Apartir du début du xxe siècle, en France,
la presse vit au rythme des exploits techniques et
sportifs des aviateurs. Les quotidiens nationaux et
régionaux s’appuient sur la nouveauté et
le caractère stupéfiant de l’aviation
naissante pour augmenter leurs tirages, devenant souvent
eux-mêmes les principaux acteurs de cet
élan à travers la création
d’épreuves retentissantes.
Cette fièvre aviatrice
témoigne du travail d’acculturation accompli par
une presse d’information qui invente
littéralement une forme de
théâtralité de l’exploit
aérien et forge de nouveaux outils
médiatiques. Après les succès du
vélo et de l’automobile, l’essor brutal de
l’aviation vient en effet renouveler les perspectives de
la mobilité et transformer les perceptions du
temps et de l’espace. Une accélération
s’intensifie qui renvoie à plus
d’immédiateté, de vitesse. Ce glissement
suggère graphiquement de nouveaux styles
d’expression que l’on peut retrouver par exemple dans La Vie
au Grand Air, dans les utilisations
étonnantes de la photographie (cadrages,
découpages, séquençages,
décloisonnement, brisure des lignes de fuite) et
la mise en page avant-gardiste de ses reportages
(l’incrustation, la surimpression permettent de
développer simultanément différents
temps de l’action qui se chevauchent et
s’interpénètrent). De nouvelles
contraintes se précisent :
instantanéité et fluidité de
l’exploit, fugacité du moment sportif, qui
nécessitent de repenser techniquement la
couverture médiatique des
événements pour anticiper les
déplacements formidables des machines et des
hommes.
Prenant le pas sur la
sérénité des témoignages
« littéraires » et la vision
pittoresque qui ont marqué la vogue des voyages
touristiques en ballon dans le dernier tiers duxixe siècle,
le reportage aéronautique alimente une chronique
des temps modernes indexée sur de nouvelles
perspectives : la vitesse, le héros, la machine.
Mais il donne aussi à voir simultanément
l’exploit et l’engagement de celui qui « rapporte
» et intègre à sa manière
l’aventure qu’il décrit : à la poursuite
des premiers aviateurs survolant Bordeaux en août
1910, le reporter de la Petite
Gironde livre
ses impressions à la rédaction qui
recompose ses déplacements en automobile, «
heure par heure », plongeant son lectorat dans une
course haletante3.
L’étude qui suit cherche à
éclairer ce temps particulier de la
modernité culturelle qui s’inscrit à
l’articulation de l’essor sportif, de
l’accélération technique et industrielle
de la mobilité et de l’accession de la presse au
rang de média de masse. Notre projet est de
rendre lisibles quelques-unes des lignes de force qui
structurent le champ d’interactions au cœur duquel la
presse contribue à fabriquer le «
feuilleton aérien », pendant que le
reportage trouve dans l’essor technique et sportif de
l’aviation un terrain propice à son
émancipation.
La presse convoquée par le
« premier aviateur »
Le pilote est debout dans sa machine,
courbé sur les commandes… Il s’appelle Alberto
Santos-Dumont et il vient, en cet automne 1906, d’inventer l’aéroplane,
sur la pelouse de Bagatelle, à Paris.
En réalité, le
Franco-Brésilien, dandy bien connu des cercles
mondains, n’est pas le premier homme à
s’être élevé sur un « plus
lourd que l’air ». Les historiens s’accordent
aujourd’hui à reconnaître, tantôt
dans les essais de Clément Ader en France, au
cours des années 1890, tantôt dans les
expériences des frères Wright aux
Etats-Unis, à partir de 1903, les
véritables débuts de l’aviation.
Toutefois, la caractéristique commune de ces
premières tentatives est le secret qui les a
entourées. En particulier l’absence presque
totale d’information de presse. L’Illustration qui, dans
son édition du 20 juin 1891 croit pouvoir offrir
à ses lecteurs un croquis de l’appareil
aérien de Clément Ader, reconnaît
implicitement que le compte-rendu ne s’appuie pas sur un
témoignage de première main : « Il
paraît que l’inventeur est M. Ader (…) et que la
machine a volé réellement pendant quelques
centaines de mètres ». Quant à
Wilbur et Orville Wright, hormis quelques experts en
France et aux Etats-Unis, personne ne sait encore qu’ils
ont déjà volé en 1903. Jaloux de
leurs performances, les deux frères n’ont
guère souhaité faire de publicité
à leurs essais, persuadés d’être
seuls en mesure de fournir une solution
définitive au problème de l’aviation.
Si Santos-Dumont s’impose aux yeux de
ses contemporains comme le « premier aviateur
», c’est bien parce qu’il a su mettre en
scène son exploit. Il a transformé son
saut de puce, un premier vol de 60 mètres
à 2 mètres de hauteur environ4, en
spectacle populaire et surtout en
événement médiatique, fournissant
aux journaux une occasion sans précédent
de vendre de l’information en s’appuyant sur
l’argumentaire photographique : « La photographie
que nous donnons ici est, croyons-nous, la seule qui ait
été authentiquement prise au cours de
cette passionnante expérience », laquelle
« était de démontrer que l’on peut,
sans le concours d’un support plus léger que
l’air, réaliser le vol plané. Cette
démonstration est aujourd’hui faite. »5
À cet instant, la presse a
immortalisé au moins deux faits essentiels6. Le
vol lui-même, en figeant pour la
postérité et en diffusant à grande
échelle l’image de l’exploit technique et
sportif. Elle a aussi mis en scène, plus
secondairement, les acteurs de cette
médiatisation, les journalistes que l’on voit
courir après l’appareil, comme
débordés par le spectacle inouï de la
vitesse et saisis par leur incapacité soudaine
à s’approprier la pleine et entière
jouissance de la nouveauté. En
réalité ces deux moments vont entrer en
phase. Car l’irruption de la puissance mécanique
du vol est contemporaine d’une autre transition. Celle
qui marque le passage du récit aérien,
volontiers descriptif, voire contemplatif, à une
production privilégiant le rythme, la
nouveauté, l’information, sa promotion
sensationnelle et d’une certaine manière aussi,
sa consommation7.
