AP5 décembre 2005                   
                   
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Bulletin de l’association des personnels de la «5 » Base aérienne 115 - 84871 ORANGE Cedex Téléphone : 04.90.11.57.49  - Fax : 04.90.11.57.50    
    New’s         N° 35  décembre  2005     

  EDITORIAL      
Libération de la France  





UNE MANGOUSTE dans les TURBULENCES 
et 
"LA NUIT LA PLUS LONGUE  
Le cadre  
Le récit 

Sortie  le samedi 14 janvier 2006    
Sortie de Printemps  I/4/2006  ??????
Joyeux Noël.... et une bonne année  du webmaster    
                                                                 
 

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         0-ap5 EDITORIAL            TOP  

Parlant au nom d’une société d’un escadron d’une base voire d’un gouvernement, un patron ne doit pas dire " je " mais " nous " car une des forces de l’unité vis à vis des tiers est d’être une communauté. 
Dans une unité un patron, quand il s’adresse à ceux qui travaillent avec lui, ne doit pas dire " Nous " mais " je "  car une des forces de la communauté vis-à-vis d’elle-même est d’avoir un chef. 
Nous pouvons juger ainsi des différences dans l’action de certains des patrons de nos unités voire de nos gouvernements.

En tous cas très bonne et très douce année 2006 même si les augures sont pessimistes et si la dissonance cognitive est pratiquée par de nombreux responsables.

0-ap5 Libération de la France   TOP 
--***-- 
Prélude : La libération de La Corse (Col. Boillot) 

Le texte qui suit relate le débarquement de la Chasse Française en Corse, vu par l'auteur, alors chef de patrouille au Groupe de Chasse 2/7. Ce récit a pour but, en remontant un peu dans le temps, de montrer comment les actions préliminaires des groupes de chasse français, notamment du Groupe 2/7, dans le cadre de l'action aérienne alliée, a trouvé sa finalité dans le débarquement réussi sur la côte de Provence le 15 Août 1944.

En ce mois de Septembre 1943, nous étions, avions, pilotes et mécaniciens du Groupe de Chasse 2/7, installés sur le terrain de Bone "Les Salines", séparés de la mer par une ligne de dunes basses. La piste, orientée sensiblement Nord-Sud, venait pratiquement jusqu'au bord de l'eau. Les tentes du cantonnement étaient installées à même le sable des dunes, à proximité immédiate des avions et ce n'était pas un moindre agrément pour le personnel que de vivre ainsi tout au bord de la Méditerranée. Il faisait d'ailleurs très beau et la mer était calme.

Dans la journée nous volions dans le cadre général des missions du "Costal Command" pour protéger de l'aube au crépuscule les ports et les nombreux convois de ravitaillement alliés longeant les côtes de l'Afrique du Nord. Nous faisions aussi des missions d' "Air Sea Rescue", pour rechercher les éventuels naufragés en mer.

Ces diverses missions, effectuées avec notre avion standard : Le "Spitfire MK V", nous amenaient la plupart du temps au large et c'était souvent très inconfortable d'être à la recherche d'un convoi de bateaux ou d'un canot pneumatique "Dinghy" difficile à trouver, en vol à basse altitude, accroché au bruit du moteur dont on savait que ce type là, le "Merlin45", avait parfois des déficiences graves et imprévisibles.

Nous faisions aussi des missions d'interception sur alerte avec l'un des derniers modèles de Spitfire : le MK IX particulièrement performant. Les allemands en effet s'intéressaient beaucoup au trafic maritime allié en Méditerranée occidentale. Leurs avions de reconnaissance venaient à très haute altitude photographier les convois en vue d'attaques, au demeurant peu nombreuses, à cette époque tout au moins, qu'ils effectuaient principalement de nuit. Pour empêcher ces reconnaissances, le Commandement Aérien Allié nous avait dotés, en plus de nos "Spit V" standards, de deux "Spit IX". Nous adorions tous voler sur ces machines puissantes et les fortes accélérations et les vitesses importantes pour l'époque,que nous pouvions atteindre, nous faisaient oublier les vols souvent au ras de l'eau en "Spit V", qui étaient notre lot quotidien. Toutefois ces missions d'interception étaient difficiles à mener efficacement contre des avions isolés volant vite, à très haute altitude. Nous ne devions pas enregistrer de succès au cours de leur exécution mais par contre, nous devions y perdre un pilote le Lieutenant Lancesseur, dans des conditions jamais déterminées avec précisions, entre la Base et les côtes de Sardaigne. Nous en étions donc là en cette mi-Septembre 1943.

