Avec Michel Boudier nous entrons dans l'intimité de la vie d'un escadron... celui de Mouchotte, Malan, Martell, de Saxce, Bouguen, Closterman, Chevalier, Deere, de Bordas, Menuge... 3/4/43 - 26/7/43 27/7/43 - 25/2/44

lien PROMOTION Z http://www.jean-maridor.org/promo_z/francais/listpilo.htm 

ROYAL AIR FORCE, ROYAL CANADIAN AIR FORCE, U.S. AIR FORCE, FORCES AERIENNES FRANCAISES LIBRES, FORCES AERIENNES POLONAISES, FORCES AERIENNES ROYALES NORVEGIENNES, FORCES AERIENNES TCHEQUES, FORCES AERIENNES ROYALES BELGES, ROYAL AIR FORCE NEO-ZELANDAISE.

 

Avant l'aube de ce 19 août 1942, sur des dizaines de terrains du sud de l'Angleterre, à Biggin Hill, Tangmere, Hornchurch, célèbres depuis la Bataille d'Angleterre, des hommes se tiennent prêts. Les pilotes des escadrilles de chasse ont pris un copieux petit déjeuner, leur mission est connue, ils attendent. Les Spitfires, les Hurricanes, les Typhons, les Mustangs, les Bleinheim, les Boston sont prêts a attaquer les défenses ennemies.

lien  http://objectifdieppe.ifrance.com/Royal%20air%20force.html 

Extrait du journal de Marc Hauchemaille 10 avril 1942 
Le Sgt-chef Boudier, un brave petit gars qui ne participait à la bagarre non plus, en avait les larmes aux yeux, comme un gosse privé de sortie..
http://aerostories2.free.fr/acrobat/aventures/hauchemaille.pdf  
A la fin de la guerre, 2 survivants seulement, sur cette photo: Boudier et Buiron. Claude Béasse et Marc Hauchemaille disparaissent en avril 1942, Robert Moizan en octobre et Paul Hubidos en mars 1943

 I have just learned of your site and after years of trying to find information about my father I have just found three pages on him on your site.

My father is Michel Boudier of The Free French Air Force.

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Marc, Boudier <mick@boudier.freeserve.co.uk>
Gosport, England - 04/03/2003 20:06 GMT

 

3/4/43 - 26/7/43 27/7/43 - 25/2/44

Carnet de vol 3/4/43 1/7/44

EXTRAITS CARNET DE VOL INDOCHINE

 



CARRIERE DU COLONEL Michel BOUDIER

- Né le 8 Juin 1920, à Paris (Seine).
- Engagé volontaire pour 3 ans le 12 Décembre 1938.
- Nommé Caporal le 15 Août 1939.
- Breveté Pilote militaire d'avion le 21 Janvier 1940 (Brevet   ne28385).
- Nommé au grade de Sergent (Personnel Navigant) le   10 Février 1940.
- Passe en Grande Bretagne par voie maritime. Embarqué à   ST JEAN DE LUZ le 24 Juin 1940 débarque à LIVERPOOL le   27 Juin 1940.
- Engagé aux Forces Aériennes Françaises Libres le   1er Juillet 1940.
- Nommé au Grade de Sergent Chef (Personnel Navigant) le   15 Août 1941.
- Affecté au Squadron 232 de la R.A.F. le 13 Septembre 1941, en   opérations.
- Affecté successivement au Squadron 252, le 1er Novembre 1941, au Squadron 340 le 11 Novembre 1941.
- Nommé au grade d'Aspirant d'active (Personnel Navigant) le   1er Mai 1942.
- Nommé au grade de Sous-Lieutenant (Titre définitif) active,   le 15 Septembre 1942.
- Promu au grade de Lieutenant (Titre définitif) active, le   15 Décembre 1942.
- Affecté au Groupe de Chasse "ALSACE" (Squadron 341) en   opérations le 2 Janvier 1943.
- Promu au grade de Capitaine (Titre temporaire) le   16 Mars 1943 et Commandant de l'Escadrille "MULHOUSE".
- Abattu au cours d'une mission au-dessus de la France et   signalé prisonnier le 9 Juillet 1944.
- Transporté à l'hôpital militaire de MANNIGEN (Allemagne)   Stalag de NUREMBER et MUNICH.
- Libéré par l'avance Alliée le 29 Avril 1945.
- Affecté au groupe de Chasse "LAFAYETTE" 2/5 le   19 Juillet 1945.
- Affecté à la 2ème Escadre de Chasse (Extrême Orient) en   opérations le 17 Février 1947.
- Affecté à la 4ème Escadre de Chasse le 21 Septembre 1947.
- Nommé au grade de Commandant (Titre définitif) le   1er Janvier 1949.
- Affecté à la 5ème Escadre de Chasse le 1er Janvier 1949.
- Affecté au Groupe de Chasse 1/5 "VENDEE" comme Commandant du   Groupe, le 1er Avril 1949.
- Fait mouvement avec la 5ème Escadre de Chasse sur les T.O.E.   Embarque à BIZERTE le 30 Juin 1949 et débarque à SAIGON le   22 Août 1950.
- Rapatrié sur la Métropole en fin de tour d'opérations le   16 Août 1950.
- Muté à SIDI AHMED (Base Aérienne 156) le 1er Décembre 1950,   et à ORAN le 3 Avril 1951 (Commandant du Centre d'Instruction   aux Opérations).
- Affecté à l'Etat-Major de la 5ème Région Aérienne, ALGER, le   2 Octobre 1952.
- Nommé Lieutenant Colonel le 1er Janvier 1955.
- Affecté au Commandement de l'Escadre de Chasse 00.008 à RABAT   le 1er Avril 1955.
- Affecté à l'Etat-Major des Forces Aériennes Alliées Centre   Europe FONTAINEBLEAU le 18 Décembre 1956.
- Affecté comme Sous-Chef d'Etat Major au commandement de la   3ème Région Aérienne, BORDEAUX.
- Affecté au Détachement Air 62/139 Etat-Major de la 4ème ATAF,   RAMSTEIN (Allemagne), le 9 Juillet 1962 pour être Sous-Chef   d'Etat-Major Opérations à la 4ème Force Aérienne Tactique   Alliée.
- Nommé au grade de Colonel le 1er Mars 1963.