Les origines littéraires du
reportage aéronautique
Il existe en France une tradition de
récit attachée au voyage aérien.
Les ascensions en ballon ont suscité à
partir de la seconde moitié du xixe siècle
et jusque dans les années 1920-1930, de
nombreuses et souvent très
élégantes descriptions, aux confins de la
littérature et du journalisme. Des
personnalités des milieux littéraire et/ou
artistique ont croisé la route
d’aéronautes professionnels ou bien se sont
engagés par capillarité mondaine,
culturelle, sociale, dans les cercles naissants du
tourisme aérien8. Ces témoins
privilégiés, parmi lesquels Guy de
Maupassant, Sarah Bernhardt ou Colette, ont alors
traduit leurs impressions sous forme de reportages. Le
positionnement culturel et social de ces « plumes
» et le traitement poétique ou pittoresque
du récit renvoient ici à l’enracinement
littéraire traditionnel du journalisme en France9. En
1887, à l’issue d’un voyage aérien qui le
conduit de Paris à Heyst en Belgique, Maupassant
décrit dans Le
Figaro, son immense plaisir et sa
curiosité de néophyte : « Sous nous,
maintenant, Paris s’étale, une plaque sombre,
bleuâtre, hachée par les rues, et
d’où s’élancent de place en place, des
dômes, des tours, des flèches, puis tout
autour, la plaine, la terre que découpent les
routes longues, minces et blanches au milieu des champs
verts […] et des bois presque noirs. »10. En
1888, l’écrivain dépeint pour les lecteurs
de L’Illustration,
les sensations de l’envol au milieu des brumes : la poix
humide du brouillard, une « ouate vaporisée
», puis cette lumière mystérieuse
venue d’« en haut » qui nimbe
l’aérostat, alors qu’enfin apparaissent «
le ciel bleu éclatant [et en dessous], un chaos
illimité de nuages qui [ont] l’air de neiges…
»11
D’autres contributeurs comme les
sportsmen François Peyrey, Georges Bans et Henry
de la Vaulx, ont accompli le chemin inverse, s’appuyant
sur leur maîtrise et leur expérience
touristique des ascensions pour en délivrer la
teneur sur le ton du récit, non sans sacrifier
à la rhétorique littéraire et
poétique12. D’une manière
générale, l’émotion et
l’évocation des sensations priment encore sur
l’information factuelle. Ces descriptions passionnantes
ont également en commun de privilégier la
construction d’un regard « centrifuge » qui
s’exerce du centre (le ballon) vers l’extérieur
(l’espace infini). Certes, le monde de
l’aérostation connaît de remarquables
basculements du regard lorsque l’aéronaute
Cyprien Alfred-Duprat invente en 1912 un système
de prise de vue capable de photographier le pilote dans
sa nacelle sur fond de paysage aérien. L’effet
produit est étonnant. Le décor est
appréhendé depuis «
l’extérieur » du ballon grâce
à un habile montage de perches et de poulies.
L’invention permet d’illustrer quelques reportages
innovants pour les revues Océanaet L’Aérophile13.
Mais la trouvaille technique ne fait que prolonger la
vision du vol qu’avaient anticipée par la gravure
les représentations de la fin du xixe siècle.
Bien plus évidente est la rupture qui, face au
récit évocateur des voyages
aériens, place l’urgence médiatique de
l’aéroplane.
Observations et investigations
Avec la vitesse,
l’accélération et les brusques variations
d’altitude, la rupture introduite par l’aéroplane
se manifeste d’abord dans un changement de plan. Celui
du regard. Durant son trajet l’aviateur n’est plus le
témoin privilégié du vol. Il reste
longtemps tout entier absorbé par la conduite de
sa machine, résistant péniblement aux
trépidations du moteur et aux projections d’huile
brûlante qui l’aveuglent. L’envol est d’abord
saisi de l’extérieur. Il est mis en scène
médiatiquement à partir des repères
terrestres du reporter qui guette patiemment les essais.
Le reportage deviendra par la suite un habile montage
utilisant les observations des journalistes, au sol,
puis dans les airs, et les récits des pilotes.
Dans l’immédiat, le travail de restitution n’est
encore qu’en de rares occasions troublé par
l’ingérence de la photographie aérienne,
voire du cinématographe manipulés par les
premiers passagers (1908)14. Il
s’accomplit principalement à partir de la
description des envolées et des poursuites
où le récit et l’image cherchent à
fixer depuis le sol l’essor de la machine.
