SEPTEMBRE
2008 Toutes les
de
Jean Belotti
==>
Compagnies aériennes en difficulté Souffrant
du ralentissement économique et surtout de la flambée des cours du pétrole,
les compagnies enregistrent des baisses de profit, voire des pertes. En vrac,
pour 2008 : -
Ibéria (compagnie espagnole) a enregistré
une importante baisse de ses profits dès le premier trimestre. -
Air France-KLM (compagnie franco-néerlandaise)
a annoncé une baisse de son bénéfice net au premier trimestre. -
Cathay Pacifique (compagnie de Hong Kong)
a perdu plus de 80 millions d’US$. -
Austrian Airlines (déjà très endettée et malgré un plan
d'assainissement) a annoncé une importante
perte au premier semestre. -
Lufthansa a enregistré une baisse de 20% de son bénéfice net au deuxième
trimestre. -
British Airways a annoncé une chute de 88% de son résultat d’exploitation
pour le premier trimestre. Ces
quelques exemples traduisent bien l’inquiétude de l’Association
Internationale des Transporteurs Aériens (IATA)
qui prévoit pour les transporteurs aériens - du fait d’une demande
nettement en baisse - une perte de plus de 5 milliards d’US$, en 2008. Plus
grave. Depuis le début de l'année, 25 compagnies ont fait faillite dans le
monde, rappelle l'IATA, qui s'attend, pour 2008, à des pertes comprises entre
2,3 et 6,1 milliards d’US$, alors qu’elles étaient déjà de 5,6
milliards en 2007. Les faillites devraient même se multiplier au cours des
mois à venir avec l'envolée du prix du brut. ==>
Réaction des compagnies : *
Air France-KLM : -
s'apprête à réduire ses ambitions en matière de capacités dès la
prochaine saison d'hiver, en indiquant qu’il pourrait même y avoir des
suppressions de vols et des fermetures de lignes au cours de l'exercice
2008-2009 ; -
renforcera son plan de compétitivité “Challenge 10", avec
l’objectif de réaliser 190 millions d'euros d'économies supplémentaires ; -
étudie également une sortie anticipée de quatre ans de toute la flotte de
Boeing 747-400, gros consommateurs de kérosène ; -
exercera un contrôle renforcé sur l'emploi, comprenez : gel des embauches et
suppression de postes. *
Cathay Pacific a annoncé un programme de réduction de ses coûts. *
Le sauvetage d’Alitalia serait associé à de fortes réductions de coûts
salariaux. On parle d’une suppression d'emplois de l'ordre de 7.000, soit
presque le tiers des salariés que compte actuellement la compagnie. *
Air Transport (groupe de transport aérien allemand)
a annoncé une suppression de 6.000 emplois de sa filiale ABX (cargos),
DHL réalisant une grande partie de son chiffre d’affaires ayant choisi de
changer de prestataire en s’adressant à United Parcel. *
Il en est de même de la plupart des compagnies aériennes américaines qui on
réduit leurs capacités (offre). Que
retenir de tout cela ? Plusieurs conséquences en chaîne pénaliseront tous
les intervenants. C’est ainsi que la quasi générale réduction de
l’offre : -
sera automatiquement accompagnée de drastiques mesures concernant les
personnels (réduction du nombre d’heures de travail, licenciements,
mise à la retraite anticipée,...) ; -
déclenchera une réduction des choix offerts aux passagers, avec probablement
une baisse de la qualité de service ; -
réduira l’activité de toutes les entreprises périphériques (agences
de voyage, transports au sol, hôtellerie,...)
