs
en dessous desquelles le pilote ne doit pas descendre. Ils
dépendent des conditions de visibilité
horizontale
et verticale ; des installations radio-électriques
de l’aérodrome ; de la longueur
de la piste ; de l’équipement de l’avion ; de la qualification
des deux pilotes,... C’est ainsi
qu’à une certaine hauteur - dite “Hauteur de décision”
(HD) - si le pilote ne voit pas la piste, il
doit impérativement remettre les gaz, afin de reprendre de
l’altitude. Noter
qu’en cas d’extrême urgence, dès lors que l’avion est
correctement stabilisé sur l’axe d’approche,
le
pilote continue alors à descendre jusqu’à voir la
piste, ne serait-ce que quelques instants
avant le toucher des roues. Sur un vol Paris-Londres en Vickers, alors
que Londres était fermé
cause
brouillard et qu’il en était de même pour Paris et
même Lyon, je n’ai pu atterrir sur un
aérodromeau sud deLondres, où la visibilité
était quasiment nulle, qu’en passant en dessous des
minimas. J’ai décris les détails dans un de
mes ouvrages.
Cela étant dit, il s’agit de cas tout à
fait exceptionnels.
: Malgré
l’amélioration du niveau de sécurité
du transport aérien, n’est-il pas imprudent de
faire voyager dans le même avion autant de hautes
personnalités ?
: La Pologne n'a jamais fixé de règles de
précaution pour les déplacements groupés de ses
dirigeants, aussi bien civils que militaires. En revanche, la plupart
des grands pays occidentaux ont
adopté des règles qui interdisent, par exemple,au
Président
de
voyager
avec
son
Premier
ministre
ou Vice-Président ou de regrouper plus d'un certain
nombre d'officiers d'État-major.
Certaines grandes entreprises multinationales, voire des
familles, ont
également des règles
identiques.
: La
présence à bord du Président polonais avec une
délégation de membres du gouvernement
a-t-elle pu influencer la décision du pilote de
persévérer pour atterrir ?
 :
Tout pilote doit prendre ses décisions sans tenir
compte de la présence à bord de personnalités,
quelle que soit leur importance. Cela étant, plusieurs
cas
sont
connus
de
certaines situations
de
dépendance, comme celle d’un pilote d’un avion privé,
vis à vis de son propriétaire
:
obligation
de
décoller
malgré de mauvaises
prévisions météorologiques en route et
à destination ; en vol, pour différentes
raisons,
changement d’aéroport de destination, demandé
par
le propriétaire, présent à bord,...
Bien que
la plus grande prudence soit de rigueur, il reste que
l’hypothèse d’une pressionéventuelle
qui
aurait
pu
être
exercée sur le pilote, ne peut
être écartée, du fait :
- qu'un
déroutement aurait obligé les membres du gouvernement
à effectuer 400 km par la route ;
- que 15
minutes avant, un avion russe s’était dérouté sur
Minsk ;
- qu’il a
été rapporté qu’en 2008, lors de la guerre
Russie/Géorgie, le Président Kascynsky avait
licencié un des pilotes de l'Air Force Polonaise qui avait -
suite à une piste dégradée et des
conditions de sécurité non assurées -
refusé de se poser à Tbilissi, malgré son ordre.
: Quel
a été le rôle de la Tour de contrôle ?
Le contrôleur aérien donne au pilote les
conditions
météorologiques sur l’aérodrome et il appartient
au pilote de dire s’il décide ou non d’entreprendre une
approche. L’aéroport peut être
déclaré
fermé lorsque la piste est impraticable,
par exemple : les conditions météorologiques
sont
telles
qu’aucun atterrissage ne peut être envisagé;
la
piste est obstruée par un avion
en panne, la piste est enneigée,... Dans le cas concerné,
l'agence Interfax a rapporté qu’il a
été proposé à l'équipage polonais
d'atterrir à Minsk ou à Moscou, en raison du brouillard,
mais
le pilote aurait décidé d'atterrir près de
Smolensk.
: Quels
sont les types d’approches pouvant être
réalisées par mauvaises conditions
météorologiques
?
Dans ce cas , le pilote effectue une approche dite aux
instruments,
ce qui signifie qu’il ne se
réfère plus à un repérage visuel du sol.
Il existe
deux types d’approche aux instruments :
-
L’“approche classique” s’effectue en se référant à
une balise radio (NDB) ou à un émetteur
plus
précis (VOR, donnant également la distance par rapport
à l’émetteur) qui indiquent la
direction
dans laquelle se trouve la piste.