Cette externalisation du regard
s’accompagne d’une insertion plus évidente de
l’observateur dans un cadre professionnel aux missions
et compétences mieux définies. Le «
reporter », dont l’archétype est le
correspondant de guerre, devient au tournant du
siècle l’œil du lecteur, le pourvoyeur d’images
et de sensations. L’aviation offre à cet
enquêteur, qui inspirera à Gaston Leroux
son personnage de Rouletabille, un terrain
d’investigation idéal par la fascination, la
nouveauté et parfois aussi la culture du secret
qui entoure l’invention. En 1905, prévenu par le
pionnier de l’aviation Ferdinand Ferber de l’incroyable
potentiel technique des frères Wright15,L’Auto dépêche
sur place l’un de ses fameux limiers, Robert Coquelle,
afin qu’il ramène les preuves de la
réussite des Américains… En mission aux
États-Unis, l’homme enquête et rassemble
quelques témoignages concordants… Il câble
à son journal un rapport en quatre parties avec
un croquis étonnant de la machine que publie l’Auto16.
Sans convaincre pour autant le monde des
expérimentateurs français, sceptique, et
surtout confortablement installé dans ses
certitudes et son chauvinisme. Seule la venue de Wilbur
Wright au Mans en 1908 vient confirmer sous les yeux de
la presse17, des opérateurs
cinématographiques (Pathé Cinéma,
Gaumont actualités), et du monde
aéronautique, l’avance provisoire des
Américains.
Dans sa phase originelle, le reportage
aéronautique intègre donc les
polémiques qui marquent l’accession des
inventeurs et des pilotes à la scène
technique et sportive. Il est vrai que les
intérêts en jeu doivent également
être analysés au regard des connexions
nouvelles et souvent complexes qui se sont
progressivement établies au sein de
véritables empires associant les réseaux
du sport, de la presse et de l’industrie. Il reste par
exemple difficile de cerner le positionnement exact du
comte de Dion dans l’affaire Wright. Principal
commanditaire du journal sportif le
Vélo, puis de l’Auto-Vélo devenu l’Auto,
cet aéronaute de la première heure, membre
fondateur de l’Automobile-Club de France,
premier président de l’Aéro-Club de
France(AéCF) est aussi un puissant
industriel du monde du cycle et de l’automobile.
Farouche nationaliste, ultra-conservateur et
anti-dreyfusard notoire, le comte sait user de son
influence lorsque la suprématie française
en matière aéronautique semble
menacée. Agacé par le succès de
Santos-Dumont dans le prix Deutsch de la Meurthe pour
ballons dirigeables, en octobre 1901, de Dion est de
ceux qui contestent au Franco-Brésilien sa
victoire et qui parviennent à semer le doute
parmi les membres de la commission de l’AéCF, au
prix de tergiversations aux relents xénophobes
dont s’empare la presse18. En 1905,
alors que la polémique autour des essais des
frères Wright aux Etats-Unis fait rage, L’Auto joue certes
la carte de l’enquête19. Mais pendant
ce temps, dans le journal Les
Sports, certains
proches du comte de Dion, à l’instar de E.
Archdeacon, organisent une campagne chauvine pour
dénoncer le vaste « coup de bluff »20 des
Américains. Finalement, à défaut de
clarification, le débat aura fait couler beaucoup
d’encre et permis de vendre du papier, marquant de
manière plus définitive encore
l’introduction de l’aviation dans le quotidien des
lecteurs21. Toutefois, les relations
de la presse à l’innovation aéronautique
et journalistique ne se limitent pas aux chroniques que L’Auto va
régulièrement publier à partir de
cette époque, les transformant tout aussi
régulièrement en argument publicitaire.
L’invention du reportage aéronautique est aussi
tributaire d’une expansion remarquable de la surface
écrite consacrée à la
conquête de l’air et des concurrences qui naissent
précisément de cette profusion.
L’espace de la presse
aéronautique et sportive française
Durant la Belle Époque
marquée par « l’apogée de la presse
française » (1880-1914)22,
l’essor des journaux s’accompagne d’un fort mouvement de
segmentation dont bénéficie
l’aéronautique. Ce secteur possède
dès la seconde moitié du xixe siècle
deux organes de première importance, L’Aéronaute et L’Aérophile,
puis jusqu’à neuf titres en 1908. La
paternité de L’Aéronaute,
dans sa première version (1864), revient au
photographe Félix Tournachon dit Nadar. Le titre
est repris en 1868 au moment de la grande Exposition de
Londres par le docteur Abel Hureau de Villeneuve, qui en
fait l’organe officiel de la Société
Française de Navigation Aérienne.
Créé en 1893 par l’aéronaute
Georges Besançon, L’Aérophile publie,
à partir de 1901, le bulletin
officiel de l’Aéro-Club de France et de
quelques autres sociétés sportives,
scientifiques ou affinitaires comme l’aéro-club
féminin La
Stella. Le journal rend compte des progrès
en matière de vol humain et se tourne largement
à partir du début du xxe siècle
vers la dimension touristique et compétitive de
l’aéronautique.
Ces périodiques s’emploient
à rapporter le moindre bond des
expérimentateurs. Ils fournissent
également des analyses scientifiques du vol et
des aperçus techniques des machines.