avec toutes les désastreuses conséquences sur leur survie et sur l’emploi
; -
aura un impact sur les commandes passées aux principaux avionneurs. Je
ne citerai, ici, que deux exemples : -
Lufthansa, après 13 années de paix sociale, a été confrontée à une grève
; -
25000 salariés de Boeing viennent de se mettre
en grève, réclamant de meilleures conditions de sécurité au
travail, une amélioration de la couverture maladie, des salaires et des
conditions de retraite. Ce mouvement social touchera également les
sous-traitants. Dans
l’hypothèse où la dégradation du système perdurerait, un élargissement
des mouvements sociaux serait fort probable. ==>
Renforcement des positions monopolistiques Pénalisés
par la crise actuelle et la nécessité de renforcer surface financière et
position sur le marché, les regroupements - constatés depuis des années et
longuement commentés dans mes précédents écrits - se poursuivent : -
La fusion Delta Airlines / Northwest Airlines a reçu le feu vert des autorités
européennes de la concurrence. Sous le nom de “Delta”, la nouvelle
compagnie constituera le numéro un mondial des transporteurs aériens. (390
destinations dans 67 pays ; flotte de près de 800 appareils ; 75.000 salariés
dans le monde). -
Fusion British Airways / Iberia, envisagée, par échange d’actions. -
Lourdement endettée, Austrian AL recherche un partenaire stratégique. Sur
les rangs : Lufthansa, Air France/KLM, Turkish Airlines, Air China et deux
compagnies russes : Aeroflot et S7. -
Alitalia (grâce à une modification de -
British Airways a racheté la petite compagnie française “L'Avion” pour
la fusionner avec sa propre filiale transatlantique OpenSkies, basée à
Paris. (On se souvient de la naissance de “l’Avion”, proposant
des vols en “classe affaires” entre Paris et New York, sur un avion,
uniquement équipé “business”, avec des prix inférieurs à ceux de la
concurrence).
- Lufthansa a acquis son homologue helvétique Swiss. -
British Airways et Iberia (déjà membres du réseau “Oneworld”)
envisagent de s’allier avec Américan AL sur le marché des vols
transatlantiques. Objectif : aligner les horaires de leurs liaisons pour
faciliter les correspondances ; multiplier le partage de codes (ce qui
permet à un transporteur aérien de vendre des sièges à son nom sur des
vols opérés par d'autres compagnies).
S’appuyant sur le fait que Star Alliance et SkyTeam avaient déjà obtenu un
accord d'"immunité antitrust" aux autorités européennes et américaines
de la concurrence, ces trois compagnies vont solliciter le même accord à
Bruxelles... qui veille au grain ! En effet, cet accord aboutirait à un
puissant monopole qui contrôlerait presque la moitié du trafic à Heathrow (Londres),
et réaliserait, en moyenne, 70% des vols entre cet aéroport londonien et
d’importantes villes américaines, telles que New York, Chicago, Boston ou
Miami. -
Air France/KLM et China Southern ont signé un accord cadre en vue d’une
co-entreprise dans le domaine du transport de fret. -
Lufthansa est en discussion avec Brussels Airlines pour une participation
initiale de 45% suivie, à plus long terme des 55% restants. -
Lufthansa, envisage également de fusionner sa filiale Germanwings avec celles
de Thomas Cook (Condor) et Tui Travel (TUIfly
Germany). -
Deux compagnies espagnoles (Vueling et
Clickair) filiales
d’Iberia, envisagent de fusionner. Il
résulte de cette accélération des regroupements, la disparition des plus
faibles (qui avaient pourtant leur place sur le marché des dessertes aériennes)
et l’émergence d’entités de plus en plus
puissantes constituant des situations de monopole ou de quasi-monopole, dont
il est inutile, ici, de rappeler les effets néfastes pour les utilisateurs et
consommateurs que nous sommes tous. ==>
Une suite d’incidents aériens Quelques-uns
des incidents relevés : -
Un Airbus de la compagnie Easyjet a dû interrompre son vol et atterrir à l'aéroport
de Nice le cockpit de l'appareil ayant été envahi par la fumée. -
Trou dans fuselage d’un Boeing 747 de Qantas. -
Qantas effectue deux atterrissages d'urgence en quelques jours. -
Emirates se pose à Budapest à la suite de l'irruption de fumée dans la
cabine de pilotage. -
Après l’atterrissage de Vietnam AL à Tokyo, un moteur prend feu. -
Un Boeing 747 de Cathay Pacific atterri à Vancouver à la suite d’un
panneau de fuselage endommagé. -
Un Boeing 747 d’Air France sort de la piste à son atterrissage à Montréal. -