D E C O R A T I O N S

- Chevalier de la Légion d'Honneur le 31 Décembre 1942
- Officier                          le 28 Septembre 1943
- Commandeur                        le 10 Décembre 1947
- Grand Officier                    le 10 Décembre 1956

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- Croix de Guerre 39/45 avec 12 Palmes et 1 Etoile le   15 Mai 1942.
- Croix de la Libération le 20 Novembre 1944.
- Médaille des blesses le 9 Juillet 1944.
- Médaille commémorative guerre 39/45, agrafes FRANCE,   ANGLETERRE, LIBERATION, ALLEMAGNE.
- Médaille coloniale, agrafe EXTREME ORIENT le 15 Juillet 1947.
- Croix de Guerre T.O.E. avec 7 Palmes.

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- Distinguished Flying Cross (Grande Bretagne) le 31 Août 1943.
- Croix de Guerre Tchécoslovaque le 29 Mars 1943.
- Médaille de l'Aéronautique le 21 Septembre 1943.
- Médaille commémorative des opérations de sécurité et du   maintien de l'ordre AFN, le 10 Décembre 1956.


S E R V I C E S   A E R I E N S


- Heures de vol de guerre : ne1 (Guerre 40/45)  ne2 (Opérations
Indochine)
                                   1.436hrs30          482hrs00
- Missions de guerre :             1.337               421
- TOTAL HEURES DE VOL :            2.469hrs55.


C I T A T I O N S


Citation à l'ordre des Forces Aériennes Françaises Libres (Aviation de Chasse) en date du 15 Mai 1942.
- Sergent-Chef BOUDIER Michel -
Excellent pilote de chasse, calme et courageux, a pris place dans une escadrille française en Grande-Bretagne après s'être expatrié pour pouvoir participer à la lutte pour laquelle il se préparait depuis de longs mois en France. A pris part à treize opérations offensives avec son escadrille au-dessus des territoires envahis. Le 8 Mai 1942, étant en patrouille avec le Sergent Chef DEBEC n'a pas hésité à attaquer douze Messerschmids 109 qui tentaient une opération à basse altitude sur la cité anglaise; les a forcés par son action rapide à faire demi-tour sans qu'ils aient pu atteindre leur objectif. A endommagé assez gravement l'un des chasseurs ennemis au cours de la poursuite qui s'ensuivit pour qu'on puisse penser que ce dernier n'ait pas pu rejoindre sa base.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil.