Nous étions venus à Bône à la fin de Juillet, après trois mois d'activité aérienne intense.

Au cours de ces trois mois, nous avions participé à la fin de la campagne de Tunisie. Nous avions alors volé intensément sur ce pays que nous connaissions bien puisque notre Base avant le débarquement allié en AFN était le terrain de Bizerte. Nous avions traqué les avions, les véhicules, les soldats ennemis et aussi les bateaux qu'ils utilisaient pour évacuer cette contrée qui voyait se consommer pour eux une défaite particulièrement sévère. Si les combats aériens avaient été inexistants, par suite de l'absence quasi-totale d'avions ennemis dans le ciel de Tunisie et de la très forte supériorité aérienne alliée en découlant, nous avions eu d'excellents résultats en attaque au sol.

En quelques jours en effet, nos avions détruit: une douzaine de chasseurs Messerschmitt 109 G qui venaient d'atterrir sur leur dernier terrain d'opérations aux environs de Korba dans le Cap Bon et, dans le golfe de Tunis, plusieurs vedettes fortement armées d'artillerie anti-aérienne et un cargo chargé de troupes et de matériels se trouvant à proximité.

Ensuite, nous avions participé activement à la prise de l'île de "Pantelleria" au large des cotes de Tunisie à l'est et à la couverture du rassemblement et de l'acheminement des forces navales alliées qui allaient débarquer en Sicile le 10 Juillet.

Toutes ces missions nous avaient fait prendre bien en main notre nouveau chasseur. Aux commandes de cette magnifique machine qu'était le "Spitfire", alliant puissance de feu, qualités de vol et facilités de pilotage en découlant, nous nous sentions particulièrement à l'aise et efficaces.

Et puis, à l'issue de ces quelques semaines d'activité aérienne intense sous Commandement Opérationnel Anglais nous avions apprécié la maîtrise particulière de ceux qui organisaient le déroulement de nos missions. Les buts à atteindre étaient clairement définis. Le déroulement des actions à entreprendre était net et précisé à la minute près. Les risques étaient évalués avec justesse et acceptés en connaissance de cause, le minimum étant laissé au hasard. Tout ce dont nous pouvions avoir besoin pour l'exécution de la mission nous était fourni mais toutefois sans plus, dans une parfaite application des principes magistraux de l'économie des forces tels que nous les avions appris dans nos règlements mais rarement vus appliqués chez nous avec efficacité.

Nous étions donc là en ce 16 Septembre 1943 tard dans la nuit ou plutôt en ce 17 Septembre très tôt le matin, lorsque nous avons été réveillés et convoqués d'urgence à la Salle d'Opérations du Groupe où le Commandant nous attendait pour une communication importante. Elle l'était en effet : Au terme d'une décision de notre Commandant en Chef le Général Giraud, nous allions débarquer en Corse. Nous allions, nous les Français libérer seuls cette première partie du territoire national occupée par l'ennemi depuis trois ans.

L'instant d'émotion initial et légitime passé, le Commandant nous a exposé la conception et les modalités d'exécution de mission de notre Groupe II/7, agissant de concert avec le groupe voisin I/3, équipé lui aussi de "Spitfire".

Des forces terrestres Nationales, un petit nombre, embarqués sur des bateaux Français avaient déjà été mises en route pour libérer l'Ile. Celles qui étaient à bord du Contre Torpilleur "Fantasque" notamment allaient débarquer dans quelques heures, à l'aube, dans le port d'Ajaccio. Notre mission consistait à couvrir ce débarquement contre toute action aérienne ennemie et à atterrir ensuite sur le terrain voisin de "Campo Del Oro". Si à notre arrivée à Ajaccio le "Fantasque" n'était pas dans le port, nous devions atterrir de la même manière mais revenir à Bône le jour même.