Généralement mensuelle23,
cette presse spécialisée connaît un
essor remarquable à la veille du premier conflit
mondial, la publication de l’Aéro devenant
quotidienne à partir de 191224. À cet
ensemble vient s’ajouter L’Illustration qui se
présente comme la vitrine des sciences, des
techniques et de l’aviation en particulier. Depuis 1891,
cet hebdomadaire de large diffusion (plusieurs dizaines
de milliers d’exemplaires vendus par semaine et de
nombreux abonnés en province) n’a cessé de
publier des articles consacrés à
l’aéronautique. Les dossiers richement
illustrés, souvent didactiques, séduisent
un public plus large. Toutefois, la tentation du
sensationnalisme entraîne parfois la revue vers
les excès médiatiques du reportage «
fiction ». Par exemple, L’Illustration a
très maladroitement défendu la cause des
Wright lors de leur venue en France en 1908, publiant au
mois de mai des photographies jusqu’alors inconnues du
public. Ces clichés pris à grande distance
montraient l’aéroplane des Américains en
plein vol alors que, jusqu’à ce moment
précis, la presse avait été tenue
à l’écart des expériences. Mais L’Illustration doit bien
vite démentir et reconnaître que ce sont
des faux, forgés par le New
York Herald et
récusés par les Wright eux-mêmes25.
La fièvre aviatrice des
années 1900-1914 bénéficie surtout
de l’essor des journaux de grande diffusion et de la
presse sportive. La
Vie au Grand Air, Les
Sports, L’Auto, notamment, contribuent à
propulser les exploits mécaniques au rang de
sport en créant des rubriques spécifiques
consacrées aux progrès de
l’aéronautique. Souvent financés par les
fonds des grands constructeurs, ces organes
entretiennent l’intérêt du public en
créant des épreuves qui placent au centre
de toutes les attentions les performances des hommes et
des machines. Ils relatent en détail les
prouesses des aviateurs, généralement
anciens cyclistes et automobilistes, comme Henry Farman
ou Roger Sommer. Pour les seules années
1908-1910, la rubrique « aéronautique
» de La
Vie au Grand Air est celle
qui compte le plus d’entrées, loin devant
l’athlétisme et le cyclisme.
L’aviation naissante constitue
également un thème de prédilection
pour les quotidiens de grande diffusion. Les
créations du Matin,
en 1885, puis du Journal,
en 1892, ont inauguré en France la naissance
d’une presse largement influencée par un
journalisme à l’anglo-saxonne : une conception de
l’organisation du journal fondée sur un strict
découpage des fonctions (reporters sur le
terrain, secrétaires de rédaction mettant
en forme les articles au journal) ; des enquêtes
respectant la règle des cinq « W » (Who,
what, when, where, why ?) ; des comptes
rendus adoptant le principe d’une lecture qui va de
l’essentiel au détail26. Ces
quotidiens, qui pèsent à la veille de la
guerre près de cinq millions d’exemplaires, en ne
comptant que les « quatre grands »27,
donnent la priorité à l’information, au
reportage, à l’interview. L’importance de cette
surface médiatique est considérable dans
une France où trois Français sur quatre
consultent un journal, ce qui fait de la presse
écrite de grande diffusion le premier des
médias de masse28. Surface médiatique
d’autant plus considérable qu’elle place ces
journaux dans des perspectives d’action bien
réelle. A l’instar des courses que les principaux
organes généralistes et sportifs ont su
créer pour le cyclisme ou l’automobilisme, et
alors même que l’aviation n’en est encore
qu’à ses balbutiements, les premiers « prix
» fondés pour l’aéronautique
stimulent l’imagination des pionniers et des
investisseurs. Dès 1899, le
Vélo crée
un critérium de la navigation aérienne. En
1907, le
Matin propose
d’organiser une course d’aéroplanes et de
dirigeables entre Paris et Londres29. Vite
abandonnée, l’idée un peu folle de rallier
l’Angleterre par la voie des airs ressurgit pourtant
quelques mois plus tard, sous une autre forme, dans la
presse anglaise.
Reportages sur le vif
L’organisation d’épreuves phares
devient à partir de la traversée de la
Manche, en 1909, l’ingrédient essentiel du
succès médiatico-sportif. Au-delà
des meetings aériens30, les grands
circuits et les courses internationales comme le Circuit
de l’Est (le Matin, 1910) ou Paris-Madrid (le
Petit Parisien, 1911) constituent le cœur d’une
tradition sportive qui émerge et invente ses
modes de communication et ses excès. La
collaboration entre la presse et les instances sportives
officielles, en particulier l’AéCF,
s’avère souvent nécessaire pour
réguler ce que l’impulsion médiatique
propose spontanément de créer sur le mode
sensationnaliste quitte à imaginer l’impensable. Le
Matin accuse
vertement le Daily
Mail d’organiser
avec la traversée de la Manche en
aéroplane une épreuve qui fera de la
publicité à bon marché au journal,
sans risque d’avoir à verser la somme promise
avant bien des années31.
Mais, au-delà de la
surenchère médiatique, c’est dans la
construction même de l’information et dans les
trouvailles des journalistes et des rédactions
pour rendre cette information vivante et attractive que
réside l’un des ressorts de la nouveauté
et du succès. Pour entretenir le suspense et
vendre de la copie, Le
Journal se
fait le promoteur du « Circuit européen
» (1911)32 et rythme
l’événement en fabriquant de faux
télégrammes distribués par les
marchands de journaux. Ce récit haché des
premiers reportages, fournit à lui seul un outil
inédit auquel s’ajoute le feuilleton des affiches
et des nombreux suppléments. Le dispositif permet
de maîtriser la tension dramatique du concours,
d’imposer un flux sans cesse renouvelé des
informations et d’en contrôler les effets
d’immédiateté, en un moment où les
résultats officiels ne parviennent pas encore au
lecteur en temps réel. La définition
même de l’exploit n’est plus ici seulement
tributaire de ce que réalise ou ne réalise
pas l’aviateur, mais relève d’un ensemble de
paramètres dont le reporter et la
rédaction du journal maîtrisent les
agencements.