Citation à l'ordre des Forces Aériennes Françaises Libres (Armée Aérienne) en date du 30 Septembre 1942.
- Aspirant BOUDIER Michel -
Jeune et brillant pilote de chasse, par ses qualités remarquables et son enthousiasme, s'est acquis d'emblée l'estime et l'admiration de ses chefs et de ses camarades. Le 5 Septembre 1942, au retour d'une sortie offensive sur la baie de la Somme, a attaqué par le travers un FW190 qu'il abattit en flammes. Séparé de la formation amie, il engagea et détruisit un deuxième chasseur FW190 qui menaçait dangereusement un Spitfire, réussissant l'exploit remarquable d'une double victoire sur la chasse adverse. Restant sur les lieux du combat, il tenta enfin d'assurer le sauvetage d'un pilote allié tombé dans la Manche et ne revint à la Base qu'à l'Extrême limite de son essence.
Déjà cité, compte 100 heures en opérations dont 31 actions offensives sur les territoires occupés par l'ennemi.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme Vermeil.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 30 Décembre 1942
- Sous-Lieutenant BOUDIER Michel -
Déjà cité une fois à l'ordre de l'Armée de l'Air et une fois à l'ordre des FAFL, s'est distingué brillamment à nouveau le 12 Décembre 1942 en abattant un FW190 portant ainsi son palmarès à 3 avions ennemis abattus et 3 endommagés.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 06 Avril 1943.
- Lieutenant Boudier Michel du Groupe de Chasse II/5 -
Pilote de chasse et chef de patrouille d'un allant et d'une habileté au-dessus de tout éloge. A effectué au cours de la première partie de la campagne du groupe "LAFAYETTE" 17 missions comportant 3 reconnaissances lointaines et 1 engagement.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 25 Mai 1943.
Jeune Commandant d'Escadrille, donnant l'exemple d'un infatigable enthousiasme au combat. Derrière une grande modestie cache un caractère de farouche détermination qui lui attire l'admiration de tous ses pilotes. Totalise plus de 76 missions au-dessus du territoire occupé par l'ennemi. Le 17 Mai 1943 à la tête de son escadrille a soutenu un combat contre un ennemi supérieur en nombre, réussissant à abattre un FW190 au-dessus de la région de CAEN.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'armée Aérienne en date du 25 Août 1943.
- Capitaine BOUDIER Michel, des Forces Aériennes Françaises en Grande-Bretagne. -
Commandant d'Escadrille d'une exceptionnelle valeur, ne cesse de donner des preuves de ses brillantes qualités de chasseur.
Le 16 Juillet 1943, il endommage 2 Flocke-Wulf 190 au dessus d'ABBEVILLE .
Le 19 Août 1943 il endommage un ME109 et un FW190 au-dessus d'AMIENS.
Le 22 Août 1943, il détruit 1 ME109 au-dessus de DOUAI.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation collective (Groupe Chasse ALSACE) à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 2 Septembre 1943.
Engagé en Avril 1943 en Grande-Bretagne dans les opérations aériennes offensives, en coopération étroite avec la R.A.F. et l'Americain Air Force, sous le commandement du Commandant MOUCHOTTE, le Groupe ALSACE avec ses escadrilles "STRASBOURG" et "MULHOUSE" commandées par les Capitaines MARTEL Christian et BOUDIER Michel s'est révélé rapidement comme une unité d'élite. A gagné la confiance et l'admiration des aviateurs alliés, grâce au courage et à la maîtrise dont ses pilotes ont fait preuve au cours de 80 SW ops ou missions offensives, représentant un total de 850 missions d'avions et 1650 heures de vols d'opérations.
A remporté en 4 mois, 11 victoires officielles au cours de 10 combats, abattant 10FW190, 1 ME109 et endommageant 3 FW190. S'est plus particulièrement distingué le 27 Juillet dans le ciel de France en abattant 5FW190 et en mettant plusieurs hors de combat, sans subir lui-même de perte, accomplissant ainsi avec un plein succès la mission de protection aérienne d'une mission de bombardement alliés qui lui incombait. Le Groupe ALSACE a déjà été cité en Août 1942 à la suite de la Western Desert.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 22 Octobre 1943
- Capitaine BOUDIER Michel, du Groupe "ALSACE". - Commandant d'escadrille alliant à ses grandes connaissances de la chasse, les plus belles qualités de chef et d'entraîneurs d'hommes. Vient de porter son Palmarès à 6 victoires officielles et 2 probables en abattant le 27 Août un FW190 au dessus du Nord de la France, donnant ainsi une fois de plus témoignage éclatant de son courage et de son habilité de pilote.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 22 Octobre 1943
- Capitaine BOUDIER Michel, du Groupe "ALSACE". - Commandant d'Escadrille de premier ordre et pilote de chasse exceptionnel. A abattu en flammes au-dessus de BEAUVAIS un FW190 le 23 Septembre 1943 totalisant ainsi 7 victoires homologuées et 7 victoires incertaines au cours de 172 sorties au-dessus des territoires occupés.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne, décision 142, en date du 9 Novembre 1944
Capitaine du G.C. "ALSACE" Chef d'escadrille de premier ordre, qui, au cours de son second tour d'opérations vient d'effectuer sa 200ème mission de pénétration à l'intérieur des lignes ennemies. S'est distingué en détruisant au sol de nombreux objectifs ennemis tout particulièrement défendus. A ramené plusieurs fois son appareil endommagé. Son courage inlassable mérite d'être cité en exemple.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne accompagnant la nomination de Chevalier de la Légion d'Honneur - Décret du 30 Décembre 1944 pour prendre rang du 31 Décembre 1942.
Pilote de chasse d'une virtuosité remarquable, alliant une farouche détermination à un courage calme et à une modestie exemplaire, totalise plus de 120 heures de vol de guerre comportant 42 missions offensives sur les territoires occupés par l'ennemi; a été cité trois fois à l'ordre de l'Armée dans des conditions particulièrement brillantes, en particulier pour avoir abattu au cours de la même mission 2 chasseurs ennemis, étant lui-même isolé. A abattu au total trois avions ennemis et en a endommagé deux.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne accompagnant la nomination d'Officier de la Légion d'Honneur - Décret du 30 Décembre 1944 pour prendre rang à compter du 28 Septembre 1943.
Pilote brillant qui a fait preuve de toutes les qualités du chef à la bataille. Calme, droit, consciencieux et courageux, il possède une profonde connaissance de son métier. A la tête de son escadrille, a effectué 115 missions offensives au-dessus du territoire ennemi et 35 missions défensives formant un total de 200 heures de vol de guerre. Totalise 350 heures de vol de guerre dont 250 au-dessus du territoire ennemi, éffectuant en tout 190 missions offensives. Décoré de la Distinguished Flying Cross, totalise 6 victoires aériennes certaines et 7 probables et est titulaire de 7 citations à l'ordre de l'Armée.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne décision 1192 en date du 27 Septembre 1945
Jeune commandant d'Escadrille, symbole de droiture et d'énergie. Consciencieux et modeste, a toujours manifesté au cours de quatre années de lute acharnée un enthousiasme, une abnégation et un courage digne des plus beaux éloges. Le 9 juillet 1944 au cours des opérations de Normandie, a descendu un ME109 en flammes avant de se faire lui-même abattre. Fait prisonnier a été ensuite libéré par les Alliés en 1945.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme de Bronze.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 15 Octobre 1947
Pilote de chasse au nom devenu légendaire dans les Forces Aériennes Françaises Libres au cours de la campagne 39-45. Volontaire pour le théƒtre d'opérations en Indochine a continué à faire preuve de ses remarquables qualités au cours de 65 missions de bombardement et mitraillage rendues particulièrement délicates par des conditions géographiques et climatiques, et par le survol constant de zones rebelles.
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre T.O.E. avec palme.


Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 28 Avril 1948.
- Capitaine BOUDIER Michel 2eme Escadre de Chasse -
        "Officier Pilote de Chasse qui continu comme Commandant des Opérations sur le théatre de COCHICHINE, à montrer les même splendides qualités qui ont créé sa renommée dans l'aviation de chasse française.
        "Au cours de 80 nouvelles missions offensives a permis le dégagement de plusieurs postes amis et à détruire de nombreuses bases rebelles grace à la précision de ses actions."
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre T.O.E. avec palme.


Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 30 Septembre 1948.
-Capitaine BOUDIER Michel de la 4eme Escadre de Chasse- Jeune officier d'une valeur exceptionnelle. Exemple de courage et de modestie.
Déjà titulaire de 13 citations à l'ordre de l'Armée continue ses exploits en Indochine où il accomplit du 1er Octobre 1947 au 31 Janvier 1948 63 missions de guerre en 83 heures de vol d'opérations.
A fait preuve d'un mépris total du danger - notamment le 17 Décembre 1947 et le 11 Janvier 1948 au cours de missions de mitraillage il eut son appareil atteint deux fois par le tir de rebelles.
Vient à nouveau de se signaler en participant aux recherches effectuées avec succès pour retrouver un camarade contraint de se poser en zone insoumise.
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. avec Palme.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 9 Janvier 1951.
Brillant commandant de groupe. Chef de dispositif plein de courage et de sang froid, a permis par son habilité  et son adresse, la destruction de nombreux objectifs rebelles. En participant les 26, 27 et 28 Mai 1950 avec succès au dégagement du poste de DONG-KHI, malgré une forte réaction des armes automatiques rebelles. Sérieusement touché le 26 Mai 1950, réussit à se poser sur un terrain de secours. S'est encore distingué le 5 Juin 1950 en détruisant par la précision de son bombardement un blockhaus adverse permettant une avance rapide des troupes amies.
Totalise 420 missions de guerre ne2 en 481hrs15 dont 67 missions de guerre ne2 en 73hrs55 depuis sa dernière citation.
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre T.O.E. avec Palme.

Elévation dans l'ordre national de la Légion d'Honneur (Dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur) en date du 10 Décembre 1956.
BOUDIER Michel, Edmond, Lieutenant Colonel,
"Brillant commandant de groupe, chef de dispositif plein de courage et de sang froid, a permis par son habilité et son adresse la destruction de nombreux objectifs rebelles. A participé les 26, 27 et 28 Mai 1950 avec succès au dégagement du poste de DONG-KHI malgré une forte réaction des armes automatiques rebelles. Sérieusement touché le 26 Mai 1950 a réussi à se poser sur un terrain de secours. S'est encore distingué le 5 Juin 1950 en détruisant par un bombardement précis un Blockhaus adverse, ce qui a permis une avance rapide des troupes amies" a effectué en Extrême Orient 421 missions de guerre ne2 en 482 heures de vol.
totalise :
. 18 citations dont 17 à l'ordre de l'Armée Aérienne,
. 1 blessure de guerre,
. 8 victoires Aériennes plus 7 probables 1939-1945,
. 2206 heures de vol.
depuis sa promotion au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur a obtenu en Extrême Orient 5 Citations à l'ordre de l'Armée Aérienne.
Commandeur de la Légion d'Honneur le 10 Décembre 1947, cette citation annule et remplace la citation à l'ordre de l'Armée Aérienne accordée par Décision du 2 Janvier 1951 de Monsieur le Ministre de la Défense Nationale.
Elévation comportant l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme.

Citation à l'ordre de l'Armée Aérienne en date du 31 Août 1949.
Commandant Boudier Michel - 5eme Escadre de Chasse -
        "Officier pilote de Chasse continuant en INDOCHINE a mettre en pratique son habileté légendaire, Vient d'effectuer avec plein succés dans des conditions souvent difficiles, 91 nouvelles missions de Guerre en 88 Heures 15 de vol, notamment le 1er Mai 1948 a aneanti avec ses équipiers un rassemblement rebelle particulièrement important et activement défendu. A eu son avion touché au cours de l'action.
        "Totalise 628 missions de Guerre en 636 heures 30 de vol"
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre des THEATRES D'OPERATIONS EXTERIEURS avec Palme.



A D I E U X

par le Colonel de la SALLE
Chef du détachement Air 62/139
RAMSTEIN
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Colonel BOUDIER,

        Pendant votre vie toute entière tournée vers l'action, vous n'aimiez ni les discours, ni les éloges. Mais pourtant, je ne peux pas vous laisser quitter la 4e ATAF sans dire à vos camarades, à vos amis qui vous pleurent ici, ce que vous avez été, ce que vous avez fait.

        La vie du Colonel BOUDIER a été brève, sa carrière fulgurante. Son existence ressemble à celle de héros de légende tant elle fut remplie de faits d'armes et de gloire.

        A 18 ans, en 1938, le jeune Michel BOUDIER s'engage dans l'armée de l'Air. Il est élève pilote puis breveté en Janvier 1940. Il poursuit son entraînement jusqu'à ce que la débƒcle de Mai-Juin l'interrompe. Son Extrême jeunesse, son désir instinctif de se battre, firent que pour lui la période troublée de l'Armistice de juin 1940 ne posa aucun problème.

        Il rallia l'Angleterre, faisant ainsi partie du petit noyau des premiers français qui entourèrent le Général de GAULLE. Après de long mois d'attente impatiente et d'entraînement, il est enfin affecté successivement au Squadron de la R.A.F. ne 321 puis au Groupes de Chasse ILE DE FRANCE et ALSACE, Groupes prestigieux de la France Libre.

        Là, pendant trois ans, ses exploits se mélangeront à ceux de SCITIVAUX, MARIDOR et MOUCHOTTE que tous les Français connaissent.

        En Juillet 1944, le Sergent Michel BOUDIER est devenu le Capitaine BOUDIER aux 8 victoires officielles et 7 probables, aux 326 missions de guerre (chiffre fantastique), fameux par son courage, son habileté et sa chance; mais sa chance l'abandonna le 9 Juillet 1944, jour où il fut descendu au-dessus de la France. Blessé, il fut maltraité, mal soigné, menacé de mort, traîné devant l'un des pelotons d'exécution, gracié à la dernière seconde, et finalement ne dut son salut qu'à son endurance et à l'arrivée des Armées Alliées qui le délivrèrent en Avril 1945.

        La guerre était finie mais surtout pour ceux qui ne l'avaient pas faite. Pas pour le Capitaine BOUDIER. A peine remis, il demande à partir pour l'Indochine où de 1946 à 1950 il effectua en deux tours d'opérations plus de 400 missions de guerre et gagna encore de nouvelles citations. Je ne vous mentionne pas les diverses affectations qui suivirent, disons seulement qu'elles furent toutes marquées par leur caractère opérationnel et navigant.

