... à quoi bon s'embarrasser de toutes les sottises écrites avant nous et encore aujourd'hui...
L'aéropostale commence là où les lignes Latécoère s'arrêtent 
L'Aéropostale, création 1927, fin désastreuse 1931, période de la liquidation 1931-1933 

Copyright © 2007 Lili Harker 25-08-07                              

Extrait d'une Histoire de l'Aviation des origines à nos jours.... près de la vérité. Retenir "Un grand chef et la fin honteuse"
On y lit, (copie intégrale):

L'aventure de l'aéropostale

L'acheminement du courrier par voie des airs fut une des grandes conquêtes de l'aviation civile. La Guerre de 14-18 terminée, une nouvelle génération de pilotes vit le jour. Elle avait pour idéal la conquête des terres lointaines, franchissant mers, montagnes ou désert, oubliant les risques qui n'étaient pas des moindres. Pierre Georges Latécoère fut à l'origine de cet élan qui permit de relier les hommes en quelques heures. Avec Didier Daurat qui anima l'Aéropostale il développèrent ensemble quelques lignes aériennes à travers l'Afrique et l'Amérique. "Le courrier doit passer", c'est par ces mots que Didier Daurat galvanisait ses hommes qui avaient pour noms Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet...

Pendant la guerre de 14-18, Pierre-Georges Latécoère, jeune chef d'entreprise d'une scierie familiale, participe activement à l'effort de guerre. Il fournit des caisses de munitions, des baraquements, des cuisines de campagne et même des obus de gros calibre. Le hasard va le conduire à la fabrication d'appareils d'observation dont les militaires ont un impératif besoin pour conserver leur avantage dans les combats de cette fin 1917. Ce n'est pas moins de 1000 avions de reconnaissance biplaces qu'il doit produire avec pour échéance le 15 mai 1918. Pari tenu, voilà notre patron qui, malgré une absence totale de formation aéronautique, va engager les meilleurs ingénieurs de son temps (Dewoitine, Marcel Moine) pour les faire plancher sur ce projet. Il ouvre un nouvel atelier à Montaudran près de Toulouse et commence rapidement la production qui passe à six unités par jour. Pourtant, la fin de la guerre approche et Latécoère pense déjà à une reconversion de son potentiel industriel.

Premières années, premiers succès

Après la paix, les grands as de l'aviation militaire vont trouver une nouvelle source d'aventure avec le développement de l'aviation civile et particulièrement du transport de courrier et de passagers, Latécoère se dirige à son tour dans cette voie et décide de lancer ses pilotes vers l'Espagne, mais aussi le Maroc et le Sénégal, autrefois terres françaises.

Il va même jusqu'à envisager d'aborder le continent américain par le sud mais c'est une vue de l'esprit pour l'époque alors qu'aucun appareil n'a encore réussi à franchir l'Atlantique. Latécoère n'hésite pas à mettre la main à la pâte et le voilà équipé d'une combinaison, passager à bord d'un Salmson en direction de l'Espagne. Plus tard, destination le Maroc où on le verra signant un contrat d'exploitation pour 8 vols mensuels (Toulouse-Rabat) avec le Maréchal Lyautey (Résident Général de l'époque). Autre point fort du personnage, il sait s'entourer des meilleurs.

Un grand chef

Sa rencontre avec Didier Daurat va donner un nouvel à son entreprise. Ce grand stratège va exercer à merveille le rôle que lui confie Latécoère: diriger, persuader et dominer car il ne faut pas oublier que les pilotes, la plupart issus de la guerre, sont restés des têtes brûlées qu'il faut "mater" pour obtenir le meilleur d'eux-mêmes. Daurat s'y connaît pour rabaisser le caquet des orgueilleux. Il commence même par placer les nouveaux venus de longs mois durant à l'atelier, démontant et remontant les moteurs, avant de leur confier un "manche à balai". Cette expérience s'avérera bien utile plus tard lorsque les appareils tomberont en panne au milieu d'un désert. Le développement des lignes obligeant à trouver du personnel, on verra se côtoyer les ennemis de jadis, pilotes allemands et français, côte à côte pour la même cause: faire passer le courrier.

Le matériel pose aussi des problèmes et ce n'est pas sans inquiétude que Didier Daurat voit partir ses hommes à bord d'engins fatigués. Même si les appareils Breguet cédés par l'armée sont plus costauds que les vieux Salsom, la traversée des Pyrénées ou de la Méditerranée n'en demeure pas moins un exploit répété des centaine de fois. Les lignes de Latécoère seront les plus meurtrières de l'époque avec plus de dix pilotes tués mais le courage dont feront preuve quotidiennement les pilotes s'avérera payant car l'Aéropostale est restée dans toutes les mémoires et a ouvert des portes qui ne se sont jamais refermées depuis.

Le temps passe et bientôt Latécoère à force d'investissements, pour développer ses lignes et faire fabriquer de nouveaux appareils plus fiables, va se retrouver acculé à la faillite. En 1926 il part pour Rio où il espère trouver des encouragements et les fonds nécessaires pour continuer son oeuvre. Finalement, le 11 avril 1927 Marcel Bouilloux-Lafont devient propriétaire exclusif du réseau Latécoère baptisé pour l'occasion Aéropostale. Changement de stratégie, le nouveau patron signe des contrats avec les gouvernements sud-américains et bientôt va s'ouvrir la première liaison postale entre la France et l'Argentine. Fin 1930 le réseau s'étend maintenant sur plus de 17.500 kilomètres et pourtant la ligne connaît des problèmes financiers énormes tandis que par delà les mers, les déserts et les forêts et même la Cordillère des Andes, les pilotes risquent leur vie pour livrer les sacs de courrier tant attendus.

La fin honteuse

Février 1932, un scandale qui va éclabousser la famille Bouilloux-Lafont éclate. On les accuse de tous les maux sur la base de faux documents destinés à favoriser la concurrence allemande en Amérique du Sud. Les effets sont immédiats et après une campagne de presse hideuse et un procès bidon, l'Aéropostale va disparaître dans la tourmente.

Le scandale
Un journaliste, Serge Lucco, de l'hebdomadaire «Cri du jour», possède des documents établissant que l'attitude de certains fonctionnaires du ministère de l'Air à l'égard de l'Aéropostale, depuis des années, n'avait qu'un fondement: ils agissaient pour le compte de l'Allemagne. 
André, fils de Marcel Bouilloux-Lafont, reçoit Lucco, qui lui remet 23 pièces. Il les fait expertiser deux fois. Pas de doute, c'est de la dynamite...