Pour ce faire, nous allions décoller de nuit, pour nous trouver sur Ajaccio aux premières lueurs du jour. Nous allions avoir en outre à voler à très basse altitude sur la mer en faisant un crochet vers l'ouest jusqu'à un point tournant estimé, pour éviter la Sardaigne et la détection des radars pouvant s'y trouver.

C'était bien là le type de l'opération aérienne décidée et organisée à la hâte avec un certain nombre de points d'interrogation dont le moindre n'était pas celui contenant notre atterrissage sur un terrain, dont on ne savait pas avec précision s'il n'était pas encore aux mains de l'ennemi. Néanmoins malgré les incertitudes qui subsistaient relativement aux possibilités de réussite, notre joie de fouler de nouveau le sol national et notre enthousiasme général étaient tels que nous étions tous impatients de partir.

Dans l'obscurité de la fin de la nuit, aidés par nos mécaniciens qui eux restaient à Bône, nous nous sommes installés dans nos petits monoplaces et nous avons mis en route le moteur à la dizaine de secondes près. Comme les ordres du Commandant de Groupe le précisaient, nous avons décollé derrière lui, les uns derrière les autres, à vingt secondes d'intervalle, face au Nord, c'est-à-dire face à la mer. Pas de virage habituel de rassemblement du dispositif. Dès le décollage nous avons volé en ligne droite, dans le noir absolu, au dessus de cette mer invisible mais toute proche, à 50 mètres -150 pieds- d'altitude maximale autorisée. Les yeux allaient rapidement des instruments de pilotage à la petite lumière de queue de l'avion précédent qu'il ne fallait pas dépasser et le silence radio, conformément aux ordres donnés, était total. C'était assez inconfortable pour des pilotes qui n'avaient jamais volé de nuit sur "Spitfire" et dont certains comme moi-même n'avaient jamais piloté de nuit.

Nous avons été ainsi et ce fut très fatigant, pendant près de deux heures, en passant par l'intermède, éprouvant en pareilles circonstances du changement de réservoir accompagné de l'inévitable "cafouillage" moteur. Nous avons viré au point tournant estimé et le jour est venu.

Nous n'étions pas trop dispersés et le regroupement fut facile. Toutefois il manquait deux avions. Nous volions alors au cap vers la Corse toute proche et au temps prévu, quelques minutes plus tard, nous avons aperçu le relief de l'Ile, puis peu après les îles "Sanguinaires" annonçant la baie d'Ajaccio et le terme du voyage. Notre Commandant de Groupe, le Capitaine Hugo, comme à son habitude, comme il le faisait déjà trois ans plus tôt en 1940, avait manœuvré de main de maître. Grâce à sa science de la navigation et à sa précision de pilotage, il avait amené ses avions au but assigné dans les temps voulus, à la limite de leur rayon d'action.

Le "Fantasque" n'était pas au port. Le reste, l'atterrissage à "Campo Del Oro", ce terrain exigu de forme triangulaire dont la plus grande dimension n'excédait pas 800 mètres avait été relativement aisé. L'un de nous néanmoins, le Sergent-chef Planchard, avait mis son avion sur le nez, cassant l'hélice et endommageant le moteur. Avec les deux avions qui manquaient déjà cela faisait beaucoup relativement à l'effectif de départ du Groupe, alors que nous n'avions pas encore eu de combat.

Quelques temps après, une nouvelle vague de "Spitfire" était arrivée. C'était le Groupe I/3, parti juste après nous de Bône. Ils avaient volé plus longtemps que prévu et la plupart des avions avaient les réservoirs presque à sec. Les pilotes s'étaient précipités sur le terrain dans un certain désordre et certains d'entre eux s'étaient même posés moteur calé.