Un Boeing 757 de Thomas Cook (compagnie britannique)
se pose d’urgence à l’aéroport de Faro (au Portugal),
à la suite d’un problème de moteurs. -
Un avion de Lufthansa heurte un autobus sur l’aéroport de Francfort. La
question qui vient de suite à l’esprit est de savoir s’il y a un lien
entre ralentissement économique, récession du trafic aérien et lesdits
incidents ? Aucune relation probante ne permet de répondre par
l’affirmative. Indépendamment
du fait que si l’on se plonge dans le passé on constate que le nombre
d’incidents sans gravité a toujours été élevé, sans que n’ait été
mis en exergue, ni leur fréquence, ni leur dangerosité, il reste donc à
admettre que cette série d’incidents résulte de ce que l’on nomme communément
“la loi des séries” (appelée aussi “sérialité”), vérifiable
dans la plupart des activités humaines ou autres phénomènes, tels que météorologiques,
par exemple. Par
ailleurs - contrairement à certains médias - la plus grande prudence est de
rigueur quant à l’interprétation de tel ou tel incident. C’est
ainsi que, par exemple, à la suite d’incidents survenus à trois compagnies
“Low-cost” ; elles ont été mises au pilori ! Titre
alarmant des médias : “chute de Panne
de moteur, moteur en feu, fumée dans le cockpit... Cela peut très bien se
produire et a été pris en compte, puisqu’il existe des procédures
appropriées qui sont effectuées annuellement sur simulateur par les équipages. ==>
Une suite d’accidents aériens En
2008, il a été relevé 43 accidents aériens faisant 339 victimes (dont
18 sans victime). À l’exception de
l’accident de Spanair (filiale de SAS, compagnie scandinave) survenu
en Espagne, il convient de noter que tous les accidents mortels se sont
produits en dehors de l’Europe et des Etats Unis. Ayant déjà longuement
commenté les raisons de la différence de niveau de sécurité entre les pays
dits industrialisés et le reste du monde, je n’y reviendrai pas ici. ==>
Et pourtant “il y a ceux qui tirent leur épingle du jeu” *
L’exception de Quantas (compagnie australienne)
mérite d’être citée. Elle a réalisé une augmentation de ses bénéfices
de plus de 50%, résultat dû, nous dit-on, à une politique de couverture réduisant
sa facture pétrolière à 8%, alors que les prix augmentaient de 46%. *
Malgré une progression du trafic de près de 20% en juillet (plus de 5
millions de passagers par mois), Ryanair
pourrait subir une perte cette année ayant, elle aussi, été fortement touchée
par la hausse du prix du carburant. Cependant, elle reste confiante en
l’avenir de sa spécificité (tarifs les plus bas garantis et pas de
surcharge carburant) puisqu’elle envisage
d’acquérir 400 avions auprès de Boeing et d’Airbus. *
Virgin Atlantic Airways (transporteur britannique contrôlé par
Richard Branson), a réalisé, au premier
trimestre, un bénéfice avant impôt de 29,5 millions d’euros. Ce résultat
s'explique par l'extension de son offre à de nouvelles destinations et par
l'affluence des passagers de British Airways en mars lorsque cette dernière a
été contrainte d'annuler 600 vols pour cause météo. *
Afin d’accélérer le remplacement des appareils vieillissants de sa flotte
par des appareils de nouvelle génération, plus économes en carburant,
American Airlines (la première compagnie américaine),
vient de commander 26 Boeing 737, pour plus de 2 milliards d’US$. *
Les constructeurs (Boeing et Airbus) ont,
sur les six premiers mois de l'année, enregistré plus de 1250 commandes
d’avions... mais bémol : plusieurs annulations, suite à la réduction de
l’offre des compagnies. ==>
Alors, terminons par de bonnes nouvelles *
Le prix du pétrole ayant baissé pendant une période significative, Air
France, conformément à ses engagements, retire sa dernière hausse de
surcharge carburant". (La surcharge va baisser de 2 euros (à 19
euros) pour un vol en France ; de 4 euros (à 31 euros) pour un vol moyen
courrier ; de 10 euros (à 111 euros) pour un long courrier et de 14 euros (à
121 euros) pour un très long courrier, d'une durée supérieure à 9 heures). *
Le poste carburant des compagnies, qui représentait 10 % du coût du
transport en 1992, avait atteint 50 %. Or, le baril qui était à 147 US$ en
juillet 2008, vient de redescendre à 107 US$. Baisse
passagère ou continue, qui serait alors à l’origine d’un renversement du
mouvement actuel de récession ? “Wait and see” ! — * --- *** ---
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Dernière mise à jour/ last updating: 09 sept. 2008 |