Cette maîtrise est
également perceptible lorsque la presse
transforme en juillet 1909 les échecs
retentissants de Latham dans la traversée de la
Manche en autant d’épisodes épiques,
parfois grinçants, jouant sur différents
registres pour présenter le jeune homme et ses
chutes en mer sous des éclairages accrocheurs.
Imaginée en octobre 1908 par le patron du Daily
Mail, Lord Northcliffe33, cette
épreuve emblématique s’est finalement
réduite à un duel opposant en 1909 deux
Français : le sportsman Hubert Latham et le
constructeur-pilote Louis Blériot34.
Les caractéristiques matérielles et la
configuration aéro-maritime du concours imposent
aux journalistes de nouveaux choix techniques.
Certains organes de presse comme L’Illustration ou La Vie
au Grand Air suivent
les péripéties du duel au plus près
: tentatives avortées, chutes en mer,
envolées. Ils rendent compte, à partir de
reportages menés sur le vif par leurs
envoyés spéciaux des instants cruciaux de
la compétition. La multiplication des relais,
notamment à terre, aux points de décollage
et embarqués à la poursuite de la course
de l’aéroplane, constitue l’un des points
clé de l’enquête, permettant de saisir non
seulement les phases de l’envol, du survol des flots,
mais éventuellement l’accident en mer, le
repêchage de l’infortuné aviateur et
même ses réactions à bord du navire.
Dans une perspective très didactique, L’Illustration agrémente
son texte et les séquences de photographies, de
cartes sur les tracés desquelles sont
représentées les tentatives, les chutes et
le parcours victorieux35.
La presse quotidienne de grande
diffusion privilégie de son côté le
sensationnalisme et cherche à obtenir
l’exclusivité de l’information. En secret, Le
Matin entre
en contact avec les concurrents pour solliciter une
forme d’arrangement. Charles Fontaine, reporter pour ce
grand quotidien, a réussi à arracher
à Blériot la promesse d’être
prévenu de l’heure et du jour de sa tentative. En
échange, le journaliste doit se poster
côté anglais, muni d’un drapeau tricolore,
pour signaler à l’aviateur l’endroit le plus
favorable pour son atterrissage. Initialement, cette
préparation devait permettre au reporter de
saisir « au vol » avant ses concurrents
l’arrivée victorieuse de Blériot, et
surtout d’en recueillir le premier les impressions de
vol. Finalement, le 25 juillet 1909, Fontaine surpris
lui-même par l’événement et
désorienté par le brouillard ne prend
qu’une vague photographie de l’atterrissage,
préférant se concentrer sur la mise en
scène du moment historique qui le montre lui,
reporter, sur le front de l’action, aux
côtés de l’aviateur victorieux, près
de l’aéroplane, comme intégré
définitivement au paysage de l’exploit.
Avec Blériot, l’aviation a
gagné en certitudes techniques et la presse a
sans aucun doute participé à imposer au
public la figure de l’aviateur conquérant.
Toutefois, en ne retenant pour l’essentiel que la
dimension sensationnelle de l’acte accompli, les
journaux ont choisi de privilégier un certain
type de message, dotant les appareils d’un imaginaire
séducteur et composant un portrait
idéalisé du pilote et de ses pouvoirs.
La fabrique des imaginaires
« Le biplan de
Lesire est sur la piste. L’aviateur vient nous avertir
qu’il va tenter de tenir sa promesse (…) Il va essayer
de survoler Bordeaux. La nouvelle circule rapidement
dans la foule, les automobilistes sont sur le «
qui vive ». Madame Lesire prend place à
bord de notre automobile et nous nous dirigeons vers
la sortie du champ d’aviation. Le moteur tourne,
Lesire lève le bras, il roule, il s’envole, il
est parti ! »36
À partir de 1910, un peu partout
en France, des journalistes se lancent à la
poursuite des grands oiseaux mécaniques, en
vélo, en automobile, en bateau… De nombreux
reporters aux multiples compétences incarnent cet
élan, tel le Bordelais Maurice Martin,
journaliste, sportsman, commissaire de course,
déjà bien connu dans les milieux du
cyclisme et de l’automobilisme37. Leurs
articles constituent de remarquables témoignages
montrant comment le pilote d’aéroplane est alors
moins perçu comme un casse-cou que comme une
figure sportive talentueuse38. Cette
appréciation mérite toutefois d’être
nuancée. Car, simultanément, les
contraintes matérielles, les exigences
(rapidité, nouveauté) dans lesquelles
s’élaborent l’information, et le sensationnalisme
assumé de la presse des « rubriques »
et des dépêches, participent à
inventer un mode de communication qui, à son
tour, contribue à façonner les
représentations et les imaginaires des lecteurs.
En 1908, par exemple, les journalistes ont suivi les
aviateurs dans leurs premières retraites, en
province, à la périphérie des
villes, au moment où la présence des
foules sur les champs d’aviation devenait dangereuse.
Wright s’installe au camp d’Auvours près du Mans,
Farman s’isole à Mourmelon : la presse est
devenue le seul relais qui permet de communiquer les
progrès accomplis. Si bien qu’avec la
complicité des intéressés,
l’aviation « rapportée » dans les
journaux se résume souvent à des
performances instantanées et à des
capotages. Cette position contribue à entretenir
une ignorance à peu près totale du
fonctionnement des « plus lourds que l’air »39.