        En 1952 s'était ouvert, par son mariage, une autre vie, une vie de famille aussi heureuse qu'avait été brillante sa vie de guerrier. C'est vous, Madame, qui lui avez donné cette douce vie, de beaux enfants, et qui plus tard, au temps des souffrances, avez su le soutenir jusqu'au bout.

        Grand Officier de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération, D.F.C., Croix de Guerre aux 19 palmes, héros et as de guerre, le Colonel BOUDIER à ses camarades français et étrangers de la 4ème ATAF devait donner une dernière et rare leçon. En effet, sans illusion sur la maladie dont il se savait atteint, le Colonel BOUDIER avait décidé tout simplement de travailler jusqu'à la limite. C'est ce qu'il fit, suscitant ainsi l'admiration de tous, Français et étrangers.

        Dans cette admiration nous englobions Madame BOUDIER qui sut rester souriante dans l'angoisse et jusqu'au dernier jour aida son mari.

         Au nom de tous, j'exprime à la famille du Colonel BOUDIER notre profond regret, et à vous Madame, nos affectueuses et respectueuses condoléances.



A D I E U X
par le Général de Corps Aérien R.V. MARIAS
Commandant en Second la 4e ATAF
---


    Colonel BOUDIER,

        Il appartient au dernier des chefs directs que vous ayez eu sur cette terre de vous dire l'Adieu de l'Armée de l'Air. A cet Adieu j'associe également vos amis canadiens, américains et allemands de la 4e Force Aérienne Tactique Interalliée.

        Si l'on considère, d'un c“té, la grandeur des personnalités présentes autour de votre dépouille, la dignité des corps collectifs qui sont venus ici honorer l'un de leur membres, l'éclat de la cérémonie qui vient d'être célébrée dans un des lieux les plus lourds de gloire militaire, et si, d'un autre c“té, l'on se rappelle la limpide simplicité de votre vie et de votre comportement journaliers, l'on ne peut que chercher dans votre carrière et votre caractère l'explication de cet étonnant contraste.

        Il s'agit en effet d'une vie pratiquement toute consacrée à l'Armée. Il s'agit aussi d'une carrière d'exception : 25 années de services effectués - presque tous en unités navigantes - et bien souvent à la pointe du combat, car, tant que les forces physiques ne vous faillirent point, vous avez recherché les risques et les dangers que notre époque de guerre et d'opérations incessantes n'a que récemment cessé d'offrir à ceux qui s'y sentaient voués.

        Quant en 1936 à peine sorti de l'adolescence, vous vous engagez dans l'Armée de l'Air, déjà monte à nos frontières l'orage de la guerre; tout jeune pilote en 1940, et avide de combattre, dès le 24 Juin, vous êtes à LONDRES et vous engagez aussit“t dans les Forces Françaises Libres.

        En Septembre 1941 - après un an d'instruction qui a du vous semblez bien long - vous atteignez votre premier but, et rejoignez un Escadron de Chasse sur le front d'Angleterre; jusqu'en Juillet 1944, aux fameux Groupes ILE DE FRANCE et ALSACE durant 34 mois sans interruption autres que de brefs repos, vous ne quitterez plus le combat. Vous allez d'exploit en exploit et de Victoire en Victoire, comme l'indique le palmarès suivant :
440 heures de vol de guerre
337 missions de chasse tactique
12 citations à l'ordre de l'Armée
7 victoires homologuées et 8 probables
la Légion d'Honneur (Chevalier, puis Officier)
la Croix de guerre tchécoslovaque
la Croix de guerre britannique et naturellement la Croix de guerre française avec 11 palmes et 1 étoile.

        Vous n'avez encore que 23 ans, et vous voila chargé d'honneurs, Capitaine, et Commandant d'une Escadrille du brillant Groupe de Chasse ALSACE. Votre compétence de pilote de chasse est tellement reconnue par nos alliés et vos amis de la R.A.F. que bien souvent, vous exercez le commandement en vol d'une escadre entière; et cette dignité non reconnue par un titre, puisqu'aussi fugace que les dispositifs aériens, est peut-être l'une de celle qui vous font le plus d'honneur parce qu'elle témoigne la confiance des camarades de combat.

        Les notes de vos chefs et les souvenirs que m'ont confiés certains de vos camarades d'alors, déclarent que les pilotes aimaient travailler sous vos ordres parce que votre habileté, votre exemple, votre gentillesse naturelle et votre modestie, vous donnaient cette précieuse qualité du chef, de pouvoir inspirer aux autres le désir et la volonté de bien faire et d'aller jusqu'au bout, indépendamment même de tout appel au devoir et à la discipline.

        Le 19 Juillet 1944, un jeune chasseur ami, que, l'ayant identifié, vous aviez vu derrière vous sans méfiance aucune, vous abat au-dessus du territoire français. Jusqu'en Avril 1945 où vous serez libéré par les troupes amies, c'est une douloureuse aventure de tentative d'évasion, d'arrestation par la Gestapo, d'emprisonnement, et de tortures variées physiques et morales, dont votre modestie et votre discrétion réservaient le récit aux vrais camarades seulement et dans les vrais moments d'amitié.

        Mais voici que débutent les événements d'Indochine et vous vous portez volontaire; entre 1947 et 1950, vous effectuez deux séjours, soit 30 mois de présence en opérations, et ce ne sont pas là deux séjours tranquilles :
480 heures de vol en opérations
421 missions
6 citations avec 6 palmes

        Vous obtenez évidemment la Croix des Théâtres d'Opérations Extérieures et vous êtes fait Grand Officier de la Légion d'Honneur, chose rare pour un Lieutenant Colonel.

        Dès lors la maladie vous affecte trop souvent et la vie militaire classique, si l'on peut ainsi dire, absorbe votre activité. Votre compétence unique vous fait utiliser comme Directeur du Centre de formation des pilotes à SIDI-AHMED, puis comme Commandant d'Escadre à RABAT-SALE; des postes d'Etat Major vous attendent dans les commandements nationaux ou interalliés, dont la dominante est toujours la compétence en matière d'opérations, jusqu'à votre dernier poste, celui de Directeur des Opérations Offensives de la 4e Force Aérienne Tactique Interalliée.  