Après avoir fait le point avec les nouveaux arrivants, nous avions alors appris, qu'en raison de quelques incidents techniques, nos deux camarades manquants avaient été retardés et étaient en définitive partis avec le Groupe I/3 de Bône. Toutefois ils avaient disparu un peu avant l'atterrissage. Dans la journée, nous devions voir arriver au terrain, par ses propres moyens, l'un d'eux : le s/Lieutenant Amarger. En panne d'essence à l'issue d'une navigation trop longue, il avait posé son "Spitfire" sur l'eau, à proximité immédiate de la côte, sans se retourner, ce qui demandait une finesse de pilotage peu commune. Juste après que l'avion eut coulé rapidement, comme le "Spitfire" le faisait toujours, il avait réussi à se dégager de la cabine et à gagner la côte à la nage. C'était là une belle performance.

Plusieurs jours après, nous devions avoir des nouvelles du deuxième: l'adjudant Cazade. En panne s'essence lui aussi avant d'arriver au terrain, il avait tenté d'atterrir sur une plage qu'il avait atteinte de justesse. A la limite de sustentation, son avion avait alors accroché des rochers qui formaient obstacles et avait été sérieusement endommagé. Le pilote, très gravement blessé à la tête, avait été secouru tardivement par des bergers du pays. Il devait être évacué sur un hôpital d'Afrique du Nord et nous ne devions plus le revoir au Groupe.                  A suivre...                        

0-ap5  Chers amis,     TOP 

Je vous transmets avec l'autorisation de l'auteur un extrait de l'excellent livre de mon vieux camarade d'escadrille, le Capitaine Jacques DREVON : "UNE MANGOUSTE dans les TURBULENCES". C'est un recueil des souvenirs d'un P.E.R. (1), âgé de vingt ans. 
Nous étions alors pilotes de T6 à l'E.A.L.A.(2) 18/72 basée à Constantine en 1958; cette escadrille, parrainée par la 4ème Escadre de Chasse, avait pour indicatif et insigne : une mangouste (belette d'Afrique). 
Jacques DREVON nous raconte la nuit la plus longue du Lieutenant TINANT (anagramme). 
Après un "crash" dans le djebel, une jambe cassée, caché dans les rochers, il entend les "fells" qu'il a "straphé" à la nuit tombante le rechercher, la rage au cœur….. 
TINANT a sauvé son pistolet de compétition et il est tireur d'élite….mais son unique chargeur ne lui laisse que sept cartouches. 
Le Général VINCIGUERA, qui a été le patron des commandos de l'Armée de l'Air (3) m'a donné, en signe d'amitié, "Les mémoires de René FONCK", document rare aujourd'hui. 
Je n'ai jamais été un tireur de "RECORD" mais c'est en tant qu'"Officier de Tir" de notre 5ème Escadre de Chasse que je vous transmets, modestement ce "briefing de tir". 
Quand on parle de passion du tir, sous toutes ses formes, comment ne pas penser immédiatement à FONCK ? As des As français de 14/18, René FONCK a obtenu 75 victoires homologuées et 52 probables.

Le secret de sa réussite ? : Quand FONCK ne volait pas, devinez à quoi il passait son temps ?        IL TIRAIT ! 
Au fusil, au revolver, "au ball-trap", comme le lieutenant TINANT le fera en Algérie. 
Un biographe de FONCK le définit ainsi : 
"Réfléchi et sachant rapidement analyser, passé maître dans l'évaluation des corrections de tir (Hausse, Tireur, But). FONCK était étrangement économe de ses munitions. 
Il lui arriva fréquemment de n'utiliser que cinq ou six cartouches pour abattre un ennemi. "Des coups placés comme à la main" disait-il". 
Je pèse bien mes mots, FONCK ne visait pas l'avion mais le pilote. Son calcul était subtil : il suffit de quelques balles pour tuer le pilote mais il en faut une cinquantaine pour abattre l'avion….. 
"L'Art de la guerre est simple, mais tout d'exécution" Napoléon.

Le bilan de la méthode FONCK : 
- six doublés, une triple victoire en 45 secondes et à deux reprises six victoires dans la même journée. 
De plus, notre tireur d'élite était un "FIN" manœuvrier : son avion n'a jamais été touché par une balle ! 
Le 6 Août 1916, par une série de manœuvres audacieuses et habiles, il a contraint un avion ennemi fortement armé à atterrir indemne dans nos lignes. 
Nous voilà bien loin de la méthode dite "RAFALE de VOYOU", (Joseph DEI, dixit) qui était pratiquée dans les années 60 par certains "malades" de la société de consommation. 
C'était l'époque de la sortie du film "Les tontons flingueurs" et les officiers de tir stigmatisaient pourtant les "gâchettes bavardes".