Avec deux conséquences principales. Dans l’esprit
du grand public se fixe durablement l’image d’un
aviateur dont l’envol relève de la magie : c’est
par une sorte de grâce transitoire et miraculeuse
que le pilote parvient durant quelques instants à
vaincre les effets de la pesanteur. Ou bien
l’aéroplane, décrit comme une
mécanique brute, ne doit sa prouesse qu’aux
seules qualités et courage du pilote. Le
reportage consacré au vol emblématique
Paris-Bordeaux accompli par le Péruvien
Biellovucic (1er-3 septembre 1910) est
à cet égard significatif. Il fige ainsi le
« type » de l’aviateur dans une lecture
très innéiste du vol. La
Petite Gironde, qui a suivi heure par heure
l’exploit du pilote, considérant les
succès répétés des aviateurs
d’origine sud-américaine (Chavez, Martinet,
Santos-Dumont, etc.), célèbre
l’évident « triomphe de la race latine
» et renvoie ses lecteurs aux «
qualités exceptionnelles de cœur, de vaillance,
d’intelligence et de brio qui sont heureusement son
apanage insaisissable »40.
Ce basculement du discours met en
évidence le décalage entre une information
technique sérieuse, plus rarement accessible (L’Aérophile),
et le poids sensationnaliste de la presse d’information
centrée sur une actualité par
définition friable. Il témoigne aussi du
profond bouleversement qu’intègrent
simultanément l’aviation, la vision
déchirante du monde qu’elle impose soudain et les
manières d’en rapporter les étapes, sur le
fond et sur la forme. Car, symétriquement, cette
imbrication de l’exploit et du récit traverse
d’autres espaces. La
Vie au Grand Air, par exemple, vivifie les
imaginaires de la course aérienne en proposant
une lecture graphique inédite de la
vélocité et de l’altitude qu’elle associe
à la publication de portraits aux dimensions
inhabituelles41. Cette personnification
magnifiée du héros est redoublée
par le style avant-gardiste de reportages originalement
illustrés : l’aile ou la queue de l’appareil
débordent du cadre, comme le déchirant,
pour donner le sentiment du glissement et de la vitesse42.
Les images imbriquées et les agencements de
silhouettes en surimpression redonnent aux héros
de l’air une place extraordinaire, à la mesure
des mises en scènes sur-dynamisées qui
caractérisent avant 1914 la grandeur des exploits
accomplis ; une symbolique qu’achèvent d’imposer
certaines compositions futuristes dotant le pilote d’une
puissance extraordinaire, comme « L’homme-oiseau
de l’avenir » représentant Blériot
en homme-machine43.
La conquête de nouveaux
horizons
Avec la guerre, l’aéroplane cesse
d’apparaître comme la fragile combinaison
d’ingénieux bricolages et devient en l’espace de
quelques années un appareil techniquement fiable,
fabriqué en série. Le pilote
intégrant les écoles militaires conserve
en revanche une aura héroïque que la presse
contribue à entretenir. Certaines revues comme La
Guerre aérienne illustrée,
contribuent à façonner l’image
demeurée célèbre des « as de
l’aviation ». Des journalistes venus du sport,
comme Jacques Mortane, dressent le portrait
idéalisé de ces chasseurs dont la mission,
présentée sous le jour « du grand
match », demeure néanmoins d’abattre le
plus d’adversaires possibles. Les appareils sont
assimilés à des destriers « fringants,
souples et rapides »44.
Le combat aérien est décrit comme une
forme d’assaut chevaleresque. Cette euphémisation
sportive de la violence guerrière trouve à
s’exprimer plus généralement dans les
organes de la presse sportive comme L’Autoou La Vie
au grand air45. L’ensemble dresse le
portrait singulier de véritables «
chevaliers des airs » dont Georges Guynemer
incarne à tout jamais la figure
héroïque46.
Au-delà de la guerre et de
l’utilisation militaire de l’aéroplane,
l’héroïsme des pilotes ne sera plus
décrit comme relevant d’un don que l’on surexpose
médiatiquement, mais bien comme le produit d’un
ensemble de qualités, de compétences
acquises et reconnues, que les journaux vont tenter de
mettre en scène sous un nouveau jour, les
intégrant parfois à de véritables
scènes du roman d’action. Les années
1920-1930 deviennent un temps d’exploration au cours
duquel les as de la guerre aérienne se
reconvertissent dans le défrichage des
premières lignes commerciales et la
création de sociétés de fret ou de
voyage. L’aventure de ces entreprises, illuminée
par le destin de L’Aéropostale,
reste marquée par le courage d’hommes
d’expérience soudainement placés dans des
contextes délicats. La prouesse se situe alors
moins dans le vol que dans les
à-côtés extraordinaires de
l’atterrissage en catastrophe, au cœur du désert
ou sur des plateaux montagneux hors d’atteinte. En 1930,
l’aviateur Guillaumet signe un acte héroïque
avec une marche de cinq jours et quatre nuits au cœur
des Andes, périple qui le conduit, selon les mots
de Saint-Exupéry, à faire ce qu’«
aucune bête au monde » n’aurait fait. Les
journaux relatent ces expéditions et cherchent
à présenter les voyages aériens au
long cours sous la forme de récits d’aventure,
pour finalement revenir inexorablement vers le
thème de l’accident : « l’émouvante
odyssée des explorateurs perdus dans les sables
sahariens avec trente litres d’eau et cinq kilos de
dattes pour toute fortune »47.
