Mais le vieux mécano Roblét, c'était bien Roblet (biographie de Jules Roblet) son nom réel et ce n'est pas Rivière-Daurat qui l'a licencié, mais bel et bien Saint-Exupéry.

J'ai bien connu Roblet, c'était un vieux mécanicien français embauché par Mermoz à Buenos Aires, il devait bien avoir la soixantaine. Il avait été basé comme chef mécanicien à San Antonio Oeste. Un jour, avec Saint-Exupéry, nous y sommes allés voir un Laté 25 qui avait capoté. Pour inspecter l'avion et me rendre compte des dégâts, je m'étais glissé sur le dos afin de pénétrer au poste de pilotage. J'ai été piqué par un scorpion noir; Saint-Exupéry n'a fait ni une ni deux, il m'a dénudé le torse, pris son canif, m'a incisé la piqûre dans l'omoplate gauche et, à plusieurs reprises, a aspiré la plaie. Ensuite il m'a vite mené chez un médecin qui m'a fait une ventouse scarifiée et brûlé la piqûre au thermocautère.

J'ai été trois jours indisponible. Quand je suis revenu au terrain... plus de Roblet. Saint-Ex m'a dit qu'il l'avait renvoyé à Buenos Aires pour insuffisance dans son service, où ensuite il a été licencié. Je ne doute pas que si Saint-Ex a renvoyé Roblet c'est qu'il avait ses raisons. En tout cas je peux dire que si Roblet était compétent dans son travail, vu son âge et un physique plutôt débile, il n'était pas apte à tenir son poste efficacement. A l'époque, pour faire notre travail et être disponible à tous les instants, il fallait être jeune, robuste et en bonne santé.  

    Source Paul Descendit