11 SEPTEMBRE 2001, CINQ ANS DÉJÀ ! |
* Réactivité des Pouvoirs Publics |
![]() *Les ouvrages de Jean Belotti |
CHRONIQUE DE SEPTEMBRE 2006 11 SEPTEMBRE 2001, CINQ ANS DÉJÀ ! Ce jour là, ce sont des avions civils qui - une nouvelle fois - furent confisqués par des pirates, pour déclencher leur action criminelle d'envergure, jamais atteinte auparavant. Par son ampleur, sa violence, par le choix des objectifs, cette terrible attaque terroriste fût une tragédie épouvantable, inimaginable, hallucinante, inconcevable. Même les plus imaginatifs scénaristes d’Hollywood n'auraient pu concevoir un tel scénario d’apocalypse ! (a) Faire le point des effets d’un tel drame sur le monde du transport aérien nécessiterait une analyse de tous les événements survenus depuis, en vue d’une synthèse et d’une conclusion finale. Bien sûr, cette démarche sort du cadre de cette chronique dans laquelle seules quelques sujets seront brièvement abordés. * Réactivité des Pouvoirs Publics
Les Etats-Unis montrèrent leur réactivité, leur dynamisme, en prenant rapidement des dispositions afin de secourir une industrie en détresse. Trois semaines après l’attentat, le Congrès votait des aides de plusieurs milliards afin de sauver l’industrie du transport aérien, donc l’économie américaine (b). En effet, son effondrement aurait conduit également à celui de tout un pan de l’économie, donc aurait fragilisé tout le pays. En Europe, l’efficacité a été moindre, car Bruxelles, qui "veille au grain", n’avait pas encore intégré les composantes de la phase de néo-libéralisme dans laquelle le transport aérien était entré. Ainsi, lorsque les espoirs placés dans les vertus des "lois du marché" ont été déçus, ils conduisent à un interventionnisme de l’Etat, mais quand et comment ? Il restera à préciser si l’Etat ne doit intervenir que lorsque le feu est dans la maison - c’est à dire faire payer les "pots cassés" à l’ensemble de la population - ou s’il doit intervenir, en amont des événements, c’est-à-dire, à titre préventif. * Dispositions préventives
Parmi les dispositions prises, celle d’un renfort du contrôle des passagers a rapidement été mis en place, puis le projet d’armer les pilotes a heureusement avorté, pour des raisons évidentes (c). Celui de blinder et de verrouiller les portes d’accès au poste de pilotage a eu pour but d’empêcher les pirates de pénétrer dans le cockpit en vue de renouveler le même type d’attentat. Cette protection, en limitant considérablement le risque d’un grave attentat a donc contribué à réduire également la fragilité de l’avion à ces actes de terrorisme. Ayant moins d’attraits, ils devraient devenir de plus en plus isolés et ne représenter qu’une partie infime des dangers de la vie courante, comme ceux - entre-autres - de l’automobile, pour ne citer que celui-là. Cette disposition ne laisserait aux terroristes que l’option de faire exploser un avion en vol. Mais la question qui se pose est de savoir si cet objectif fait encore partie de leur plan de déstabilisation de nos démocraties ? En effet, pourquoi, pour ce faire, être obligé de mettre en place une très lourde organisation, alors qu’il est si simple d’intervenir au sol sur les avions en stationnement sur les aéroports (d). Je ne décrirai pas les mille et une façons de pénétrer sur un aéroport sans passer par les filtres mis en place - d’ailleurs probablement déjà connues des terroristes - mais simplement pour ne pas diffuser d’informations contributives à un nouvel attentat éventuel (e). De plus, les faits montrent que les objectifs des terroristes sont essentiellement de déclencher des catastrophes d’envergure, susceptibles de provoquer un traumatisme quasi-mondial. Si tel est le cas, alors il faut admettre qu’il existe de nombreuses autres cibles qui sont beaucoup plus faciles à détruire et dont l’impact est nettement plus importante que celle de la perte d’un avion et de ses passagers. Bien sûr, ici également, inutile de les citer. J’ajouterai qu’il convient de veiller à ne pas tomber dans le panneau du soit disant "principe de transparence" nécessaire à l’information des foules : - Alors que seules quelques de victimes de la maladie de la vache folle ont été déplorées, la publicité qui en a été faite a conduit à une psychose qui