        Ce dernier poste, vous le rejoignez déjà gravement atteint par un mal que bient“t l'on identifie comme inexorable. Vous savez dès lors que vous êtes sur le chemin de la mort et vous organisez votre dernier combat. Vous décidez de rester à votre poste de travail jusqu'au bout - montrant assez de force d'ƒme pour maintenir - sauf à de rares moments devant vos intimes - un semblant de croyance au futur rétablissement.

        Vos camarades de travail et subordonnés des quatre nations de l'ATAF qui aimaient votre modestie et votre gentillesse, admirent maintenant ce courage sans emphase et cette énergie; mais ils vous voient avec émotion et peine vous affaiblir au long des jours. Arrive enfin l'événement attendu de tous et pourtant soudain. Le Dimanche 23 juin 1963, le Colonel BOUDIER meurt sans souffrance dans son foyer, comme une lampe épuisée qui s'éteint au souffle imperceptible de Dieu.

        Autour de lui se trouve sa famille qui fut avec son métier militaire, et tout particulièrement durant sa dernière année, le motif suprême de ses pensées et de sa conduite.

        L'Armée de l'Air retiendra l'exemple de cette vie de courage Extrême, d'extraordinaire modestie et de dévouement aux vertus militaires et à la Patrie.

        Colonel Michel BOUDIER, au nom de l'Armée de l'Air

ADIEU



A D I E U X
par le Général d'armée aérienne VALIN,
Membre du Conseil Supérieur de la Défense,
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    Les obsèques du Colonel Michel Boudier, décédé des suites d'une longue et douloureuse maladie, ont eu lieu le 29 juin, en l'église Saint-Louis-des-Invalides.
    De nombreuses personalités assistaient à cette cérémonie, parmi elles : le général d'armée aérienne Stehlin, Chef d'état major de l'Armée de l'Air, le général d'armée aérienne Martin, inspecteur général de l'Armée de l'Air, le général d'armée aérienne Valin, membre du Conseil Supérieur de la Défense et de l'Air, représentant le Grand Chancelier de l'Ordre de la Libération, l'amiral Lahaye, le général de corps aérien Marias, commandant en second la 4e A.T.A.F., de group-captain Watkins, le colonel Hannon et le lieutenant-colonel Maus, tous trois de la 4e A.T.A.F., et le colonel Duperier, député de Paris.
    Après la messe célébrée par le père Solvignon, Aumônier de la participation française à la 4e A.T.A.F. à Ramstein et l'absoute donnée par le père Vincent Godard, ancien Aumônier de l'Air des F.A.F.L. à Londres, le général d'armée aérienne Valin a prononcé une allocution retraçant la vie du disparu : 

