CHRONIQUE DE DÉCEMBRE 2006

Le 14 mai 2006, Didier DELSALLE, avec un hélicoptère monoturbine de série "Ecureuil/AStar AS350 B3" de la société Eurocopter - parti du camp de base de Lukla, à 2.866 mètres - bat le record du monde, en se posant à 8.848 mètres au sommet de l'Everest et en redécollant, trois minutes plus tard. (a).

Citant cet exploit, je ne peux omettre de rappeler les nombreux records internationaux de Jean BOULET - que j’ai connu en 1953 - dont, en 1948, le premier décollage de l’hélicoptère français, le monoplace SE 3101 (exposé au Musée de l'Air au Bourget) et, en 1972, record d'altitude toutes catégories pour hélicoptères, à 12.440 mètres. (b)
Ces records de voilures tournantes méritent respect et admiration, non seulement pour le niveau de l’exploit réalisé, mais également parce qu’ils font parler de ce monde des hélicoptères, méconnu du grand public.

Nous avons tous été émerveillés de voir - à la télévision ou en grandeur nature - ces hélicos, évoluant comme de vrais colibris, faisant du surplace et se déplaçant dans tous les sens, avec la rapidité et la grâce des oiseaux. Ce sont les qualités de dextérité, de rigueur et de savoir-faire de leurs pilotes qui permettent de réaliser des missions, les plus variées, dans les domaines civils et militaires. Cela me remet d’ailleurs en mémoire un vol au cours duquel, hélitreuillé sur le site d’un accident d’avion, j’avais été impressionné par la précision du pilote de la gendarmerie nationale qui, malgré un vent en rafales et des turbulences au dessus d’une forêt en montagne, avait maintenu son hélicoptère exactement à la verticale de la petite clairière, où je fus déposé avec délicatesse, exactement à côté du gendarme chargé de me réceptionner.

Alors, afin de mieux faire connaître ce que sont les pilotes d’hélicoptères, levons le voile pour découvrir les spécificités de leur métier.

* Devenir Pilote civil

Débutons par la formation qui s’adresse aux candidats civils. Elle abouti à la délivrance du brevet de "Pilote Privé Hélicoptère" (c), puis, après réussite aux épreuves théoriques et pratiques (d), à la délivrance de la licence y afférente, qui permet de voyager et d'embarquer, sans rémunération, des passagers, et cela, sans limitation de distance.

Il existe de nombreuses écoles, en France et à l’étranger.
Retenir que le coût de cette formation est élevé (e) et que, dès les qualifications en poche, il est nécessaire de voler régulièrement, afin de maintenir son entraînement et l’aisance indispensable à la réalisation de vols en toute sécurité.

Pour devenir pilote professionnel, cette formation peut être poursuivie afin d’acquérir les brevets et licences, définis par les textes en vigueur (f).

* Devenir Pilote militaire (g)

Débutons par l'Armée de Terre, car c’est le corps d'armée qui dispose d’environ 65% du nombre d'hélicoptères. Elle organise un recrutement permanent de pilotes d'hélicoptère sur concours après inscription au CIRAT (Centre d'Information et de recrutement de l'Armée de Terre) (h)

L’Armée de l’air et la Marine Nationale offrent également la possibilité de devenir pilote d'hélicoptère.(i)

* Le métier

Les missions des pilotes militaires et d’autres organismes d’Etat (Gendarmerie, Sécurité Civile), sont très variées, allant de l’intervention opérationnelle en zone de conflit, en passant par des opérations de secours (en mer, en montagne ...) ou humanitaires.

Celles des pilotes civils sont également nombreuses : sauvetage ; épandage agricole (d’engrais, d’insecticides...) ; photographie aérienne ; transport de marchandises ou de passagers sur des lignes régulières (comme, par exemple, entre Nice et Monaco) ou occasionnelles ; retransmission du Tour de France ; travaux pétroliers sur plate-forme en mer; etc...(j), toutes missions qui nécessitent une constante vigilance, un sang-froid exemplaire et une très bonne condition physique.

=> Les conditions de travail

Comme dans tout métier, il y a des avantages et des inconvénients. Cela étant dit, il convient cependant de rappeler les principales spécificités de ce métier.