s’est propagée dans plusieurs pays et à une dramatique situation des éleveurs qui ont dû faire abattre leurs troupeaux. - Alors que sur 250 millions d’habitants, ceux qui ont été touchés par la maladie du charbon (anthrax) ont été rapidement traités et guéris - seuls quelques rares décès ont été déplorés - une psychose s’est installée au Etats-Unis et à conduit à des milliers de dispositions, aussi coûteuses qu’inutiles, sinon celle de tenter de rassurer ! Ce faisant, on fait parfaitement le jeu des terroristes qui, en plus de l’attentat, ont pour objectif de semer une psychose qui affaibli et stresse tout le pays. Leur objectif est donc doublement atteint: une première fois par les pirates qui ont déclenché la psychose et une deuxième fois par la victime, elle-même, qui contribue à sa propagation au sein des populations. Il y a mieux encore : Le FBI aurait démontré qu’il ne s’agissait, en fait, que d’un acte provenant d’une seule et unique personne ! Quant à la profondeur des mesures de sécurité avant l’embarquement; après l’interdiction d’emporter dans les bagages cabine tout liquide, ne voilà t-il pas que les américains exigeraient des européens se rendant aux Etats-Unis de répondre à toute une série de questions très personnelles (nourriture et boissons habituelles, qualité du sommeil, etc..) ce qui est, une intrusion dans la vie privée, inacceptable pour d’aucuns. On apprend, qu’accepter cette nouvelle contrainte permettrait d’accorder une réduction des tarifs ! Il est permis de se poser la question de savoir comment ce type de chantage pourrait être effectivement concrétisé ? En effet, pourquoi les compagnies accepteraient-elles de diminuer leurs tarifs, sans compensation financière de l’Etat ? De plus, il convient aussi de noter que cela serait une nouvelle intrusion des Pouvoirs Publics dans la domaine des affaires commerciales privées, ce qui introduirait un biais dans la libre concurrence, pourtant voulue par les Etats-Unis dans la "deregulation Carter" libérant le marché du transport aérien ! Finalement, cette fixation sur le transport aérien conduisant à d’interminables formalités avant le départ, à l’instauration de taxes - qui, sur certains vols sont plus élevées que le prix du billet - est-elle pleinement justifiée ? Ne va-t-elle pas, finalement, démotiver une partie de la clientèle ? Ces questions nous amènent, tout naturellement, à l’observation du marché du transport aérien. * Effets sur le marché du transport aérien Jusqu’à ce jour, la croissance a été au rendez-vous. Ainsi donc, le danger du renouvellement d’un tel attentat n’a pas été pris en compte par les utilisateurs du transport aérien qui ne se sont pas posé la question de savoir quelle était la probabilité de sa manifestation (f). Et ils ont eu raison : - d’une part parce que donner une probabilité à cette éventualité n’est pas aisé, le risque, dans le cas présent, n’est pas mesurable, ni qualifiable en terme de probabilités ; - et d’autre part parce que les coûts engagés en matériel, en personnels, plus les surcoûts dûs aux retards résultant de la durée des contrôles des passagers, représentent un énorme investissement, nettement disproportionné par rapport aux quelques rares complots qui ont été étouffés dans l’oeuf, par les forces de police. Ce constat ne confirmerait-il pas que la sensibilité du transport aérien à ce type d’intervention a perdu de son intérêt pour les terroristes ? Quant à la nature du marché, son évolution est constante. Elle est caractérisée par un phénomène de concentration - touchant également les compagnies "low costs" - qui continue à renforcer les plus forts. - par des regroupements nécessités par un objectif d’efficience de l’industrie, mais également accélérés par certaines manoeuvres financières et de mauvaises gestions ayant conduit à plusieurs disparition de compagnies aériennes ; - par la reconstitution, aux Etats-Unis, d’oligarchies plus puissantes qu’avant la "deregulation". Cela étant, les équilibres obtenus après maints efforts restent fragiles, étant donné le nombre de facteurs auxquels l’industrie du transport aérien est sensible. La prudence est donc de rigueur, les faits ayant démontré que rien n’était définitivement acquis sur l’échiquier du transport