Record à battre sur cible "SOULÉ":

- 200 coups de 30 m/m en une rafale ! Bonjour le pilotage du point dans cet orage d'acier et de turbulence ; à la restitution, des résultats humiliants !

Le 30 Septembre 1918, FONCK descend WISSEMAN, le vainqueur présumé de GUYNEMER. 
Victoire obtenue dix neuf jours après cette date de 11 Septembre qui va devenir, pour nous, doublement célèbre à NEW-YORK. 
René FONCK a vu sa renommée quelque peu étouffée par celle de Guynemer. Pourquoi ? 
- René FONCK, un besogneux de la chasse à l'homme, poussait la recherche de la perfection jusqu'à la maniaquerie. Pas de quoi, donc, enflammer les foules ! 
- Georges GUYNEMER est l'un des derniers héros romantiques, devenu "légendaire" par la grâce des "médias" de l'époque. Il eut l'élégance de mourir "en plein ciel de gloire" et de disparaître mystérieusement comme Antoine de Saint Exupery le fera vingt sept ans plus tard. 
Enquêter sur les détails, bassement matériels, des circonstances de leur disparition ne ferait, pour l'un comme pour l'autre, que rendre vulgaire la "dernière Scène, du dernier Acte" de la tragédie. 
En 1926, un an avant LINGBERG, René FONCK tente la traversée de l'Atlantique. Accident au décollage, ses deux compagnons tués, FONCK s'en sort indemne. 
Le Colonel Paul-René FONCK a poussé la discrétion jusqu'à mourir, en 1953, âgé de 69 ans, dans son lit, entouré de l'affection des siens.

Michel GIRAUD

(1) P.E.R. : Pilote Elémentaire de Réserve après 130 heures de vol. Les P.E.R. méritent notre respect, ils ont chèrement payé ce droit.  retour dans le texte 
(2) E.A.L.A: Escadrille d'Aviation Légère d'Appuis dotée successivement de MS 733, Morane 475, T6 AFN, FENNECH T28. retour dans le texte 
(3) Commandos de l'Armée de l'Air : Entre autres choses, ils ont pour mission la "récupération" des équipages tombés en territoire hostile.  retour dans le texte                                                        TOP

0-ap5       "LA NUIT LA PLUS LONGUE"     TOP

La salle de repos est aussi l'un des lieux où l'on cause.

La dernière histoire qui se répand dans les escadrilles est celle d'un pilote abattu par la D.C.A., dans l'Oranais, lors d'une reconnaissance armée. Son moteur endommagé refusant de coopérer, le lieutenant TINANT se voit contraint de se crasher. Malheureusement, le terrain très tourmenté et boisé n'est pas du tout propice à un atterrissage en campagne. Le crash est brutal. L'avion perd ses deux ailes à l'impact. Le fuselage glisse sur cent mètres et sa course est rudement stoppée par un tronc d'arbre.

TINANT s'en tire miraculeusement, avec une jambe cassée et des contusions multiples. Il parvient à s'extraire du baquet et à se traîner jusqu'à une encoignure de rocher. Son équipier a dû donner l'alerte mais la nuit tombe et il ne faut pas attendre de secours avant le lendemain. Les fells qui ont tiré sur lui l'ont certainement vu tomber et ne vont pas tarder à rappliquer….

TINANT s'enfonce le plus possible dans son encoignure. Le rocher le protège sur trois côtés. En face de lui, les arbres et les buissons d'épineux le masqueront peut-être ?

Sa jambe le lance terriblement. Il sort de sa trousse de secours la seringue de morphine prévue pour ce genre de situation et s'injecte le contenu dans la cuisse. La douleur reste ….

TINANT évalue sa situation avec réalisme : ses chances de survie sont faibles…. Si les fells le trouvent, il mourra torturé, les testicules cousus dans la bouche. C'est le lot des aviateurs qui tombent entre leurs mains et cette idée lui est insupportable. Il accepte de mourir, mais pas comme cela.