Elles varient en fonction de la nature des missions à accomplir, du lieu, des conditions météorologiques de la région, du type d’appareil, des demandes des clients, des conditions de fonctionnement fixées par l’employeur, de la saison. Des cas extrêmes, tels que l’oisiveté pendant de longues périodes ou des vols pendant des journées entières, voire des semaines, sont coutumiers, donc à l’origine de fatigue. Il en résulte que rares sont les horaires fixes d’où la difficulté de programmer des vacances en famille

En ce qui concerne le lieu, les conditions de travail sont souvent très difficiles : évolutions dans des espaces restreints à proximité, ou même sous des lignes électriques, à ras des sommets des arbres en forêt, sur le bord des rivières, en terrain montagneux où règnent des fortes et dangereuses turbulences.

Une telle activité peut s’exercer en tant qu’employé d’une compagnie ou chez plusieurs employeurs, selon des contrats dont la durée dépend du programme à réaliser..

Ainsi, cette activité souvent saisonnière peut éloigner le pilote de son domicile pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Quant aux salaires, il faut tenir compte que leur carrière ne dépasse pas généralement 15 à 20 ans, après laquelle, ils retrouvent une vie familiale plus stable et recherchent un nouvel emploi.

=> La passion du métier

Tous les pilotes d’hélicoptères que j’ai rencontrés, malgré les contraintes et les exigences du métier, sont animés d’une même passion. Ils sont enthousiastes et très fiers de leur spécialisation.

Au fil du temps, ils s’enrichissent d’expériences professionnelles nouvelles, de relations humaines, par les personnes de toutes nationalités rencontrées, aussi bien dans de grandes agglomérations que dans des régions les plus isolées.

* La Profession

Dans le cadre de la défense de la profession, l’Union Française Hélicoptère (k) a organisé, le 5 octobre 2006, un forum, auquel ont participé le Ministre des transports, le Directeur Général de l’aviation Civile et de nombreuses personnalités des compagnies, héliports, riverains, ce qui a permis d’identifier des axes de progrès très concrets, en cinq points (environnement, sécurité, réglementation, infrastructure et promotion) à mettre en oeuvre dans les cinq prochaines années.

Nul doute que les efforts engagés par tous permettront d’assurer un développement durable de l’hélicoptère en France.

* Conclusion

Ayant forcément un goût de l’aventure, ces pilotes d’hélicoptères ne sont cependant pas des aventuriers, mais des professionnels de très haut niveau, qui exercent un métier, souvent dangereux, exigeant des qualités de sérieux, de sang-froid, de prudence. Ils oeuvrent tous dans l’intérêt de notre société, sans que cela soit toujours visible par le grand public. Ils méritent donc notre respect et notre admiration.

Au terme de ces quelques lignes, sachant que lorsque votre attention sera attirée par le ronronnement d’une de ces voilures volantes, vous ne manquerez pas de la suivre des yeux, en pensant à ce que sont leurs pilotes, je suis heureux d’avoir contribué à mieux les faire connaître.

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  (a) - L'entraînement pour cet exploit a commencé un an avant, avec une série d'expérimentations dont :  
- En avril 2004, à Istres, vols à 8.992 mètres, puis à 10.211 mètres, démontrant qu'il est possible d'atteindre le toit du monde avec l'Ecureuil AS350 B3. 
- En avril 2005, à Istres, records de vitesse de montée à 3.000 mètres (en 2 mn 21 sec), 6.000 mètres (en 5 mn 6 sec) et 9.000 mètres (en 9 mn 26 sec). 
- En mai 2005, posé au col sud de l'Everest à 7.925 mètres, établissant un nouveau record du monde de posé et de décollage, battant celui détenu par un Cheetah (Lama, remotorisé pour l'occasion) à 7.670 mètres en date du 2 novembre 2004.    retour dans le texte  

  (b) - De sa renommée internationale, il s'est servi pour laisser un témoignage de grande valeur. Au prix de longues recherches, d'analyses d'archives, d'enquêtes, d'interviews d'ingénieurs et pilotes d'essais à travers le monde, il a réussi à faire revivre les cinquante premières années des hélicoptères dans l’ouvrage " Histoire des Hélicoptères racontée par ses pionniers 1907- 1956 ", illustré de près de 300 photos, paru aux Editions France-Empire, fin 1981.           retour dans le texte