aérien. * Les solutions Pour perpétrer leurs actes criminels, les terroristes ont besoin d’énormes moyens, non seulement pour l’achat d’armes mais, également et surtout, pour la mise en place de réseaux et l’endoctrinement de leurs futurs adeptes. On ne naît pas "kamikaze". On le devient. Seuls d’énormes capitaux sont susceptibles de permettre de telles organisations et ramifications au niveau mondial. Il y a cinq ans j’écrivais : "Il y a de quoi être inquiet lorsqu’on apprend que la plus grande banque qui approvisionne les fondamentalistes islamiques est en Suisse et que l’Arabie Saoudite, au cours des dix dernières années, leur a versé des milliards de dollars". À situations exceptionnelles, décisions exceptionnelles. Pour faire disparaître le terrorisme, tout le monde s’accorde pour convenir que c’est aux sources qu’il faut remonter, c’est à dire couper les voies de financement des commanditaires. Il est impératif qu’entre tous les Etats, une clarification de la nature de leurs relations - eu égard au terrorisme - soit faite. Il faut être clair. Il n’y a pas de tergiversation acceptable. On ne peut plus admettre que des Etats jouent sur les deux tableaux. On est pour ou on est contre, avec toutes les conséquences et obligations que ce choix implique. Bien évidemment, il s’agit d’un travail de longue haleine, qui touche également l’évolution des régimes politiques. Donc, malheureusement, il faut s’attendre à vivre avec le "terrorisme" pendant "un certain temps". Ainsi, cinq années après le drame du 11 septembre 2001, il convient de se rendre compte que nous sommes en guerre. En guerre contre un ennemi quasiment insaisissable, pouvant intervenir à tout moment et en tout lieu, avec toutes les conséquences qui en résultent et qui touchent profondément nos démocraties. Une guerre, qui n’est pas faite des militaires qui se combattent, mais une guerre qui tue des milliers d’innocentes victimes civiles. Pour mettre fin à cette invasion de nouveaux barbares sapant les fondements de nos sociétés démocratiques, seule une coopération internationale est susceptible de mettre fin à ces attaques terroristes qui trouvent leur source dans le fanatisme de l’Islam. La tâche est évidemment d’une extrême complexité, mais elle doit être prise à bras le corps car, en constatant que, presque chaque jour, des attentats suicidaires ont lieu en Irak, on imagine l’importance du réservoir de "kamikazes" qui ont été endoctrinés et sont prêts à intervenir, le moment venu. Il reste à espérer que les efforts engagés par les gouvernements permettront (g), qu’enfin, la paix règne sur la terre. ---- (a) - Détails dans ma chronique "Quatre
bombes volantes" de septembre 2001 retour dans le
texte
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1.- Chronique de septembre 2006 Cette chronique intitulée : "11 septembre 2006, cinq ans déjà" est suivie de l’interview de Jean DA LUZ, rédacteur en chef de www.tourmag.com. 2. Chronique d’août "Les mécanos" Je ne citerai, ici, qu’un extrait d’un message qui résume bien la réaction de nombreux lecteurs au sujet du rôle des mécaniciens navigants: "Comme d’habitude Mr Belotti fait des remarques de bon sens et d’expérience. Je pense, en effet, que les passagers paieraient plus facilement quelques euros pour cela que pour la taxe Chirac... mais les a-t-on consultés ? En tout cas, j’y serais prêt. Peut-être que les promoteurs du pilotage à deux pourraient émettre leur avis...". 3.- Réponses aux questions posées
Réponse : Exact. Le Douglas Commercial 3ième version, qui avait été militarisé sous le nom de C47, C53 ou Dakota - avion de transport et de parachutage - a effectivement été le héros de l'opération Neptune, nom de code de la phase aérienne du débarquement, du 6 juin 1944. Son prototype, le Douglas DST-144 RHD, immatriculé X-15988 - premier avion tout en métal - en faisant son premier vol le 17 décembre 1935, donnait naissance . à l'une des plus grandes légendes de l'histoire aéronautique : le DC3. Lorsque la chaîne de fabrication fut suspendue, en 1947, plus de 13 500 modèles avaient été construits. De nombreux appareils furent utilisés dans le monde entier par la plupart des compagnies aériennes. Air France en utilisa plusieurs dizaines pour la formation des équipages, le transport de passagers et pour la Postale de nuit, jusqu'en 1970. Comme tous les pilotes ayant été aux commandes de cet appareil mythique - dont plusieurs exemplaires continuent à voler de nos jours -j'en conserve un excellent et inoubliable souvenir Il y a une quinzaine d'années, avec quelques collègues, nous en avions fait l'acquisition d'un exemplaire et créé l'association "France DC3", dont je fus le président, L'avion étant entretenu par Air Inter et était essentiellement exploité pour l'accompagnement du Tour de France aérien des jeunes pilotes. 