-
L’“approche de précision” utilise des informations en site, en
azimut et en distance fournies
par une
installation au sol (exemple l’ILS). Elle comporte trois
catégories :
*
Catégorie I : Hauteur de décision (supérieure ou
égale à) 200 pieds
(60 mètres).
*
Catégorie II : Hauteur de décision 100 pieds
(30 mètres)
*
Catégorie III : Hauteur de décision 0 pied.
:
Quel s
sont les types et catégories d’approche pouvant être
réalisées sur l’aérodrome de Smolenks ?
Sur la base de
Smolensk, s’il y a un ILS, cela permet
d’engager une approche de catégorie
un
ou deux ( CAT I ou CAT II). S’il
existe une approche de non-précision - consistant en un guidage
radar en cap et vitesse verticale
(SRA), impliquant une hauteur de décision supérieure
à celle de la CAT I - elle n’est pas
appropriée en cas de fort brouillard. Quant à
une approche radar de précision
(PAR)permettant
au pilote,selon le cas, de poursuivre sa
descente le plus bas possible, c’est à dire à la hauteur
d’une approche CAT I, voir de CAT II, il
convient de signaler que, d’une part, l’efficacité
d’un tel
guidage dépend du niveau de qualification
du
radariste et, d’autre part, de la réactivité du
pilote, qui ne peut être efficace que si ce
type de procédure est effectué
régulièrement. Il est
également bon d’indiquer que dans ce type d’approche, la
décision de remise de gaz appartient
aussi
bien au pilote qu'au radariste, dès lors que celui-ci
estime que l’avion est mal positionné
pour
être
en
mesure
d’atterrir, car trop écarté de
l’axe d’approche, ou trop haut ou trop bas,
par rapport au plan de descente. À
une époque où cette procédure de guidage radar
était couramment utilisée, nous étions
entraînés
à
réagir
correctement
en
fonction des indications
données par le radariste. Or, affecté sur des
lignes desservant l’Europe de l’Est, j’ai eu recours à ce type
d’assistance, deux fois (en Russie et en
Pologne). Mais, suite à l’imprécision du guidage, j’ai
préféré
reprendre
de
l’altitude et
rejoindre notre terrain de dégagement (aérodrome figurant
dans le “Plan de vol”, vers lequel le pilote
doit se diriger, s’il n’a pas pu se poser sur le terrain de destination
initiale). Or, de
nos jours, cette procédure n’étant quasiment plus
pratiquée, les équipages n’ont plus, ni
l’entraînement,
ni
l’expérience
de
ce
type d’approche.
L’enquête
en
cours,
après
exploitation
des
“boîtes noires” et des
auditions des contrôleurs aériens,
permettra
de savoir quel type d’approche a été
effectuée ce jour là.
 :
L’avion
peut-il être mis en cause ?
Le tri-réacteur Tupolev Tu-154 (semblable, en apparence
à
un Boeing 727) est un des appareils
les plus vendus de l'industrie aéronautique civile russe. Il a
effectué son premier vol commercial
en
1972 et a été l'un des avions les plus utilisés
par les anciens pays du bloc de l'Est. Sa
fabrication a été arrêtée en 1994, il y a
donc 16 ans, après la production de plus d'un millier
d'appareils. Bien
que la technologie Tupolev soit obsolète,un pilote ayant
travaillé en Pologne, a signalé des Tupolevs,
hors d’âge, servant au déplacements des membres du
gouvernement polonais basé à Varsovie.
Le chef du comité d'enquête du Parquet russe a
déclaré que l'analyse des conversations
entre les pilotes de l'avion présidentiel polonais et
les aiguilleurs russes permettait d'exclure
la thèse d'un accident dû à un problème
technique.
 :
Y
a-t-il eu des crashs de ce type d’avion ?
Plusieurs accidents particulièrement meurtriers sont
survenus, dont celui du 29 août 1996,
lorsqu'un TU-154 russe est tombé sur une montagne de l'île
norvégienne du Spitzberg, faisant
141 morts.
Le 3
juillet 2001, un TU-154 de la compagnie VladivostokAvia, s'est
écrasé près de l'aéroport d'Irkoutsk
(Sibérie),
faisant 145 morts.
Le 22
août 2006, un TU-154 de la compagnie russe Poulkovo s'est
écrasé en Ukraine, faisant 170 morts.
Le 15
juillet 2009, un TU-154 de la compagnie iranienne Caspian Airlines, qui
effectuait la liaison
Téhéran-Erevan, s'est écrasé au nord de
l'Iran, entraînant la mort de ses 168 passagers et
membres d'équipage.