En sortant de l'avion, il a bien essayé d'emporter la carabine U.S. mais elle était coincée sur son support par les tôles déformées. Il ne dispose pour se défendre que de son pistolet. Il est vrai qu'entre ses mains, un pistolet est une arme redoutable : TINANT est champion militaire de tir au pistolet.

D'ailleurs, il n'emporte jamais le M.A.C. 50 réglementaire mais son Lüger personnel, canon long, détente douce réglée compétition.

Il le sort de son étui et le pose sur sa cuisse valide. Seulement son chargeur ne contient que sept cartouches… Comme il regrette de ne pas en avoir emporté plusieurs ! Sa décision est prise : si l'ennemi le trouve, il vendra chèrement sa peau mais gardera la dernière cartouche pour lui …..

La nuit est complètement tombée lorsque des branches cassées et des voix le sortent de la demi-torpeur qui l'envahissait. Les fells sont là. Ils ont trouvé l'avion et cherchent maintenant le pilote….

Ils ratissent méthodiquement les buissons autour de la carlingue tordue. Une exclamation de l'un des rebelles, en forme d'appel, éloigne l'ensemble de la troupe vers le début de la trajectoire de crash : l'un d'eux a dû trouver les ailes arrachées à l'impact ! Mais les voilà qui reviennent. Ils reprennent une battue systématique. Ont-ils trouvé des traces de sang ou quelque autre indice indiquant que le pilote est blessé et ne peut s'être enfui bien loin ?

TINANT retient sa respiration : un petit groupe passe à quelques mètres de lui sans le voir, puis s'éloigne… Après une demi-heure de vaines recherches, les fells se regroupent près de la carcasse métallique mais il semble à TINANT, bien qu'il ne comprenne pas l'arabe, que l'un d'eux les admoneste et les menace de quelque chose car la chasse reprend…..

Les craquements de branches se rapprochent, du côté ouvert. TINANT, la main crispée sur la crosse de son arme, tous les sens aux aguets, écarquille les yeux pour percer l'obscurité : le premier qui verra aura raison de l'autre …. Il sent un peu de sueur couler de la paume de sa main. Il sait qu'il est trop crispé, c'est mauvais pour la précision. Posant un instant l'arme sur sa cuisse, il s'essuie la main doucement sur le foulard qu'il porte autour du cou puis reprend l'affût, en s'efforçant à la décontraction.

L'ombre se précise. L'homme est seul. Il tient une arme automatique et avance avec précaution, en écartant les branches des buissons. Attendre. Il faut attendre. Plus il sera proche, plus les chances de l'avoir seront grandes. Il est à quarante mètres, peut-être moins. La nuit, les distances sont trompeuses. Il faut attendre qu'il voie. Il est à trente mètres. Il n'y a plus que deux buissons entre le chasseur et le gibier. Vingt mètres. L'homme devine la forme adossée au rocher et lève son arme….

Pan ! TINANT a tiré. Une seule fois. Comme à l'exercice. Il sait qu'il a touché pleine tête.

Il n'est pas nécessaire d'être polyglotte pour comprendre la signification des exclamations qui fusent de toutes parts en arabe. Les fells ont compris où est le pilote. Deux d'entre eux approchent rapidement par la seule voie possible en faisant craquer les branches.

Au moment où ils découvrent le cadavre de leur camarade, TINANT qui les aligne depuis un moment, ouvre le feu à deux reprises : les deux corps que la vie vient de quitter s'écroulent à côté du premier.

Il reste quatre cartouches dans le chargeur….

Un étrange silence s'installe. Chacun est figé à sa place, cherchant à percer l'obscurité. Les fells savent où est le pilote mais pour l'abattre, il leur faudrait se découvrir…. Après un long moment, TINANT entend ses agresseurs se retirer prudemment hors de portée. Ils se regroupent et discutent à voix basse. Puis, plus rien. Le silence reprend possession de la forêt.