    "Hélas! l'Armée de l'Air est en deuil et nous sommes réunis ici pour rendre un ultime hommage au colonel Michel Boudier qui fut un héros de la dernière guerre. Le sort est injuste qui vient frapper, par le coup de traîtrise d'une maladie, celui qui a frôlé plusieurs centaines de fois la mort dans les ciels de bataille de l'Europe, ou bien, en survolant la jungle du lointain Orient.
    "Né le 8 janvier 1920 à Paris, Michel Boudier, après de solides études se sent attiré par l'aviation. Il s'engage dans l'Armée de l'Air pour une durée de trois ans le 12 décembre 1938 en qualité d'élève pilote. Affecté à l'école de pilotage d'Angers le 25 août 1939, il est breveté pilote militaire le 21 janvier 1940 et envoyé en unité de perfectionnement, mais l'armistice survient et l'empêche de donner la moindre mesure de ses moyens.
    "N'acceptant pas la défaite Boudier s'évade et rejoint l'Angleterre où il s'engage aux Forces Aériennes Françaises Libres le 1er juillet 1940. Après un court séjour à Odiham où les Français ont beaucoup admiré les exploits des pilotes de chasse britanniques pendant la fameuse bataille d'Angleterre, il est envoyé le 17 août 1941 dans une de ces formations appelées couramment par leurs initiales O.T.U. (Operational Training Unit), dernier stade de l'instruction avant l'unité de combat. C'est ensuite au Squadron 232, en novembre 1941, qu'il va faire ses premières armes qui seront d'ailleurs des coups de maître.
    "Je citerai en particulier celui-ci où étant en patrouille au-dessus  de la Manche avec le sergent-chef  Debec, il n'a pas hésité à attaquer 12 Me.109 qui tentaient une action à basse altitude sur la cité anglaise. Impressionnée, la formation ennemie fait demi-tour, reconduite par Boudier qui n'abandonne la poursuite que lorsqu'il voit l'un des Messerschmidt traîner derrière lui une longue fumée noire.
    "Après avoir combattu au groupe "Ile-de-France" jusqu'à la fin 1942, Michel Boudier est affecté au groupe "Alsace" où il prend le commandement de l'escadrille "Mulhouse". Il est promu capitaine le 16 mars 1943. Il y continue à faire l'admiration des aviateurs alliés grâce au courage et à la maîtrise dont il fait preuve au cours de nombreux sweeps effectués sur la France et la Belgique. Son plus bel exploit c'est d'avoir, le 27 juillet, avec son escadrille et dans le ciel de France, abattu 5 F.W.190, en mettant plusieurs autres hors de combat sans subir lui-même de perte, accomplissant ainsi avec un plein succès la protection aérienne d'une mission de bombardement alliée qui lui incombait.
    "Affecté à l'A.F.U. ne15 le 19 octobre 1943, il est immédiatement muté au Headquarters de Défense de Grande-Bretagne le 10 décembre 1943. Son court passage à ces différents postes lui permet de développer ses connaissances et de se faire apprécier. De nouveau affecté au groupe "Alsace" le 16 février 1944, il reprend ses exploits qui lui valent la citation suivante à l'ordre de l'Armée :
"Chef d'escadrille de premier ordre qui, au cours de son second tour d'opération vient d'effectuer sa 200e mission de pénétration à l'intérieur des lignes ennemies. S'est distingué en détruisant au sol de nombreux objectifs ennemis tout particulièrement défendus. A ramené plusieurs fois son appareil endommagé. Son courage inlassable mérite d'être cité en exemple."
    "Il est malheureusement abattu au cours des opérations de Normandie le 9 juillet 1944 après avoir détruit un Me109. Ayant sauté en parachute et n'étant pas blessé, il trouve le moyen de contacter un réseau d'évasion. Mais hélas! la Gestapo réussit à le retrouver, il est incarcéré, maltraité pendant trois mois et condamné à mort. Son attitude, son mutisme en ce qui concerne le réseau dont il faisait partie ont impressionné ses juges qui le reconnaissent enfin comme un soldat régulier et l'envoient en Allemagne dans un camp de prisonniers. L'avance alliée le libère le 18 mai 1945.
    "Jusqu'à cette date, il avait effectué 337 missions de guerre en 436 heures de vol, remportant 8 victoires officielles et 7 probables.
    "Après deux mois de repos, le capitaine Boudier est affecté comme adjoint, en juillet 1945, au commandement du Groupe de Chasse 2/5 "Lafayette".
    "Mais si le canon s'est tu en Europe, il gronde encore au bout du monde. Fidèle à la devise des F.A.F.L. "Combattre partout où l'on combat", Boudier y court. Volontaire pour servir en Indochine, il est mis à la disposition du Commandement de l'Air en Extrême-Orient le 31 décembre 1946. Là on le retrouve successivement à la 2e Escadre de Chasse comme chef des 2e et 3e bureaux, à la 4e Escadre de Chasse comme chef des opérations, à la 5e Escadre de Chasse comme chef du 3e bureau, et enfin commandant du Groupe de Chasse 1/5 "Vendée". A tous ces postes, il obtient d'excellents résultats et les 421 missions effectuées en 482 heures de vol en opérations marquent d'une manière exceptionnelle l'importance du rôle qu'il a joué dans la lutte contre le Viet Minh.
    "A la fin de son deuxième séjour en Indochine, son expérience est mise à profit pour la transformation des unités qui devront y être envoyées. C'est à cette intention qu'il est affecté comme adjoint au commandement de la base aérienne de Sidi Ahmed, du 1e décembre 1950 au 1e mars 1951 et qu'il prend ensuite le commandement du centre d'entraînement opérationnel d'Oran qu'il assume jusqu'au 1e octobre 1952.
    "Après deux années passées à l'état-major de la 5e Région Aérienne à Alger, où il aura la charge du 3e bureau, le lieutenant-colonel Boudier reçoit, le 31 mars 1955, le commandement de la 8e Escadre de Chasse à Rabat. Il est noté comme pilote hors de pair aux qualités exceptionnelles, et un chef de dispositif confirmé. Ce sont les premières années de la rébellion algérienne. Malheureusement son état de santé ne lui permet pas de rester en Afrique du Nord où il aurait certainement acquis d'autres titres glorieux à augmenté le nombre déjà imposant de ses 18 citations obtenues pendant la deuxième guerre mondiale et en Indochine.
    "Le 8 janvier 1957, le lieutenant-colonel Boudier est affecté à l'état-major des Forces Aériennes Alliées à la Direction Logistiques, jusqu'au 12 février 1960.
    "Puis nous le retrouvons sous-chef d'état-major au commandement de la 3e Région Aérienne à Bordeaux où il restera jusqu'au 9 juillet 1962.
    "Son passage à l'état-major des Forces Aériennes Alliées le fait retenir pour la 4e A.T.A.F. à Ramstein où il est affecté le 9 juillet 1962. C'est là que, conscient de son mal, il a voulu rester à son poste jusqu'au bout, donnant ainsi à ses officiers, à ses enfants, à ses amis, le plus bel exemple du devoir que l'on accomplit malgré tout.
    "Le colonel Michel Boudier était Grand Officier de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération et décoré de la D.F.C. britannique.
    "J'ai déjà parlé de ses 18 citations. Ses enfants, qui sont encore si jeunes, pourront en les lisant, y trouver les pages glorieuses écrites par les F.A.F.L. et par l'Armée de l'Air sur ce monument unique dans le monde qu'est l'histoire de la France.
    "Madame, c'est avec une infinie tristesse qu'au nom de cette Armée de l'Air, au nom des Compagnons de la Libération et ceux de la Résistance, je m'incline devant votre douleur. Personnellement, je partage votre peine d'autant plus profondément que Michel a été l'un de mes plus glorieux et fidèles compagnons de cette époque héroïque au cours de laquelle, suivant le général de Gaulle, nous ne pensions, à chaque jour, à chaque heure, qu'à la libération de notre pays."