Ces horizons suggèrent aussi de
nouvelles approches aux reporters de presse
concurrencés depuis peu par la radio. En 1932,
aux frontières de l’exploit sportif, Géo
Ham, en mission pour L’Illustration choisit de
prendre la place d’un sac postal dans l’avion de la
ligne Toulouse-Santiago pour faire revivre à ses
lecteurs – « de l’intérieur » –
l’aventure du courrier sur les lignes intercontinentales
fraîchement ouvertes… En marge des premiers
reportages radiophoniques qui commentent depuis le sol
l’arrivée des premiers grands raids
transatlantiques, les carnets de voyage de Géo
Ham innovent. Ils restituent un vécu, un regard
qui, de l’intérieur, dévoile un quotidien
extraordinaire : « Je m’installe tant bien que mal
dans cet étroit réduit encombré de
colis, d’armes et de sacs. (…) Dernières
recommandations concernant la génératrice
qui tourne à quelques centimètres de ma
tête ; salut de la main à l’équipage
avec lequel je vais partager une nuit pleine
d’aléas ; et dans le vrombissement du moteur, au
milieu d’un nuage de poussière nous
décollons. (…) Au-dessus de moi
l’échappement lance de longues flammes bruyantes.
Je n’ai plus pour horizon que les sacs de courrier dont
chacun représente une étape de ma
randonnée (…) »48. Cette
position est aussi emblématique d’une forme
d’engagement, d’une aventure vécue en
partenariat, où le destin du grand reporter
devient partie prenante de celui du pilote.
Production singulière, le
feuilleton aéronautique s’inscrit, entre les
années 1880 et 1930, dans un flux complexe de
transformations et d’interactions. Il témoigne
tout autant des mutations modernes de la presse
française, qui cherche à s’adapter aux
changements de productions de l’information, qu’il ne
porte la marque ingénieuse de l’innovation
journalistique confrontée aux défis de
l’impensable conquête de l’air et aux
progrès fulgurants de l’aviation.
Finalement, investigations et
quête du sensationnalisme contribuent à
produire une vision collective de l’aviation et de ses
péripéties. Le pionnier, génial
inventeur ou expérimentateur inconscient,
cède progressivement le pas au héros
sportif, avant que l’aviateur de métier,
explorateur compétent, ne prolonge l’aventure sur
les premières lignes commerciales.
Émaillée de vols périlleux à
ses débuts, puis ponctuée d’exploits
sensationnels dans les années 1910,
rythmée par les raids aériens au lendemain
de la guerre, l’aviation entraîne dans son sillage
des journalistes qui cherchent à se saisir de la
nouveauté, à innover, repensant leurs
propres façons de voir et de décrire le
changement. Ces transformations témoignent ainsi
d’une translation dans les profils du « reporter
aéronautique » : d’abord enquêteur
pour la presse de grande diffusion, puis sportsman
averti ou ancien pilote familier des sports
mécaniques, avant de devenir, au terme des
années 1920, l’ébauche du grand reporter,
véritable professionnel de l’exploit au long
cours dont la figure se confond parfois avec celle du
pilote dont il partage l’aventure. Ces étapes
montrent qu’il existe des glissements synchrones dans
les changements de profils : chaque figure de l’aviateur
trouvant son parèdre chez les journalistes
chargés de mettre en images et en mots une
aventure qu’ils auront finalement largement
contribué à inventer.
Luc
Robène
Maître de
conférences HDR à l’Université de
Rennes 2.
Dominique
Bodin
Maître de
conférences HDR à l’Université de
Rennes 2.
Notes
[ 1] Le
Matin, 25 juillet 1909.
[ 3] La
Petite Gironde, 23 août 1910.
[ 4] Il
renouvelle l’exploit le 12 novembre 1906 par un bond de
220 mètres. Les documents disponibles montrent
que les frères Wright réalisaient à
partir de décembre 1903 des envolées bien
plus importantes par leur distance et leur durée.
[ 5] L’Illustration,
27 octobre 1906.
[ 6] Notamment l’Illustration, le
Petit Journal, la
Vie au Grand Air, l’Aérophile, l’Auto mais
également certains journaux étrangers
comme le London
Illustrated News qui dispose
d’un correspondant à Paris et réalise une
interview de l’aviateur publiée le 24 novembre
1906.
[ 7] Wolgensinger,
1989, p.67.
[ 8] Robène,
Bodin, Héas, 2006.
[ 9] Thomas
Ferenczi, L’invention
du journalisme en France, Paris, Plon, 1993,
p.13.
[ 10] Guy de
Maupasssant, « De Paris à Heyst », Le
Figaro, 16 juillet 1887.
[ 11] Guy de
Maupassant, « Sur les nuages », L’illustration,
30 juin 1888.
[ 12] François
Peyrey qui rédige également des articles
pour La
Vie au Grand Air a
publié en 1909, un ouvrage consacré
à la chronique poétique de ses voyages
aériens intitulé « Au fil du vent
».
[ 13] L’Aérophile,
mars 1912, p.140, Océana,
novembre 1912, p.1.