Malgré la douleur causée par sa fracture, TINANT sent le sommeil le gagner. Il lutte de toutes ses forces pour rester éveillé. S'ils ne sont pas partis, une minute d'inattention peut lui être fatale. Certaines minutes dans la vie sont infiniment plus chères que d'autres…. Celles-là durent une éternité mais l'effort du guetteur trouve sa récompense : une brindille vient de craquer, puis une autre. On essaye de s'approcher !

L'adrénaline faisant son effet, TINANT se sent tout à coup en pleine forme, tous les sens aiguisés.

Il détecte l'approche de deux hommes, de part et d'autre de la petite trouée qui lui fait face. Ils rampent très lentement mais ne peuvent éviter de froisser quelques feuilles. TINANT retient son souffle. Il ne pense plus du tout à sa jambe. Toute son attention est concentrée sur la détection auditive des assaillants. Il leur faudra bien se montrer un jour ou l'autre ! Attendre. Attendre de les voir. Etre plus patient qu'eux. Et plus rapide, au dernier moment.

Est-ce une hallucination due à la trop grande tension du moment ? TINANT a l'impression que les cadavres bougent. C'est impossible ! Il est sûr de les avoir tués. Alors ce sont les autres, pardi ! Collés au sol, ils rampent derrière les corps de leurs camarades. Ils vont se soulever pour tirer, d'un instant à l'autre. Rester calme. L'erreur est interdite. Préparer la visée en prenant appui sur son genoux valide.

Ils se lèvent ensemble en pointant leur mitraillette dans la direction de l'encoignure rocheuse…

Pan ! Pan ! Les deux hommes s'écroulent sans avoir eu le temps de discerner leur cible. L'un d'eux, la main crispée sur la détente de son arme, lâche pendant sa chute une longue rafale qui arrose la cime des arbres. Près du fuselage de l'avion, des appels en arabe s'élèvent. La voix se fait de plus en plus inquiète. Le chef appelle ses hommes et ils ne répondent plus….

TINANT a compté les coups : il lui reste deux cartouches.

Là-bas, la colère s'empare du groupe. Le ton monte. On dirait qu'une altercation oppose un homme aux autres. Puis les voix se taisent et le groupe semble s'éloigner.

Dans le silence revenu, TINANT récupère. Malgré la fraîcheur de la nuit, il est en sueur. Il essaye de bouger un peu pour chasser l'ankylose qui le gagne mais sa jambe le rappelle sévèrement à l'ordre. Il décide de rester éveillé à tout prix. Quoi qu'il arrive, il ne veut pas être pris vivant …..

Une heure plus tard, peut-être plus, un bruit de déplacement se fait de nouveau entendre. Est-ce une bête ? Est-ce un homme ? Cette fois le son semble provenir du haut ; et il se rapproche. TINANT lève la tête : au-dessus de lui, quelques arbres rabougris s'accrochent sur la falaise très abrupte. Une attaque de ce côté semble improbable. Quoique ….

Soudain, le doute n'est plus possible : des petits cailloux tombent de la falaise. Quelqu'un tente de descendre par là ! Les chutes de pierres et de débris divers se font plus importants. TINANT, le pistolet levé vers le ciel, ne voit toujours pas l'alpiniste.

Brusquement, un bruit de chute très proche se fait entendre, accompagné d'une avalanche de débris qui obligent TINANT à baisser la tête et fermer les yeux pour se protéger. Lorsqu'il retrouve la vue, il aperçoit tout près de lui un homme qui se relève difficilement et cherche à tâtons quelque chose autour de lui. TINANT ne lui laisse pas le temps d'attraper le fusil qui gît deux mètres plus loin. Le coup de feu projette l'homme contre un buisson qui le maintient presque debout. Il semble regarder celui qui devait être sa cible….

Il ne reste plus qu'une cartouche…

Les heures s'étirent, interminables. TINANT regarde l'homme qui le fixe de ses yeux vides grands ouverts. Il écoute attentivement tous les bruits familiers de la nature. Il peut identifier des petits rongeurs, une chouette. D'autres bruits restent mystérieux mais aucun ne ressemble à des pas d'hommes. Au petit matin, alors que la lumière commence à préciser les formes, TINANT s'assoupit un instant, ou plus : il a perdu la notion du temps. Des voix le réveillent en sursaut. Le cauchemar recommence donc ! Il ramasse son pistolet qui a glissé sur le sol et se prépare au pire.