(c) - JAR FCL-2 PPL(H).  retour dans le texte  

(d) - Avoir 17 ans révolus le jour de l'examen en vue de l'obtention de la licence ; avoir passé la visite médicale auprès d'un médecin agréé ; avoir totalisé au minimum 25 heures de vol en double commande et au moins 10 heures en solo, sous supervision d’un instructeur. Détails sur le site  : 
http://www.dgac.fr/html/avia_leg/licmenu.htm     retour dans le texte  

(e) - Le coût élevé de la formation sur hélicoptère (de 300 à 700 € l’heure d’instruction) explique que les pilotes professionnels sont principalement issus de l’armée. Après quinze années de carrière militaire, avec une expérience de plusieurs milliers d’heures de vol, ils proposent leurs services aux compagnies privées.   retour dans le texte  

(f) - Arrêté du 12 juillet 2005 - Pilote professionnel hélicoptère (CPL/H) ; qualification de vol aux instruments (IR/H) ; qualification de membre d’équipage de conduite d’hélicoptère (FCL/2) ; Pilote de ligne hélicoptère (ATPL/H). 
Site: http://www2.equipement.gouv.fr/bulletinofficiel/fiches/   retour dans le texte  

(g) - Michel Careau vous propose de découvrir ce métier passionnant sur son site : 
http://www3.sympatico.ca/michel.careau/  retour dans le texte  

(h) - Trois concours : 
1.- Le concours de Sous-Officier de pilote d'hélicoptère, est ouvert aux candidats de nationalité française titulaires d'un bac et âgés de 18 à 25 ans. Examen d'admission dans un CSO (Centre de Sélection et d'Orientation), avec test d'anglais, tout en choisissant la spécialité pilote d'hélicoptère.
2.- Le concours d'Officier pilote d'hélicoptère est ouvert aux candidats de nationalité française titulaires d'un bac+2 et âgés de moins de 22 ans. Il permet d'accéder à la prestigieuse "Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan", au sein de laquelle une formation militaire d'officier est dispensée pendant trois 3 années. Ce n'est qu'à l'issue de cette phase qu’il est possible de passer le concours de spécialisation de pilote d'hélicoptère en fonction des places et de vos résultats.
3.- Le concours de recrutement semi-direct est ouvert :  
- aux sous-officiers à partir de leur 3ème année de carrière, à condition d'être âgé de moins de 30 ans. (8 à 10 places pour environ 180 élèves) ;  
- aux officiers sous contrat (OSC), niveau bac+2 ; être âgé de moins 30 ans. (2 à 6 places).   retour dans le texte  

(i)- Par exemple, le concours EOPAN (Elève Officier Pilote de l'Aéronautique Navale) est ouvert aux candidats de nationalité française, médicalement aptes ; agés de 17 à moins de 23 ans, titulaires de bac (ou d'un titre reconnu équivalent) à bac +3 ; avoir de bonnes connaissances en anglais. La formation des EOPAN dure en moyenne 3 à 4 ans.  retour dans le texte  

(j) - Assistance et lutte contre les incendies de forêts ; urgences diverses ; transports de charges et matériaux à l'élingue ; exploration minière ; inventaire faunique (orignaux, chevreuils), recensement, relevé des réseaux de pistes et dénombrement des bêtes ; inventaire forestier ; reportage photographiques et cinématographique ; arrosage aérien ; brûlage contrôlé ; transport de skieurs en montagne ; transport de matériels de construction de lignes électriques, de ponts ; transport de patrouilles héliportées de policiers ou de patrouilles spécialisées (séismique, géologie, arpentage, cartographie) ; recherche et sauvetage ; opérations de secours maritimes ; évacuations aéro-médicales; actions promotionnelles ; publicité aérienne,...  retour dans le texte 

(k) - L'Union Française de l'Hélicoptère (UFH) a vu le jour en 2004, pour unifier les forces vives de la filière hélicoptère en France. Elle représente l’ensemble de la filière hélicoptère au travers de ses 5 membres (l’EBAA, le SNEH, le GFH, la FFG et le comité industriel de l’UEH). Elle est l’interlocuteur et le porte-parole de la communauté hélicoptère auprès de la DGAC, des élus locaux et nationaux, des ministères et, au niveau européen, de l'EASA. http://www.ufh.fr/index.php  
Groupement Français de l'Hélicoptère - 61 rue Henry Farman 75015 Paris
Tel 01 45 58 30 33 - Fax 01 45 58 30 53. Lettre d’information sur : http://www.gfh.asso.fr    retour dans le texte