[ 14] « La
première photo en aéroplane. Ce qu’on voit
de l’aéroplane Wright » in La Vie
au Grand Air, 28 novembre 1908, p.372. La
photographie présentée est extraite du
« premier film cinématographique, pris
à bord d’un aéroplane par M. Bonvillain,
directeur du Service des voyages de la maison
Pathé ».
[ 15] Les Wright
réalisent déjà à cette
époque des vols de 40 km ! Ferber qui est en
contact avec eux depuis près de 4 ans redoute que
l’invention définitive de l’aéroplane ne
s’achève aux Etas-Unis.
[ 16] L’Auto,
23 décembre 1905.
[ 17] Voir par
exemple : « L’aéroplane de Wilbur Wright en
plein vol », Le
Petit Journal, 5 août 1908 ; « Wilbur
Wright au Mans », Les
Sports, 8 août 1908.
[ 18] Voir
notamment L’Aérophile,
septembre 1901, p.223 et novembre 1901, p.257 ainsi
que la campagne de presse engagée par Wilfried de
Fonvielle dans Le
Temps à
partir du 20 octobre 1901.
[ 19] L’Auto,
1er et
23 décembre 1905, 7 février 1906.
[ 20] Les
Sports, 3 décembre 1905.
[ 21] Le
Matin s’est
également emparé de l’affaire Wright dans
son édition du 4 décembre 1905, tout comme Le
Journal qui,
à la même époque, expédie son
reporter, Arnold Fordyce, pour prendre contact avec les
Wright.
[ 22] Bellenger
et al. 1972.
[ 23] L’engouement
pour l’aviation d’un lectorat ayant un bon niveau de
culture scientifique permet à L’Aérophile de
paraître deux fois par mois à partir de
1905.
[ 24] Bellenger
et al. op. Cit. p.384.
[ 25] New
York Herald, 20 mai 1908 ; L’Illustration,
30 mai 1908.
[ 26] Jacques
Wolgensinger, L’histoire
à la une. La Grande Aventure de la presse,
Paris, Gallimard, 1989, p.91.
[ 27] Le
Petit Journal (1863), Le
Petit Parisien (1876), Le
Matin (1885), Le
Journal (1892).
Ferenczi, op.
cit., pp.13-14.
[ 28] Jean-Yves
Mollier,« Le parfum de la Belle Epoque » in
Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli
(dir.), La
culture de masse en France de la Belle Epoque à
aujourd’hui, Paris,
2002.
[ 29] « Une
glorieuse épreuve », Le
Matin, 14 janvier 1907.
[ 30] La coupe
internationale d’aviation offerte par James Gordon
Bennet, propriétaire du New
York Herald et
de son édition parisienne le Paris
Herald, devient le trophée le plus couru
de la « Grande semaine d’aviation de Reims »
(1909).
[ 31] Cité in Lhospice,
Michel, Match
pour la Manche, Paris, Denöel, 1964, p.37.
[ 32] Le Circuit
Européen d’aviation (juin-juillet 1911) est une
compétition sportive internationale basée
sur le principe d’une course par étapes, reliant
des grandes villes d’Europe : Paris, Bruxelles, Utrecht,
Londres…
[ 33] “Cross
Channel flight”, Daily
Mail, 5 octobre 1908.
[ 34] Robène,
Luc, Bodin, Dominique, Héas, Stéphane,
« Le bonheur est dans les airs.
L’aérostation, 1880-1914 », Terrain,
46, 123-136, 2006.
[ 35] L’Illustration,
17, 24 et 31 juillet 1909.
[ 36] La
Petite Gironde, 23 août 1910.
[ 37] Voir les
récits de Maurice Martin dans La
Petite Gironde et La Vie
au Grand Air notamment.
[ 38] On peut
citer notamment les écrits de Pierre Souvestre,
romancier, journaliste pour L’Auto.
Avec Auguste Wimille, reporter embarqué lors de
la traversée de la Manche, Souvestre publie un
ouvrage à la gloire des deux concurrents,
Blériot et Latham. Cf. Souvestre, Pierre,
Wimille, Auguste, La
traversée de la Manche en aéroplane,
Paris, Flammarion, 1909.
[ 39] Les
archives du brillant pionnier Ferdinand Ferber
contiennent un article sentencieux écrit par
Frantz Reichel dansLe Figaro du 15
septembre 1908, au moment où l’aéroplane
devient un objet médiatique de premier plan.
Cette suite de mots creux et de renseignements
superficiels qui devait impressionner le lecteur de 1908
est rayée du mot : « nul ! ». Ferber,
1970, p.202.
[ 40] La
Petite Gironde, 4 septembre 1910.
[ 41] «
Orville Wright », La Vie
au Grand Air, 28 novembre 1908.
[ 42] François
Peyrey, « Wilbur Wright recordman du monde
», La
Vie au Grand Air, 3 octobre 1908.
[ 43] Georges
Scott, « L’homme-oiseau de l’avenir », La Vie
au Grand Air, 11 décembre 1909.
[ 44] La
Guerre aérienne illustrée, 20
décembre 1917.
[ 45] Jacques
Mortane, « Ce que doit être la chasse
», La
Vie au Grand Air, 15 juin 1917.
[ 46] Venesson,
Pascal, Les
chevaliers de l’air, Paris, presses de
Sciences-Po, 1997.
[ 47] « De
Paris à Paris par Dakar et Tombouctou », Le
Petit Parisien, 3 avril 1925.
[ 48] «
Comment, en huit jours, un sac de courrier est
acheminé de Paris à Santiago »,
L’Illustration, 19 novembre 1932.