4.- Ouvrages *** "LE MÉTIER DE PILOTE DE LIGNE" de Bernard CABANES et Nicolas LOUKAKOS. Cet ouvrage d’une excellente présentation, parfaitement documenté et illustré, didactique, est désormais un nouvel ouvrage de référence, une bible incontournable, non seulement pour les futurs pilotes, mais également pour toute personne curieuse de ce monde de l’aviation. Il a, de ce fait, sa place dans toute bonne bibliothèque. Editions COUFFY. Librairie de l’Université d’Aix en Provence. 12, rue de Nazareth 13100 Aix en Provence. Http://www.aix-provence.com. Tél :04 42 26 18 08. Ces deux pilotes avaient déjà été les coauteurs d’ouvrages de référence (entre autres : "Guide pratique du pilote de ligne" ; "LEX AERO Guide du droit aérien", chez le même éditeur). *** "DU HAUT DE MES AILES". Mémoires d’un pilote de chasse, de Pierre-Alain ANTOINE. Préface du Général Richard WOLSZTYNSKI Chef d’État-Major de l’Armée de l’Air. L’auteur est un ancien pilote de Chasse sur F- 100 « Super-Sabre », Mirage III E et Mirage IV A (le bombardier des FAS). Il commanda un escadron de Jaguar et dirigea la Patrouille de France de 1990 à 1992, puis le Polygone de Guerre Electronique en Allemagne. Colonel (CR) totalisant 6 200 heures de vol, il reste très actif dans le milieu de l’aviation et organise des meetings à thème historique. Il est aussi, depuis de longues années, le commentateur des meetings nationaux de l’air. Site : www.airhistory.fr . Editions de l’Officine. 45 rue des Petites-Ecuries, 75010 Paris. 22,50 € TTC + Port 4 €. La commande doit être adressée à AIR HISTORY BP 216 78002 Versailles Cedex, accompagnée d’un chèque à l’ordre de Pierre-Alain ANTOINE. *** Dans "CINQUANTE ANS D'AVIATION COMMERCIALE SUR L'AÉROPORT DE LYON-BRON", Paul MATHEVET (météorologiste et ancien Président fondateur de la Société Lyonnaise d'Histoire de l'Aviation et de Documentation Aéronautique - SLHADA) raconte - avec sa grande rigueur professionnelle - l'histoire de Lyon-Bron, ce haut lieu de la mémoire de l'aviation, dont Lyon est si riche. De très nombreux documents d'archives, des anecdotes et d’émouvantes photos illustrent l'ouvrage, ce qui ne peut que ravir non seulement les anciens qui ont oeuvré sur la plateforme, mais également passionner tous ceux que captive l'histoire de l'aviation. L'auteur et la SLHADA les aident, ainsi, à mieux comprendre ce qu'a été l'histoire et la vie de cet aéroport, que tous les pionniers ont fréquenté à un moment ou à un autre. Boutique des Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2 quai Claude Bernard 69007 LYON. www.editions-lyonnaises.fr. *** "L’AÉROBIBLIOTHÈQUE". Vous chercher un document traitant de l’aérien : appareils et constructeurs, hommes et femmes de l’aviation, récits et romans, beaux livres, aéronautique (civile, militaire française et étrangère); histoire régionale, aviation légère, didactique & technique, ouvrages thématiques, bandes dessinées & albums, multimédia, maquettiste ? Alors, n’hésitez pas à entrer dans le site de Philippe BALLANINI : www.aerobiblio.com, riche actuellement de 1123 publications. L’Aérobibliothèque n’est pas un organisme commercial, mais un espace géré par l’association Aérostories, à vocation informative. Elle se flatte d’être un espace pionnier, animé par des bénévoles authentiquement passionnés d’aéronautique, avec les maîtres mots : professionnalisme et indépendance. La genèse de cet espace et la volonté affirmée de le maintenir éloigné de tout esprit mercantile font de l’Aérobibliothèque un service unique sur Internet. Bien cordialement. Jean Belotti * Vous n’êtes plus intéressé par ces "Lettres" et "Chroniques" que vous recevez
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