Retenons
que le
nombre d’accidents survenus à un type d’avion ne peut
être retenu pour déclarer qu’il
s’agit d’un avion dangereux. En effet, avant de conclure, il convient
de savoir qu’elles sont les
causes qui ont été retenues par les enquêtes
administratives et judiciaires.
 :
Quelques
heures
à
peine après le crash ,les
autorités ont déclaré qu’ils
suspectaient une erreur du
pilote !
Effectivement, une source des forces de l'armée russe
a indiqué qu'une erreur de pilotage
pourrait être à l'origine du crash de l'avion. Cette
précipitation
à
“tirer sur le pianiste”, alors que
les opérations de secours ne sont même pas
terminées et que l’enquête n’a pas encore
débuté,
est
une
pratique
malheureusement
habituelle, qu’on ne peut que
déplorer.
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DEUXIÈME
LETTRE
D’AVRIL
2010 
Bonjour,
1.- Deuxième
chronique
d’avril
2010
Cette chronique (fichier
pdf) répond
succinctement aux questions posées par plusieurs d’entre vous, à la suite de l’accident d’un Tupolev, survenu le 10 avril, en
Russie.
2.- Ouvrage
==> "Le guide pratique du pilotage"
de Jean Zilio. 288 pages. 560 images. Réglette PVC vitesse-temps. Editions VARIO.
Ce guide - largement illustré de dessins de la main de l'auteur - constitué de fiches thématiques,
reprend
les
fondamentaux,
expliquant de façon
concrète
-
largement
illustré
de dessins de la main de l'auteur - ce qui reste la plus didactique des
méthodes
pour
expliquer
le
pilotage, discipline où
la rigueur est fondamentale. Il rassemble toutes les
techniques au programme du brevet de pilote privé et professionnel, dans le cadre de la méthode française.
Il
constitue
donc,
le "livre de chevet" du pilote, qu’il soit débutant ou confirmé.
D'un grand intérêt pédagogique,
le
succès
de cet ouvrage - qui en est à sa 14ième
édition
depuis
24
ans
- a fait que des milliers de pilotes qui l’ont utilisé au cours de leur progression ne parlent plus que du "Zilio",
ce qui est la consécration
pour
un
écrivain-enseignant,
de
voir
son
nom se substituer au titre de son œuvre. L’engouement pour cet ouvrage est tel qu’il été
retenu par l'École
de
l'Air
pour
contribuer à
la formation initiale des élèves-pilotes. Liste des revendeurs et tous les renseignements
du catalogue sur le Website sécurisé
de l’éditeur
:
www.aviation-publications.com.
Ouvrage incontournable, indispensable à tous les jeunes et moins jeunes pilotes.
3.- L'amicale du Super Constellation
(Pierre-André
Biron - Chargé
de Communication)
Cette association a mis en place un système de partenariat avec les entreprises souhaitant participer
au projet de restauration du Super-Constellation F-BGNJ. Le but de ces
travaux est de reconstituer l'intérieur du Super-Constellation, tel qu'il était en 1953, dans sa version de luxe "Parisien Spécial", pour le faire visiter au public, dans les années à
venir.
Or, ces travaux nécessitent
un
budget
considérable,
que
l'association
ne
peut malheureusement pas financer, elle seule.
C'est la raison pour laquelle est lancée cette campagne de partenariat, en vue de proposer aux
entreprises (et particuliers) de devenir partenaires du projet. Pour de
plus amples informations, n'hésitez pas à
consulter le site de l’association : http://superconstellation-nantes.fr, et à
participer, même
modestement, à
cette merveilleuse initiative à la gloire de nos ailes.
L’association recherche également
un
maximum
de
documents, photos, plans, croquis concernant l'aménagement intérieur
du
"Parisien
Spécial".
Si
vous
êtes
en
possession
de
tels documents, n'hésitez
pas
à
en faire part à
cette adresse : communication@superconstellation-nantes.fr.
Bien cordialement
Jean Belotti
* Si vous ne souhaitez plus recevoir mes
messages, merci de bien vouloir répondre en
tapant "FIN" dans la case "Objet", afin que votre adresse courriel soit
aussitôt supprimée de ma Banque
de Données.
* En revanche, si vous avez un ou plusieurs
amis qui - comme vous - sont intéressés par ce monde de l'aviation, alors - avec
leur accord - vous pouvez me communiquer leurs adresses courriels.
Ainsi, ils seront automatiquement et gracieusement destinataires de mes
Lettres et Chroniques.
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