Les hommes ne cherchent pas à étouffer leurs pas ni à se cacher. Ils parlent avec un fort accent arabe :

- Mon lieutenant ! Mon lieutenant ! Réponds-nous ! On est des harkis ! On vient te chercher ! Lieutenant TINANT, réponds-nous !

TINANT voudrait crier "Par ici les amis !" mais aucun son ne sort de sa gorge. Alors il lève son pistolet vers le ciel et tire sa dernière cartouche, pour attirer l'attention des sauveteurs. Ils sont bientôt tous autour de lui, comptant les cadavres. Ils n'en croient pas leurs yeux : six tués et leurs armes, avec un simple pistolet et une jambe cassée !

Quel bilan !

TINANT, quant à lui, n'est plus là : il s'est évanoui. Tant de fatigue, de souffrances, d'émotions, ont eu raison du pilote champion de tir. Il ne se réveillera que dans l'hélicoptère qui l'évacue vers l'hôpital d'Oran. La petite histoire dit que ses premières paroles furent :

- Avez-vous récupéré mon pistolet ? Mais il est permis d'en douter …. 

Extrait de : "UNE MANGOUSTE dans les TURBULENCES"  
Capitaine Jacques DREVON

   0-ap5   Amie, ami,  TOP

Notre première sortie de l’année nous conduira au château de la Marquise de Sévigné à Grignan puis à la visite de la Cave " La Suzienne "                    le samedi 14 janvier 2006 . 
Déroulement de la journée : 
- 10 h 30 : Rendez-vous place du Mail à Grignan (voir plan ci-après) 
- 12 h 30 : Repas à la Taverne " Le Grenier à sel " Place du jeu de ballon à Grignan 
- 15h 00 : Visite de la Cave de Suze la Rousse 
Le prix de cette journée est fixé à 25 euros par personne tout compris (repas + visite du Château + visite de la cave) 
Les chèques de réservation sont à adresser pour le 6 janvier dernier délai à : M. SOUFFLET Michel, Route de Travaillan,  84850 CAMARET S/AYGUES     Le Général d'armée aérienne Jean-Claude LARTIGAU Président de l’AP5  Signé : L.C. Lartigau,

MAJ DIEU : 04.90.11.57.49 – Fax – 04.90.11.57.50 – E.mail : j.dieu@wanadoo.fr

NOMS et prénoms :

 

Merci de mentionner d'éventuelles modifications de vos coordonnées :

 

Tél : E. mail :

 

 

 

 

 

 

 


 

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0-ap5    Sortie de Printemps  TOP

A la demande de plusieurs adhérents et afin de varier nos activités, nous vous proposons une sortie à la journée pour visiter

- la Cité Templière de la COUVERTOIRADE (C’est au cœur du Larzac, dans un site protégé, que la présence des templiers, durant des siècles a crée la Couvertoirade. Vous pourrez découvrir cette fondation templière et commanderie hospitalière du XII° et XV° siècles située au milieu d’espaces infinis). Note du webmaster: chez les Cathares. 

- et le Viaduc de MILLAU. (Arrêt au viaduc, espace accueil avec video)  

Cette sortie pourrait être organisée le 1/4/2006

A partir de 45 personnes, nous pourrons obtenir auprès d’une compagnie de transport, un prix forfaitaire de 40 euros par personnes tout compris (passage du pont, repas dans une ferme auberge).

C’est pourquoi, nous vous demandons de nous faire parvenir avant

le 06 janvier 2006,

le bon ci-dessous, avec un chèque de réservation de 15 euros par personne. Ce bon permettra le tirage au sort pour un saut à l’élastique en tandem depuis le pont.  M. SOUFFLET Michel, Route de Travaillan, 84850 CAMARET S/AYGUES  
                            
Le Général d'armée aérienne Jean-Claude LARTIGAU Président de l’AP5  Signé : L.C. Lartigau
,

Noms & Prénoms :

 

 

Merci de mentionner d'éventuelles modifications de vos coordonnées :

 

 

Tél : E. mail :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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