PARTICIPATION AUX PRIERES DE L'ABSOUTE.
Eglise Saint Louis des Invalides,
Obsèques du Colonel Michel Boudier.
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    L'émotion qui nous étreint tous, au moment de rendre les derniers honneurs militaire et liturgiques au prestigieux héros de l'Armée de l'Air, le Colonel MICHEL BOUDIER.
    La présence d'une épouse et de jeunes enfants tendrement aimés, et la pensée qu'un tel époux, qu'un tel père, hélas n'est plus, l'hommage des autorités de l'Armée Française et de l'OTAN, venues en si grand nombre entourer ce grand soldat comme d'une vivante couronne de gloire, à son ultime prise d'armes, la stupeur attristée de ses chefs et de ses Compagnons de la FRANCE LIBRE, dont je revois ici tant de visages, ma très grande peine, enfin, comme Aumônier des F.A.F.L. et comme ami bouleversé, tout, en ce lieu de prière et de grave médiation, tout invite au silence des grandes douleurs, dans l'humilité et le respect.
    Et tel serait bien ma part, ce matin, si je n'avais été prié par le T.R. Père BOUGEROL, Aumônier Général de l'Armée de l'Air, et par le Révérendissime Père Abbé de Mondaye, ami personnel du cher défunt et de sa famille, de prononcer les paroles de la Consolation Chrétienne, et, au creux même d'un deuil aussi brutal, d'annoncer le message du Seigneur :
    "Amis, ne pleurez pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance".
    Le juste éloge du héros de tous nos cieux de guerre depuis vingt ans - celui de l'officier français exemplaire - celui de sa brillante carrière dans l'Armée dont il fût si passionnément épris jusqu'à son dernier souffle : l'Aviation de Chasse - de digne éloge, c'est à des voix plus autorisées que la mienne à le faire.
    Recueillions plut“t avec piété les valeurs évangéliques dont était riche la personnalité morale de Michel Boudier ; qu'il ne voulut construire que de matériaux de choix.
    Je voie la vie et le caractère de cet homme de coeur comme somme par cette devise : "L'amour de la justice, dans l'Obéissance, par le sacrifice".
    En 1940, il ne lui parut pas juste que des fils de France fussent écartés des combats qui devaient rendre la liberté au monde et ramener la victoire dans le camp des alliés. C'est  dans ses sentiments qu'il vint en Grande-Bretagne et qu'il y fut l'un des premiers à répondre à l'appel du 18 JUIN.
    Ce choix, il le fit en toute liberté ; mais il comprit que, pour exclure tout esprit d'aventure, là, le devoir de l'Obéissance militaire n'en pouvait être que plus rigoureux, et, plus absolu, l'esprit de sacrifice. S'il eut sa grande part de gloire dans l'étonnante épopée des F.A.F.L. il ne s'y haussa qu'au prix de grands renoncements, moyennant une constante maîtrise de soi, soumission entière à l'exigeante discipline de vol et de combat en escadrille.
    Après tant d'exploits, tant de victoires, l'on s'étonnait de son extraordinaire modestie.
    Ceux qui d'entre nous le connaissaient avec plus de profondeur savaient qu'une seule joie l'habitait : celle du devoir accompli, celle du travail bien fait.
    Il attachait trop de prix à la vérité intérieur d'une vie voulue toute entière au sérieux d'une grande mission pour ne pas éprouver qu'il y eut comme une profanation de son idéal à le prêter aux feux d'artifices du monde des apparences.
    Cette absence totale de suffisance, jointe à un sens exquis et discret de la camaraderie, lui conciliait tous les coeurs. Parmi ces compagnons d'armes j'ai connu maints héros prestigieux : je n'en ai pas connu de plus aimé que lui, de plus entouré du respect de ses pairs et de l'admiration de ses hommes.
    Or ce sont la des disciplines et des vertus du Royaume de Dieu : comment n'y pas reconnaître la foi, l'humilité, l'humanité du Centurion de l'Evangile ?
    Aux héros, le devoir se présente souvent avec l'exigence du sacrifice suprême.
    La mort du soldat, combien de fois Michel BOUDIER ne l'a t'il pas affronté dans les ciels de bataille, puis dans les prisons de la Gestapo ? Avec quel sang-froid, avec quelle fierté calme, ne l'avait-il pas cent fois défiée ? Hélas, la voici devant nous, combien sournoisement survenue ...
        Ah, chrétiens, comme il est dur d'obéir à la volonté divine quand l'Amour semble exiger une victime en croix.
    L'an passé, au Val de Grâce, alors que je voyais mon cher colonel BOUDIER pour la dernière fois ici-bas, je sus qu'il était parfaitement lucide sur la gravité du mal qui devait l'emporter. Il ajouta à mon admiration quand je le vis, en cette heure de vérité, uniquement soucieux de revenir au plus t“t dans son foyer et à son poste de commandement de l'aviation de chasse française en Allemagne.
    Cette fois-là, encore, sans phrase et sans tremblement, mais avec sa sérénité et sa simplicité coutumières, il faisait face.
    Ainsi il est entré dans la lumière et dans la vie de Dieu : fidèle à lui-même jusqu'au bout.
    Ah, il est bien le disciple, il est bien le frère de Celui dont Saint-Paul nous dit, dans l'Epitre aux Hébreux, que "Tout Fils de Dieu qu'il fût, il apprit par ses souffrances ce que c'était qu'obéir."
Et maintenant le voici dans cet espace, au coeur du sanctuaire. Nous y voyons déployés les symboles patriotiques du deuil de l'Armée de l'Air et, les élevant jusqu'à elle, la croix de Jésus-Christ, ce carrefour de l'Eternité au-dessus du pathétique écoulement du temps humain ...
    Cet espace, la liturgie catholique le désigne d'un terme plein de noblesses militaire et de compatissante humanité : "Castrum doloris, le camp de la douleur."
    Oui, c'est là que notre douleur prend le chemin du ciel. Notre cher et glorieux disparu, notre frère chrétien entend la le Seigneur lui dire :
        "NE crains rien, c'est moi. Moi, le Premier et le Dernier : Le Vivant ; j'ai été mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles." (Apocalypse, Chap. I, Vers.17.).
    Si le Christ est mort et s'il est vivant, c'est pour que vive éternellement notre ami qui fût un homme de l'Evangile par l'esprit de Justice, d'Obéissance et de Sacrifice.
    La défense de l'idéal qu'il a poursuivit toute sa vie si généreusement le rapproche de ces héros dont parle la Sainte
Ecriture auxquels Dieu réserve une grande récompense, "car ils se sont endormis dans la piété", c'est-à-dire, selon le contexte de ce passage biblique, dans l'AMOUR DE LA PATRIE.


                            Père Vincent GODARD.